Bonsoir, c'est Pointue !

❌ Ça déforme. Les lecteurs assidus de Pointue ! n’auront pas été surpris en découvrant le sondage de l’Ifop en partenariat avec La Provence et BFM Marseille sur la situation politique locale à un an des élections. On vous l’annonçait ici il y a quinze jours, ce qui expliquait l’agitation chez nos élus. Mais on a été étonnés par une question sur la réforme de la loi PLM, qui régit le mode de scrutin. Selon les sondeurs, "les conseillers municipaux à Marseille ne sont pas élus directement par les citoyens, mais par les conseillers d’arrondissements". Ce qui est factuellement faux, les conseillers municipaux et d'arrondissements étant élus directement par secteurs. On sait que c’est complexe, mais, heureusement pour l’Ifop, Marsactu a fait un tuto "Comment élit-on le maire de Marseille ?" — valable tant que la proposition de loi de réforme de la loi PLM n'est pas adoptée par le Parlement, ce qui s'annonce plus compliqué que prévu.

🎓 Ça se forme. En novembre dernier, nous révélions que l’adjoint aux espaces verts de la mairie des 4e et 5e arrondissements, Manu Ferrier, était sur le point de perdre sa délégation. En cause : une accusation d’agression sexuelle envers une autre élue du secteur. La plaignante avait effectué un signalement, entraînant l’ouverture d’une procédure interne au parti des Écologistes. Mais pas au sein de la mairie de secteur. Qui a finalement décidé, après coup, de s’emparer du problème. Et de mandater un cabinet de conseil, qui a effectué des entretiens avec les élus avant de formuler des recommandations. Parmi elles : assurer une meilleure communication. Notamment pour permettre que la plaignante, dans le futur, soit informée des suites données à son signalement... Autre idée : former les élus sur les violences sexistes et discriminatoires. Il faut dire que cela ne fait jamais de mal. 

🌳 Ça plante. La transition industrielle donne parfois lieu à une véritable créativité journalistique. En titre d'un papier sur un pipeline qui doit permettre d'acheminer du CO2 des industries de Lyon vers Fos et la mer, La Provence évoque "un vaste projet pour décarboner le CO2 de l'Isère à Fos-sur-Mer". Décarboner le CO2, vraiment ? Sans avoir une maîtrise de chimie, le procédé est connu et s'appelle la photosynthèse. C'est ce que font toutes les plantes vertes du monde en transformant le CO2 en oxygène, grâce à la chlorophylle. Et non, les industriels de la vallée du Rhône ne comptent pas planter des arbres pour décarboner leur activité. Prudemment, la version web dudit papier titre sur le gros tuyau sans préciser où se situe la décarbonation.

Des gars collatéraux. Après l'annonce du renvoi, en mai prochain, de l'audience pour violences volontaires en réunion de l'adjoint au sport Sébastien Jibrayel, on n'aurait pas pensé que l'agression de deux militants LFI en janvier dernier referait de sitôt la une de Marsactu. C'était sans compter sur notre co-rédac'chef Benoît Gilles, qui révèle cette semaine "une histoire dans l'histoire en train de s'écrire". Lors de la première comparution, le seul des quatre prévenus à avoir reconnu les faits, Mohammed A., venait d'être embauché par la Ville comme gardien de stade. Qui plus est dans le 15/16, le secteur où Sébastien Jibrayel a été élu et où son père, également poursuivi, a fait toute sa carrière de conseiller départemental et de député. Sans compter que la gestion des stades relève directement des prérogatives d’un adjoint au sport. Autant de liens d'intérêt possibles entre les élus municipaux et ce militant associatif susceptibles de gêner la Ville, qui s'est empressée d'envoyer un courrier à l'intéressé pour "un entretien préalable au licenciement".

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La Penne perdue. C'est un drôle de cadeau que s'est offert Nicolas Bazzucchi pour son trentième anniversaire : son retour au conseil municipal de La-Penne-sur-Huveaune après trois mois d'absence. Entretemps, le maire de la commune aura passé deux mois en détention provisoire après sa mise en examen fin décembre pour viols, violences aggravées et enregistrement d’images à caractère sexuel sans consentement. Fort du soutien d'une cinquantaine de personnes dans le public et accompagné pour l'occasion de son avocat, l'édile a clôturé la séance au son d'un "joyeux anniversaire" chanté en chœur par l'assistance. Et ce, malgré l'absence de douze conseillers municipaux, dont sa première adjointe, qui lui avaient demandé, via un courrier partagé plus tôt le même jour, de démissionner. Une requête que le maire a balayée d'un revers de main, annonçant son intention de ne "rien lâcher", et même de se représenter en cas d’élections municipales anticipées. Comme si de rien n'était.

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Lutte des chasses. Quinze ans de scandales et deux mises sous tutelle n'y auront pas suffi : la fédération départementale des chasseurs des Bouches-du-Rhône a de nouveau rendez-vous avec la justice. Et cette fois, c'est l'État, par l'entremise du ministère de la Transition écologique, qui renvoie la FDC 13 au tribunal. En cause : des allégations tenues dans la Brève du chasseur du 13 et sur le groupe Facebook de la fédération, accusant des louvetiers de massacrer des sangliers, au mépris du code de l'environnement. Allant même jusqu'à demander, après un défilé de photos de cadavres gonflés : "Mais qui sont les véritables pourritures ???" Derrière cette charge, un conflit qui s'enlise entre la préfecture et la FDC 13, qui a perdu les subventions de l'État. Et de nombreuses tensions en interne autour de l'indéboulonnable Joseph Condé, dont l'emprise sur la fédération ne se dément pas. Au grand dam de ses salariés.

Saadérapé. Connaissez-vous "l'effet Streisand", ce phénomène médiatique consistant à attirer l'attention sur ce que l'on veut cacher ? Ce n'est manifestement pas le cas du rédacteur en chef de La Provence. L'info censurée par le quotidien ce lundi paraissait pourtant anodine : la présence d'un caramentran à l'effigie de la tour CMA CGM et de son big boss, Rodolphe Saadé, lors de la 25e édition du carnaval de la Plaine. Soucieux de ne pas froisser celui qui est aussi le propriétaire du titre, le directeur de la rédaction, Olivier Biscaye, a intimé l'ordre au journaliste couvrant la manifestation de cacher ce char que son patron ne saurait voir. Résultat : un article non signé et un interventionnisme qui passe mal auprès des salariés du journal, d'autant plus inquiets que l'an dernier, le prédécesseur d'Olivier Biscaye était passé à la trappe pour une Une qui avait déplu au milliardaire.

Histoire de Nô. C'est un trésor culturel que peu de gens connaissent. Niché au cœur du parc Saint-Mitre à Aix-en-Provence, le théâtre Nô est soumis à des règles d’usage particulières, et ne se donne que rarement à voir. Ainsi, depuis 2016, moins d’une dizaine de spectacles y ont été joués. Quant à son origine, on ne sait pas comment ni pourquoi cet édifice unique en Europe — seule scène fabriquée en bois de cyprès du Japon à être située en dehors de l’archipel — a atterri là. Offert en 1992 par un maître nippon à la Ville, qui le gère (difficilement) depuis deux décennies, le théâtre Nô d’Aix-en-Provence est suspendu entre deux mondes, les traditions japonaises et les réalités locales. Pour Marsactu, Léna Rosada revient sur la riche histoire de ce lieu singulier et symbolique de l’amitié franco-japonaise.

L'envie des mets. Et si "la paix dans le monde" passait par la table ? C'est ce que se sont mis en tête Thomas Pendzel et Mehdi Ahoudig, via la création d'une viande unificatrice : le Kashalal. Dans la comédie documentaire éponyme en trois épisodes issue du podcast À suivre d'Arte Radio, les deux réalisateurs, issus de familles respectivement juive et musulmane sans être pratiquants, décortiquent les univers du kasher et du halal. Leurs pérégrinations culino-religieuses les amènent notamment à Marseille : à la synagogue de Sainte-Marthe, où le dialogue interreligieux est de mise ; à la cité de la Bricarde, où Mounira, "musulmane, mais surtout marseillaise", cuisine des briks à l'agneau ; et à Noailles, où la cliente d'une boucherie halal, qui ne s'interdit pas de consommer de la viande kasher, résume si bien les choses : "Nous et eux, c'est pareil". Inch shalom !

Pointue, saison 3, épisode 25, c'est fini pour aujourd'hui ! Avant de vous donner rendez-vous jeudi prochain pour une nouvelle fournée d'infos locales de qualité, une piqûre de rappel : Marsactu célèbre ses dix ans d'indépendance le 5 avril à la Friche, et il est encore temps de vous inscrire pour fêter ça avec nous !

En attendant, pour toute question, info ou cours de rattrapage de chimie, écrivez à pointue@marsactu.fr.