Pfister ne veut pas se faire débarquer de l'aéroport

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le 22 Juil 2014
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Pfister ne veut pas se faire débarquer de l'aéroport
Pfister ne veut pas se faire débarquer de l'aéroport

Pfister ne veut pas se faire débarquer de l'aéroport

La chambre de commerce et les représentants des collectivités locales ont claqué la porte du premier conseil de surveillance de la toute nouvelle société aéroportuaire Marseille Provence qui devait avoir lieu ce mardi matin, sur site. La séance avait notamment pour ordre du jour d'élire le président de ce conseil qui chapeaute une entreprise désormais détenue à 60% par l'État, le reste des parts étant réparti entre la CCI Marseille Provence (25%), la région (5%), le conseil général (5%), la communauté urbaine (4%) et la Ville de Vitrolles (1%). Concessionnaire de l'aéroport jusqu'au 10 juin dernier, la chambre de commerce espérait obtenir ce poste pour lequel le président Pfister avait fait acte de candidature par voie de presse. Or, l'État a décidé d'appuyer la candidature d'un de ses représentants, Jean-Paul Ourliac, un X-Pont membre du conseil général de l'écologie et du développement durable à la présidence de ce conseil.

Depuis l'annonce de sa candidature, Jacques Pfister a eu plusieurs entretiens avec les représentants du secrétariat d'État aux transports. Mais, de sources concordantes, il n'a pas obtenu de certitude quant au soutien de l'État sur son nom. Lundi soir, les services de la chambre ont tenté de joindre le cabinet du secrétaire d'État aux transports, Frédéric Cuvillier, pour obtenir un peu d'assurances. En vain. Quant aux noms des représentants de l'État, leur liste a été publiée par décret durant la nuit. Dans les couloirs du ministère, on justifie ce retard par un pataquès administrativo-juridique concernant un des noms proposés plutôt qu'une volonté de maintenir le suspense jusqu'au bout. "Le décret était prêt depuis une semaine", y entend-on.

Mais la goutte faisant déborder le vase de la patience de Pfister, ce dernier y voit un casus belli. En lieu et place d'introduire la réunion, il lit un texte cinglant avant de quitter l'aéroport en même temps que l'ensemble des représentants des collectivités locales. "La position de L'État nous a été confirmée dix minutes avant la réunion par ses représentants, s'insurge Jean-Marc Coppola (Front de gauche) qui représente la région au sein de la nouvelle entité. Que la chambre soit prévenue la veille, c'est déjà fort incorrect mais, nous, représentants des collectivités locales avons été mis devant le fait accompli. Ce ne sont pas des méthodes."

Mépris, mépris, mépris

Ce texte est repris dans la foulée par voie de communiqué avec un ton cinglant plutôt inhabituel dans la communication consulaire : "L'absence d'information et de visibilité sur la gouvernance (composition du conseil de surveillance et du directoire) et le manque de perspectives sur les grandes orientations stratégiques de la société aéroportuaire Marseille Provence traduisent ici, de la part de l'actionnaire majoritaire, le mépris de sa gestion, le mépris de son engagement pour l'émergence réussie d'une métropole, et aussi le mépris des acteurs de ce territoire." Dans son communiqué, Jacques Pfister rappelle au passage que la nouvelle société sera doté de "60 millions de trésorerie"

Du côté de la ville de Marseille, où Dominique Vlasto siège en tant que censeur, le ton du communiqué est tout aussi énervé : "Comme ce fut le cas lors de l'élection du dernier Président d'Euroméditerranée, l'Etat a méprisé une nouvelle fois les Marseillais. Il n'a même pas pour excuse sa capacité à développer des emplois pour Marseille et à vivifier notre économie. C'est au contraire un lamentable échec, comme on l'a encore vu récemment dans le dossier de la SNCM". Avant de conclure dans un curieux tête-à-queue historique :

 Marseille n'est pas une réserve d'indiens où le pouvoir socialiste pourrait nommer ses pro-consuls !

Du côté de Paris, on se borne à noter que l'État est désormais majoritaire au sein de la nouvelle entité et qu'il est donc logique qu'un de ses représentants en prenne la président comme c'était le cas quand la CCIMP en assurait la gestion. "D'ailleurs, la direction exécutive reste la même puisque c'est Pierre Régis qui en assurera la direction comme c'est le cas aujourd'hui", indique une source proche du dossier, à Paris. Il n'y aurait donc là qu'une affaire de personne ?  

En tout cas, l'incident traduit un durcissement des relations entre la chambre et l'État alors qu'ils ont longtemps cheminé de concert pour permettre l'avènement de la future métropole que les patrons n'ont eu de cesse d'appeler de leurs voeux. La réforme des chambres de commerce et la disparition annoncée de certaines d'entre elles ont achevé de glacer les échanges. Il n'y a guère que sur le sujet métropolitain qu'ils continuent de cheminer bras dessus-dessous pour le moment.

Ouverture du capital

Au-delà des questions de personnes, c'est sur le manque de visibilité sur la stratégie à long terme de l'État que se cristallisent les inquiétudes. "Nous sommes en charge du développement économique et de l'aménagement du territoire. Pour nous, l'aéroport est un outil stratégique, reprend Jean-Marc Coppola. Le président Vauzelle souhaitait d'ailleurs augmenter notre participation à 7% des parts. Il est impensable que l'État ne daigne pas nous informer de ses intentions avant le premier conseil de surveillance. A moins que leur stratégie soit de monter au capital pour le vendre au plus offrant comme ils vont le faire à Toulouse."

Un objectif qui est loin d'être écarté du côté de l'État qui ne cache pas que l'ouverture du capital fait partie des scénarios possibles. "Mais cela a été possible à Toulouse justement parce qu'il y avait un accord de tous les acteurs locaux", poursuit la même source. C'est aussi à cela qu'est censé servir le conseil de surveillance : permettre le consensus entre l'État "parisien" que dénonce la CCI-MP et l'ensemble des acteurs locaux. A Marseille, ce beau consensus débute mal.

Quant à l'élection du président de ce conseil de surveillance, il devra avoir lieu à un autre moment. En effet, l'État a beau être majoritaire, le quorum nécessaire à l'élection des présidents rend nécessaire la présence physique des membres. Or, ce mardi, quatre représentants de l'État sur huit étaient absents. Les pouvoirs que les présents avaient en main ne suffisaient pas pour assurer l'élection de Jean-Paul Ourliac. Ce nouveau délai devra permettre à tout ce monde de se parler avant de se réunir. Ou de se réunir pour se parler.

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Commentaires

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  1. amateur éclairé amateur éclairé

    Et bien voilà une leçon de choses pour ceux qui voulaient faire de Jacques PFISTER le futur président d’Euroméditerranée.
    Il n’y a pas un poste qui passe à sa portée pour lequel il n’est pas candidat.
    Après la Chambre de Commerce, le Conseil de surveillance du Grand Port, Marseille 2013, l’Aéroport et Euroméditerranée.
    Il sera un candidat idéal pour les municipales de 2020.

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  2. Anonyme Anonyme

    Qu il arrête ,il a fait son temps,il ne rêve que de titres ,de médailles,de postes balourds pour soit disant exister.
    On en a marre de ces personnages qui polluent la république et qui nécrosent le système démocratique.
    Comme disait le printemps Arabe il faut partir.

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  3. Anonyme Anonyme

    Qu il s en aille et bon vent il n a pas laisse un grand souvenir chez orangina c est le prototype du type qui a besoin de vivre sur le dos des collectivités qu il aille retravailler dans le prive Ca lui fera le plus grand bien

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  4. chris chris

    Depuis que MP avait été repris en main par la CCI, il figurait parmi les aéroports européens plus dynamiques, dommage que ça se poursuive pas. L’Etat aux manettes, je sais pas si c’est une si une bonne chose, on voit ce que ça donne pour le Port de Marseille.

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  5. Anonyme Anonyme

    encore ce sentiment que l’état ps, qui ne fait rien pour marseille, veut mettre la ville au pas pour lui faire payer ses échecs électoraux!!! la ccimp est de loin la mieux placée pour diriger MP. quant aux représentants du CR et du CG, ils changeront l’année prochaine avec les chutes de vauzelle et guerini, donc…… l’état se presse pour y faire pantoufler un de ses sbires. bravo & merci

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  6. méditerrannée méditerrannée

    quelle prétention !

    a force de fréquenter les politiques locaux, il devient cumulard comme eux

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  7. méditerrannée méditerrannée

    PFister sait bien de son passé enfoui d’homme d’entreprise qu’il y a descabinet de chasseurs de tête qui peuvent proposer des candidats sur la base de leurs compétences.

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  8. Anonyme Anonyme

    Tous ces élus démocratiquement élus ne supportent pas la démocratie, ils préfèrent magouiller l’élection en coulisses, monnayer leurs voix en échange de quoi ? Pourquoi Coppola l’anticapitaliste se mouille autant pour les patrons de la CCIMP et de l’Union Patronale ?

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  9. Anonyme Anonyme

    A quand une loi sur le cumul de tous ces gens qui multiplient les fonctions et titres: Président de la CCi, Président de l’aéroport, Président de MP13; ceux qui sont à la fois élus et avocats… y en a marre des mélanges des genres

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  10. jml13 jml13

    Je ne sais pas ce que certains ont contre Pfister. Il n’est plus président de MP2013, puisque cette structure est dissoute. Il ne sera pas éternellement Pdt de la CCI. Sous son “règne”, l’aéroport a connu une forte croissance et est une des structures qui fonctionnent le mieux à Marseille et y créent de l’emploi. MP2013, malgré les railleries et les coups de freins, a été un grand succès qui se perpétue avec le MuCEM et le tourisme. Sans doute certains préfèrent-ils que l’aéroport soit moins bien géré, car l’État en général n’a pas fait montre de ses capacités en la matière, dans aucun secteur. Donc, vos remarques n’ont aucune base économique, mais sont uniquement “politiques”. C’est bien faiblard comme argumentation. Je ne dis pas qu’il faut absolument que ce soit lui le Pdt de l’aéroport, mais 1/ il ne mérite aucune de vos petites attaques 2/ qu’avez-vous fait de plus que lui pour le développement de notre ville et de notre dépt ? 2/ Pensez-vous que la façon dont l’État se moque ouvertement des marseillais augure d’une gestion neutre de l’aéroport ? Vraiment, ce forum est parfois digne de celui de la Provence.

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  11. Citoyen de l'Estaque Citoyen de l'Estaque

    En plaçant un X-Ponts de très haut niveau à la tête de la nouvelle société aéroportuaire, l’Etat qui se montre autoritaire,reprend, contraint,la main sur les dérives territoriales afin de réorienter les stratégies en vue de mieux asseoir la future métropole. On change la donne …car les enjeux sont désormais de portée nationale.

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  12. JL41 JL41

    Les modalité de fonctionnement de Ryanair à Marseille, c’était Jacques Pfister.
    Mais simplifions : l’aéroport rapporte à la CCIMP.

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  13. Trésorier Trésorier

    Plusieurs commentaires :

    – l’Etat socialiste essaye de récupérer par un jacobinisme un peu rance le pouvoir perdu à l’échelon local par des élections démocratiques (Euroméd, Aéroport MP,…) ;
    – la région n’a rien a faire dans l’aéroport. Elle n’a jamais rien fait pour la ville, sa métropole et son aéroport. WQu’elle s’occupe de ses compétneces ou elle est nulle ou inexistante avant de vouloir s’occuper d’autres chose ;
    – Concernant les lycées et le développement économique, son action est plutôt lamentable. En dehors des subventions à des associations inexistantes, des nuits d’hôtels en lieu et place de logement de fonction, des subventions clientélistes et sociales hors de ses compétences, il n’y a rien a retenir de son action. Ou en sont les TER ? Ou en est le doublement des lignes SNCF à voie unique ? Ou en sont les réaménagements de gares ? Ou sont les subventions aux transports en commun ?
    – il n’y a aucune raison de changer une équipe qui marche. Il y a tout lieu au contraire une équipe qui rate. mais les CR, CG et gouvernements entendent occuper le terrain au maximum avant que d’être virés. Quitte à nuire à notre territoire.

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  14. savon de Marseille savon de Marseille

    L’ Etat a raison
    Jacques PFISTER a déjà plusieurs trucs à faire.
    Qu’il dégage.
    Basta.
    En plus ce n’est pas un foudre de guerre.

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