Parc des Aygalades : Euroméditerranée désespère de pousser la gare hors du Canet
La révision du projet de terminal combiné de Mourepiane a ravivé les craintes de voir les entreprises actuellement présentes à la gare du Canet, qu'Euromed veut transformer en parc, occuper le terrain encore un certain temps. Alors pour faire du forcing auprès de la SNCF, propriétaire des 25 hectares convoités, Euromed y a emmené un ministre.
Les voies de la gare du Canet prenaient une importante surface du futur parc des Aygalades. (Photo : JV)
Sur la toute nouvelle maquette d’Euroméditerranée, une longue tache grise traverse la zone d’extension de l’opération d’aménagement, dite d’Euromed II. Cette tache grise a vocation à se transformer en coulée verte dans la tête et les plans des architectes et promoteurs. Ces derniers y voient l’occasion de construire un long parc urbain en faisant ressurgir le ruisseau des Aygalades aujourd’hui couvert. Reconnaissable sur les vues aériennes par ses nombreux faisceaux, la gare du Canet couvre aujourd’hui une trentaine d’hectares à proximité de la station de métro Bougainville, le long du village des Crottes.
Depuis des années, il était question de faire déménager les entreprises présentes sur ce site vers le terminal combiné de Mourepiane qui doit être construit dans l’enceinte du port. Leurs réticences, tant à quitter le lieu qu’à aller s’installer dans le nouvel équipement, se faisaient déjà sentir avant que le projet à Mourepiane ne soit revu à la baisse en février.
Malgré plusieurs appels du pied à l’égard de la SNCF, propriétaire du terrain, rien ne semble avancer à la gare du Canet. Ce qui amène la présidente d’Euroméditerranée, Laure-Agnès Caradec à la qualifier de “vraie barrière” et d'”enjeu principal d’Euromed 2″ et d’y amener le ministre prendre un coup de mistral sur la passerelle.
En effet, pour clore une présentation expresse d’Euroméditerranée et de son extension, le ministre a eu le droit à une petite “déambulation sur la passerelle du Canet”, telle que présentée dans le programme, afin d’admirer tout ce beau foncier disponible à condition d’être libéré. Les tas d’ordures et de gravats qui bordent la rue menant à la passerelle, pourtant fréquentée par les habitants, n’ont pas été nettoyés pour la venue du cortège de costards.
Une activité délocalisable
Côté Euroméditerranée, Mourepiane n’avançant pas, le discours s’est délié sur ces entreprises qu’il était important jusqu’ici de garder à Marseille et de ne pas voir partir vers l’Est du département. “Ces cinq entreprises représentent cinq emplois à l’hectare”, dénonce la présidente Laure-Agnès Caradec en prenant à témoin, Jean-Michel Baylet, ministre de l’aménagement du territoire. Leur activité peut tout à fait être délocalisée à Miramas par exemple. Une partie du fret n’est pas destinée à Marseille”. Un des objets de cette visite rapide était bel et bien de montrer au ministre l’immensité du site pour une activité peu ostensible. Le message semble être reçu : “Je suis prêt à vous aider”, sans que les modalités ne soient détaillées. “Le moins que l’on puisse dire, s’exclame Jean-Michel Baylet, c’est qu’il n’y a pas trop d’activité ici”.
En interne, l’opération du parc des Aygalades, pour laquelle plus aucun calendrier n’est évoqué, inquiète : “Jusqu’ici tout dépendait de la réussite de Mourepiane. Il va falloir reprendre les discussions avec la SNCF. Toute l’opération repose sur le parc et le ruisseau”. Les 30 hectares de la gare ne vont pas tous être transformés en espaces verts puisque cette “coulée verte” du nord au sud doit en occuper seulement 14 hectares. L’autre moitié sera occupée par des logements, construits a priori entre le parc les Crottes d’un côté et Le Canet de l’autre. Des immeubles neufs doivent pousser entre les arbres et les habitants actuels, comme pour le parc Bougainville, qui doit être aménagé sur 4 hectares au Sud en attendant que le reste du foncier ne se libère.
Au nord, le vert devrait rejoindre le Parc François Billoux où le ruisseau des Aygalades est à l’air libre. La passerelle métallique qui relie les Crottes au Canet devrait quant à elle être conservée et offrira une vue sans pareil sur les 14 hectares de verdure. Souvenir du gris transformé en vert.
La SNCF dans le viseur
Au sein du cortège ministériel, deux représentants de la SNCF sont présents mais se refusent à tout commentaire. Ils n’ont pas non plus échangé le moindre mot ni avec les responsables de l’opération d’aménagement ni avec le ministre.
Pourtant il leur est clairement demandé d’accélérer sur le dossier et de mettre fin au plus vite aux baux des entreprises présentes. Les opérateurs avaient jusqu’ici affaire à Réseau Ferré de France, devenu SNCF Réseau. En l’occurrence, c’est la filiale SNCF Immobilier, qui gère le patrimoine, qui était présente. Impossible d’en savoir plus chez eux tant sur les contrats signés avec les opérateurs que sur les raisons de ce blocage manifeste des discussions.
Autres grands absents : les entreprises accusées de n’en faire qu’à leur tête. Contacté, Jean-Claude Brunier, PDG de T3M et de TAB, qui exploite un des deux terminaux du Canet via un sous-traitant, réitère son intention de rester sur le site et regrette de ne pas avoir été invité à cette petite visite ministérielle. “J’aurais été ravi de rencontrer la présidente d’Euroméditerranée et de lui expliquer nos problématiques”, explique-t-il. La gare du Canet “est un outil fantastique. Grâce à notre activité, 120 ou 140 camions sont évités dans Marseille chaque jour”, défend-il.
Il indique avoir signé un nouveau bail de trois ans en 2014 avec la SNCF mais avoir renoncé à un investissement de deux millions d’euros sur le site faute de visibilité. S’il a fait part récemment de son intérêt pour l’extension de la plateforme logistique Clésud à Grans, il se dit bien décidé à rester sur le site marseillais tant qu’il le pourra : “Dans cinq ou dix ans je pense que nous y serons encore”.
Commentaires
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Faut-il faire Euromed 2?
La ville est déjà trop grande au regard du nombre de ses habitants qui n’augmente plus. La ville dense a bien des vertus.
Les ruines du port au delà de Bougainville, c’est triste et moche, c’est évident. Mais ne peut-on pas améliorer le tissus urbain sans dépenser des milliards, et restructurer l’espace sans une telle violence ?
Entre le huitième arrondissement où les programmes immobiliers pour riches et petits riches ne se comptent plus malgré (ou à cause) de l’inaccessibilité de ces quartiers, et Euromed, il y a la ville centre qui est l’avenir de tous les marseillais.
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Oui Antoinette, cet expansionnisme est difficile à comprendre alors que l’un des gros problèmes de Marseille est justement sa faible densité de population (5 600 habitants/km² sur la seule zone habitable (150km² pour un total de 240 km².
Paris compte un peu plus de 20 000 habitants au km/², Lyon un peu plus de 10 000…
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et vous les enviez ?
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ces investissements pourraient servir à améliorer le cadre de vie des habitants réels et actuels de la ville… il manque des logements ici, des transports en commun là, des squares là et là, des équipements sportifs là et là, des commerces et services là et là, des écoles à rénover et à construire là, là, là, là et là… Les habitants actuels et réels, que l’on ignore (pour ne pas dire méprise) totalement dans ces projets ont des besoins, réels……..
ne parlons pas de l’emploi, hein…. et du mépris avec lequel sont traitées les rares entreprises, les rares emplois encore présents dans ces quartiers…ils “n’ont qu’à” aller à Miramas, hein…
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Je n’avais pas connaissance de ces chiffres fournis par Laurent Malfettes sur les densités de population des parties urbanisées de Paris, Lyon et Marseille. Mais je pense qu’il ne faudrait pas que Marseille ressemble à Lyon ou Paris. Cette dilution de l’habitat à Marseille, qui n’exclut pas des zones de tours dans le centre portuaire, dilution où assez rapidement on trouve des maisons individuelles de 1 à 3 niveaux, avec à l’arrière, parfois dans une rue entière, des jardins merveilleux que se disputent oiseaux, chats, tortues, avec de très vieux arbres, des plantes rares anciennes que l’on ne trouve pas en jardinerie, des moments de bonheur qu’on ne peut imaginer à Lyon ou Paris.
C’est vrai que la population n’est guère en croissance, si ce n’est grâce au taux de natalité dans les familles immigrées. Le solde migratoire est nul ou négatif, mais la population enregistre un certain turn-over. Certains partent, comme ce fût le cas vers Aix, le Pays d’Aix, ou nourrissent à partir de ces deux villes un cône résidentiel en direction de la Provence Verte dans le Var. Parce que si la population de Marseille reste constante, celle d’Aix diminue, l’accès à l’habitat y est devenu sélectif. A Marseille on enregistre probablement aussi une certaine décohabitation, tandis que de nombreux appartements restent vides au-dessus des commerces. Mais ne nous cachons pas que l’insécurité, réelle et supposée, peut dissuader les installations nouvelles. Si ce n’est celle d’une population qui ne peut compter que sur la « débrouille » pour se fixer, une débrouille encore possible à Marseille mais guère pensable à Aix. Les transformations en cours, du Grand Stade à Euroméditerranée, en passant par cette suroffre commerciale qui parfois a pu postuler un renversement des attractions entre Aix et Marseille, pourraient contribuer à une amélioration du solde migratoire.
C’est là que MarsKaa a raison : « améliorer le cadre de vie des habitants réels et actuels de la ville ». Un urbanisme bien conçu, avec des écoles tournées vers la population nouvelle (celle qui compense les départs résidentiels), du locatif pour l’artisanat et les nouvelles technologies, doit apporter du bonheur. Si le « bon vivre » s’affirme à Marseille, la ville attirera à nouveau et se gorgera comme une éponge.
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Hé ben! Même si le mistral soufflait ce jour sur la passerelle, l’atmosphère semble bien plombée et irrespirable : — les entreprises, premières concernées, même pas invitées, et leurs responsables communicant à la presse leur intention de bien rester là un bon bout de temps. — La sncf jouant le service minimum, et ses représentants, en pleine figuration de “courtoisie”, ne pipant pas un mot au ministre (ce sont ils au moins dit bonjour/bonsoir?). — Le port même pas cité, ou aux abonnés absents…! Ça sent clairement la culture de projet, la phase de mobilisation et la bonne collégialité !!! Du haut de cette passerelle quelques décennies d’engatse et de croche pieds vous contemplent, et lors de sa prochaine visite, le ministre devrait se méfier du coup de la passerelle, on est pas à Toulouse ici! . Bon,il semble bien que notre nouvelle présidente d’euromed, et authentique représentante de l’Ecole Marseillaise de Démocratie commence à récolter les fruits de ses sorties, boutades, injonctions, et déboulés divers, dont certains exemples émaillent vos articles (notamment du 10février sur le dock des sud et du 28 dec concernant son interwiew), et que l’on peut résumer par : On a pas que ça à faire, casser vous, j’arrive! Résultat: A force de vouloir aller plus vite que la musique, ça rame, ça bloque, ça traine. – Bon avec ça, cet article, certains marseillais (dont je ne suis pas) pourront apprendre que les promoteurs immobiliers sont des gens pressés (on le dira jamais assez), que la municipalité Gaudin, pleinement à leur service, l’est donc tout autant, et que L A Caradec en authentique représentante de la chose et en mission commandée, l’est encore plus! Fallait il pour autant mettre une adjointe de Gaudin à ce poste? C’était peut être aller trop vite en besogne et susciter plus de blocages que d’avancées… Mais il est si urgent que les actuels habitants cessent de contempler la gare du cannet pour mieux admirer le nouvel immeuble d’en face, les séparant de la formidable coulée verte…
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Bon, désolé de l’erreur. Certes, ça le fait aussi avec démocratie, mais, concernant la présidente d’euromed, je voulais bien sur parler : D’authentique représentante de “l’Ecole Marseillaise de Diplomatie”!
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Je trouve le projet de créer un parc fantastique. On n’en a guère dans notre ville.
Deux bémols :
– je n’apprécie pas qu’on supprime des voies ferrées qui pourraient être utilisées dans l’avenir (Prado Carénage, Joliette,…) ;
– on rase trente hectares pour créer un parc de 14 hectares. Ca sent la spéculation foncière.
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