“On est bien face à un élargissement de l’électorat FN”

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le 8 Déc 2015
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Chercheur en sciences politiques spécialiste du Front national en PACA, Joël Gombin tire pour Marsactu les leçons du premier tour des élections régionales. Face une potentielle dynamique FN, il affirme que de bons reports de gauche ne suffiront pas à Estrosi pour gagner.

“On est bien face à un élargissement de l’électorat FN”
“On est bien face à un élargissement de l’électorat FN”

“On est bien face à un élargissement de l’électorat FN”

40,5 % des voix en PACA, 720 000 voix. On est clairement sur le plus haut score du FN dans la région ?

Joël Gombin* : Ce score est à un niveau extrêmement élevé mais un peu minimisé par les 20 000 voix de la liste Bompard. Dans tous les cas, cela confirme ce que je dis depuis plusieurs scrutins. On n’est pas seulement face à un électorat FN qui se mobilise mieux que les autres. Certes, il y a de ça mais on est bien face à un élargissement de l’électorat du FN. En 2012, les Alpes-maritimes étaient le département qui avait donné le meilleur score à Sarkozy en France. Cette fois, Christian Estrosi n’est devant Marion Maréchal-Le Pen que de 33 voix. Sur les Bouches-du-Rhône, on a presque deux fois plus de voix pour le FN que pour les Républicains qui viennent pourtant d’emporter le conseil départemental et la plupart des grandes villes du département. On est en face d’un phénomène que l’on connaissait essentiellement dans le Vaucluse. Cette fois-ci, nous sommes passés à l’échelle régionale. Cela montre que la stratégie des Sarkozo-estrosistes de concurrencer le FN par la droite est un échec. Elle ne leur a pas permis de progresser. Bien au contraire, elle a rendu possible une légitimation des idées du FN et un réalignement de l’électorat de droite traditionnelle sur le Front national. D’un point de vue politique, l’essentiel de ses voix semblent venir de la droite, des déçus du sarkozysme, en tout cas de ceux qui ne se reconnaissent plus dans Les Républicains aujourd’hui ou qui considèrent que le FN sera mieux à même de mettre en œuvre ces idées ou d’emporter l’élection.

Christian Estrosi a un gros retard sur sa concurrente. Il va lui falloir bénéficier d’un important report des voix de gauche. A l’aune des élections précédentes, que peut-on dire des reports de voix au second tour ?

Dans le contexte des départementales, ces reports ont été plutôt bons dans le sens gauche vers droite contre l’extrême droite dans un contexte où Manuel Valls avait fortement cadré les élections autour de la question du Front national. En sera-t-il de même en PACA en particulier avec un Christian Estrosi en face ? C’est difficile à dire. Quand on dit que ces reports ont été plutôt bons aux départementales, il n’est pas sûr que plutôt bon suffise. Il faudra que les reports soient excellents pour que Christian Estrosi puisse l’emporter. Qui plus est, quand on a un FN déjà à 41 % au premier tour, avec des réserves de voix chez Bompard et peut-être un peu chez Debout la France, la dynamique de victoire que ça peut éventuellement enclencher est aussi à prendre en compte. L’un dans l’autre, les choses sont très très ouvertes pour Marion Maréchal-Le Pen.

Est-ce que la ligne politique du candidat joue sur ces reports ?

C’est difficile à dire parce que sur les départementales, on n’a pas forcément les indications sur l’orientation des candidats. Très honnêtement, on n’en sait pas grand chose. Le sentiment que j’ai, c’est que plus la différence perçue notamment par les électeurs de gauche entre le candidat de droite et celui du FN est faible, moins les reports seront bons. C’est notamment ce qu’on avait observé lors de la législative partielle de l’Oise en 2013. Toute la gauche avait dépeint Jean-François Mancel en proche du FN. Lorsqu’il s’est agi de dire aux électeurs de gauche d’aller voter Mancel, ils n’ont pas été convaincus. Il y a une chance que le même phénomène se reproduise avec Estrosi, la gauche ayant bâti toute une partie de sa campagne sur le fait qu’il soit plus à droite que le FN. Une partie de l’électorat de gauche se rappellera – ou certains se chargeront de lui rappeler – qu’il a failli devenir en 1998 le premier vice-président d’une région dirigée par le FN. Clairement, je pense qu’Estrosi n’est pas le candidat idéal pour bénéficier d’un report de voix optimal de la gauche.

Et j’imagine que ce constat est d’autant plus valable pour les électeurs de la gauche de la gauche ayant voté Sophie Camard et Jean-Marc Coppola…

Absolument. Dans toutes les enquêtes avant les élections, on voyait bien que les intentions de report des électeurs du reste de la gauche étaient beaucoup plus aléatoires. Il peut y avoir deux raisons à cela : la radicalité politique qui rentre en ligne de compte mais aussi, notamment pour les électeurs écologistes, des électeurs assez peu politisés mais plutôt anti-système qui peuvent même être tentés parfois de faire “turbuler le système” comme disaient d’autres naguère.

On assiste à un bon comportement du Front dans les villes qu’il dirige. Leur crédit reste intact ?

On assiste à des scores importants dans les villes FN mais aussi dans les villes gagnées en 1995. Cela veut dire que la sociologie reste la sociologie. Les conditions à la fois sociologiques et politiques n’ont pas fondamentalement changé et conduisent aujourd’hui aux mêmes résultats. Il ne faut pas exclure que les maires fassent une politique qui convient à leur électorat, d’autant plus qu’ils ne sont là que depuis un an et demi. On assiste à un phénomène comparable à 1997 lorsque les maires élus deux ans plus tôt avaient eu de bons résultats aux élections législatives. Et puis, il n’y a pas de raisons de dire que par principe, le FN échouerait au pouvoir de manière mécanique. Au contraire, lorsqu’ils parviennent au pouvoir, ils ont plus de visibilité, plus de moyens pour travailler politiquement mais aussi plus de moyens de pression sur la population avec des phénomènes de fief que l’on connaît bien pour les autres partis.

Au final, le FN se structure donc de la même façon que les autres partis ?

Je suis tout à fait partisan de considérer a priori qu’il y a une raison de travailler sur le FN de la même façon que sur les autres partis politiques. D’un point de vue sociologique, il n’y a pas de raison de ne pas traiter le FN comme un parti comme les autres. Du point de vue du jugement démocratique, il en va de même pour le FN que pour les autres partis : parfois ça marche bien, parfois moins bien et c’est la vie démocratique.

Je me permets une digression. Régulièrement, des voix s’élèvent pour dire que justement, les chercheurs et les intellectuels en général ont déserté le combat d’idées face au FN.

Je ne crois pas que les chercheurs ont déserté le champ des idées face au FN. Pour les chercheurs qui travaillent sur l’objet Front national, d’un point de vue épistémologique, il n’y a pas de raison de traiter le FN différemment d’un autre objet. Après, lorsqu’un chercheur s’engage dans une bataille politique ou idéologique, c’est une question distincte : il délaisse pour ainsi dire ses habits de chercheur. De ce point de vue-là, il est vrai que les prises de position se font de manière différente qu’elles pouvaient se faire dans les années 80 avec Ras l’Front notamment où on était encore très lié au référentiel antifasciste.

Mais cela ne concerne pas seulement les intellectuels. C’est vrai du champ social en général. Aujourd’hui ce référentiel a perdu beaucoup de terrain, à la fois parce que la société a changé mais aussi parce que le FN aussi a changé. Le référentiel antifasciste n’est plus très opérant pour parler du FN. Et puis les professionnels de la politique s’intéressent de moins en moins à ce qui se passe dans la sphère intellectuelle. Le premier ministre en est un bon exemple. D’un côté, Valls dit que les intellectuels ont déserté le combat contre le FN. De l’autre, il dit que chercher à comprendre les djihadistes, c’est déjà les excuser. Il a un rapport assez simpliste à ce que sont les sciences sociales.

Revenons aux enseignements de ce premier tour. Que peut-on dire sur l’abstention toujours forte ? Sont-ce les mêmes territoires, les mêmes électeurs qui s’abstiennent de scrutin en scrutin ?

L’abstention obéit globalement à trois déterminants. Il y a un déterminant sociologique : moins on est doté en capitaux économiques et surtout culturels, moins on participe. De ce point de vue-là, oui les abstentionnistes sont toujours les mêmes. Le deuxième déterminant, c’est qu’il y a des élections plus mobilisatrices que d’autres : les présidentielles puis les municipales. Pour les autres, on observe une mobilisation plus faible autour de 50 % comme pour les régionales. Le troisième déterminant est politique. Selon l’offre politique, des électeurs plutôt proches de tel ou tel parti vont s’abstenir ou vont participer.

“L’électorat du FN est en expansion depuis 2011. Je pense que l’électorat de la gauche mais aussi celui de la droite sont peut-être en régression d’un scrutin à l’autre. Il ne s’agit donc pas d’un problème de sous-mobilisation d’un scrutin à l’autre mais aussi de disparition de leur électorat respectif.”

Depuis 2012, les électeurs de gauche se mobilisent peu et les électeurs d’extrême droite beaucoup. Aujourd’hui, le vote FN est devenu un facteur de politisation. Pendant longtemps on a considéré le vote FN comme peu politisé et par défaut, comme un cousin de l’abstention. Mais aujourd’hui, c’est l’inverse qu’on observe. Dans le profil territorial, on constate que l’abstention a reculé partout où le FN a progressé et inversement. Au passage, cela questionne aussi la stratégie des autres forces politiques qui font de la mobilisation l’alpha et l’oméga de leur campagne. Ces stratégies peuvent paraître contre-productives.

Ils devraient dire : “restez chez vous” ?

C’est compliqué à dire. En tout cas, ça pose la question de savoir comment remobiliser ses propres électeurs. Il faut aussi se poser la question de l’évolution de l’électorat. Celui du FN est en expansion depuis 2011. Je pense que l’électorat de la gauche mais aussi celui de la droite sont peut-être en régression d’un scrutin à l’autre. Il ne s’agit donc pas d’un problème de sous-mobilisation d’un scrutin à l’autre mais aussi de disparition de leur électorat respectif.

Vous avez participé à un ouvrage sorti récemment et qui s’ancre notamment à Marseille : Karim vote à gauche et son voisin vote FN sur le comportement électoral des électeurs arabo-musulmans. Quand on regarde les résultats d’hier, on se demande si Karim vote encore…

Karim vote à gauche pour les présidentielles et le reste du temps, il reste chez lui. Ça vaut pour les régionales qui sont des élections de faible intensité pour lesquelles les électeurs des catégories populaires se projettent peu sur les enjeux. À ce titre, le cadre de cette élection sur les questions d’immigration, de sécurité et d’attentats a joué pour tenir davantage encore éloignés des urnes les électeurs français d’origine arabo-musulmane.

Avec cette faible mobilisation, on se retrouve avec un FN particulièrement haut dans les quartiers Nord par exemple.

On se retrouve dans une situation où les seuls qui votent sont ceux qui choisissent le Front national. C’est ce qu’on montre à  propos de l’élection de Stéphane Ravier à la mairie des 13e et 14e arrondissements dans le livre écrit avec Jérôme Fourquet. Il n’est pas élu parce que les quartiers populaires ont basculé dans le vote FN mais parce qu’ils ne se sont pas mobilisés. À l’inverse, les noyaux villageois et les secteurs pavillonnaires qui eux votent FN se sont déplacés. C’est uniquement cette mobilisation différentielle qui explique le résultat.

Le PS s’est retiré dimanche soir : il n’aura donc pas de conseillers régionaux. Son fort maillage du territoire avec des élus locaux s’étiole. Dans le Vaucluse et dans le Var, il s’est effacé de la carte électorale. Cela veut-il dire que le PS dans sa forme actuelle mettra très longtemps à remonter la pente ?

C’est un risque effectivement si on considère le modèle 2002-2012 de conquête de la victoire par la base, par les collectivités territoriales puisque le PS a remporté quasiment toutes les élections intermédiaires jusqu’à la dernière présidentielle. Il est clair que pour réitérer cette stratégie-là, il va falloir laisser passer un certain nombre de scrutins et ce ne sera pas pour 2017.

C’est un peu la stratégie du premier secrétaire du parti socialiste François Hollande dont on parle…

Elle est clairement mise à mal. Ce n’est pas la seule stratégie de victoire mais 2017 sera compliqué.

La gauche pourrait-elle être rayée de la carte électorale ?

Régionalement, on voit mal sur quelles ressources la gauche pourrait s’appuyer. La disparition quasi totale de la gauche à l’échelle régionale fait partie des scénarios. C’est possible en dehors de ses fiefs municipaux avec des communistes et quelques socialistes qui tiennent encore leurs communes.

“C’est un paradoxe. La droite risque de se retrouver seule face au FN alors même qu’elle est dans une situation de faiblesse historique. Qu’au premier tour, toute la droite réunie derrière Estrosi fasse 26 %, c’est extrêmement faible. En 2012, la somme des voix de Sarkozy et Bayrou donne quasiment 38 % à l’échelon régional !”

Il y a encore quelques fiefs ruraux dans l’arrière-pays des Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et à un degré moindre dans le Var. Mais ce qui est très bizarre aujourd’hui, c’est qu’on voit bien que le FN est l’acteur dominant mais qu’on ne voit pas très bien quel est son adversaire principal. La droite est tellement faible politiquement qu’il est difficile de savoir si elle va s’imposer même si elle bénéficie, contrairement à la gauche, de l’essentiel des collectivités locales sur lesquelles elle va pouvoir s’appuyer.

La droite est donc amenée sur le long terme à se retrouver seule face au FN.

Et c’est un paradoxe. Elle risque effectivement de se retrouver seule alors même qu’elle est dans une situation de faiblesse historique. Qu’au premier tour, toute la droite réunie derrière Estrosi fasse 26 %, c’est extrêmement faible. En 2012, la somme des voix de Sarkozy et Bayrou donne quasiment 38 % à l’échelon régional ! On est tout de même très très loin derrière alors que la droite est dans l’opposition nationale et régionale depuis trois ans et demi. Tout le problème de ce rôle du FN réside dans le fait que ça crée des situations totalement paradoxales avec une déconnexion presque complète avec la force d’un parti dans l’électorat au premier tour et le résultat des élections. En l’occurrence, une droite très faible pourrait se retrouver à tous les postes de commande.

Quelles conséquences sur la présidentielle 2017 ?

Si la droite a définitivement perdu son fief régional de PACA qui constitue de fortes réserves de voix, je ne vois pas comment elle va faire pour gagner au plan national. Parce que la formule gagnante de Sarkozy en 2007, c’était grosso modo le grand Est et le littoral méditerranéen. Or, si la droite perd méthodiquement des fiefs sans en gagner d’autres, ça va être très compliqué pour elle. Il n’est pas aujourd’hui inenvisageable qu’on se retrouve dans une situation totalement paradoxale avec la gauche face au FN au second tour et la droite prise en tenaille. Dès lors qu’on est dans un jeu à trois avec des règles qui sont faites pour deux joueurs, le résultat devient à peu près imprévisible. C’est un problème majeur car un rapport très fort entre les préférences des électeurs et ce qui sort des urnes est un argument majeur de confiance dans le système démocratique. Or là, ce lien est très distendu par le parasitage opéré par la montée du Front national. Cela conduit à une grande défiance vis-à-vis du système politique dont se nourrit le Front national. On est dans un cercle complètement vicieux.

 

* Joël Gombin est politiste, chercheur associé au CHERPA (IEP d’Aix) et membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès. Il travaille notamment sur le Front national en PACA. Il a aussi démarré une chronique sur Marsactu dans laquelle il décrypte un enjeu social ou politique à partir de données statistiques.

** Karim vote à gauche et son voisin vote FN, dirigé par Jérôme Fourquet, est édité par la fondation Jean-Jaurès.

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Commentaires

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  1. JL41 JL41

    Joël Gombin, chercheur en sciences politiques et spécialiste du Front national en PACA (ça existe) : « Je suis tout à fait partisan de considérer a priori qu’il y a une raison de travailler sur le FN de la même façon que sur les autres partis politiques. D’un point de vue sociologique, il n’y a pas de raison de ne pas traiter le FN comme un parti comme les autres. Du point de vue du jugement démocratique, il en va de même pour le FN que pour les autres partis : parfois ça marche bien, parfois moins bien et c’est la vie démocratique. »
    On est là à l’inverse de Jean Viard, sociologue et biographe de JN Guérini qui l’avait boosté homme politique, surfant ensuite de Caselli en Mennucci aux municipales, qui proposait à ses petits camarades du PS d’interdire le FN. Fastoche !
    L’effacement de la gauche est acté, elle ne sera plus représentée au Conseil régional après le retrait de Castaner. Après l’échec de Mennucci pour prendre la ville de Marseille, après la prise de MPM par Teissier et du Conseil départemental par Martine Vassal.
    Mais la droite aussi a vu ses scores baisser, comme l’analyse Joël Gombin. Elle risque d’être la seule alternative au FN alors que sa base électorale s’est amincie.

    Pour compléter cette interview un peu monolithique et franco-française, un regard de biais des Echos depuis la presse d’outre-Rhin : http://www.lesechos.fr/monde/europe/021541906520-fn-la-presse-allemande-fustige-les-elites-francaises-1182688.php?google_editors_picks=true
    « La presse allemande est unanime : la victoire du Front National au premier tour des élections régionales est l’échec des élites françaises, qui ont failli à réformer la France pour en faire un pays moderne capable d’affronter la mondialisation. « Les camps traditionnels se freinent mutuellement, les structures de décision complexes et l’influence de beaucoup de groupes d’intérêts, y compris régionaux, donnent un sentiment de paralysie, observe la « Suddeutsche Zeitung » dans un éditorial. Quasiment aucun autre pays en Europe ne produit une élite agissant de manière aussi féodale. Nous contre eux – cela fonctionne particulièrement bien en France. »
    « On ne peut plus nier l’échec des élites politiques (françaises), juge la « Frankfurter Allgemeine Zeitung ». Le pays paye le fait qu’aucun gouvernement au cours de la dernière décennie n’ait eu le courage de faire des réformes sérieuses. On a traîné à corriger les dysfonctionnements ou refusé de les voir », note le quotidien de droite en évoquant le chômage de masse, le déclin de l’industrie, l’échec de la politique d’intégration ou encore la baisse de performance de l’école publique. « Le fossé entre l’image que le pays a de lui-même, berceau des droits de l’Homme à la mission universelle, et la réalité du déclin n’a jamais été aussi grand ».

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      C’est toujours intéressant, en effet, de se voir dans le miroir que nous tendent nos voisins.

      Il faut reconnaître que les seuls qui ne s’y voient pas, tels les vampires qui ne renvoient aucune image dans un miroir, sont nos chers hommes politiques : ils feignent aujourd’hui la surprise et la panique alors que cela ne fait jamais que deux ou trois décennies que le poids du FN se renforce élection après élection.

      L’élite féodale évoquée par la SDZ passe plus de temps en manoeuvres politiciennes et en calculs visant à affaiblir l’adversaire qu’en réflexions de fond visant à répondre aux questions de notre temps.

      On n’a pas attendu longtemps, après ce premier tour catastrophique, pour entendre de savantes analyses selon lesquelles, finalement, cette élection faisait les affaires de Hollande car elle invalide la stratégie de Sarkozy et, par conséquent, augmente la probabilité d’un second tour Le Pen – Hollande à la prochaine présidentielle… Vraiment passionnant. Mais comment ces gens a priori intelligents ne s’aperçoivent-ils pas que les électeurs sont exaspérés par ces petits jeux ?

      Il ne faut pas rêver, la PME familiale FN, qui fonctionne plus que les autres comme une féodalité et se spécialise, à chaque élection, dans le parachutage de candidats proches du premier cercle et éloignés du terrain, n’est pas la mieux placée pour changer quoi que ce soit à ces pratiques nombrilistes.

      Pour ma part, je regrette que dans cette cacophonie, celles et ceux qui ont parfois des idées, des convictions ou une conception un peu différente de la politique, restent largement inaudibles.

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  2. JL41 JL41

    Jean-Marie Leforestier, vous nous dites en note : « ** Karim vote à gauche et son voisin vote FN, dirigé par Jérôme Fourquet, est édité par la fondation Jean-Jaurès », sans autre précision, sans donner de lien.
    Jérôme Fourquet est directeur du département Opinion de l’Ifop et il a été sollicité par la fondation Jean-Jaurès pour savoir pour qui votaient les musulmans. Les statistiques ethniques étant interdites, mais de plus en plus souhaitées, il a fallu se livrer à un certain nombre d’acrobaties pour avoir les résultats souhaités. Plausibles d’ailleurs.
    Les lecteurs de Marsactu ne savent pas nécessairement que la fondation Jean-Jaurès est la grande centrale pensante du PS. Google la présente ainsi : « La fondation ambitionne de rénover la pensée socialiste en portant à la fois une vision globale et des solutions concrètes » : http://www.jean-jaures.org/
    Lorsque François Hollande est arrivé au pouvoir, la fondation et les caciques du PS ont pensé que le moment était venu de traduire toute cette production intellectuelle dans la réalité. En même temps est apparu une faille qui est allée s’élargissant entre cette production intellectuelle (on a pu se rendre compte de la même chose à une échelle plus réduite au Conseil régional de PACA) et la réalité à laquelle le pouvoir socialiste était confronté. Certains pensent que François Hollande a trahi son parti, d’autres qu’il a cherché à prendre en compte le principe de réalité (Mitterrand l’avait fait avant lui en se jouant du PS, de même que Jospin dans une moindre mesure), ce qui a été assez long après Ayrault et reste contesté avec Valls et Macron au soufflet de la forge. Mais il le fallait.
    On apprend également, le monde est petit, que cet ouvrage dont Joël Gombin est un des contributeurs, est publié en partenariat par la Fondation Jean-Jaurès et les Editions de l’Aube de Marion Hennebert et Jean Viard.

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