"Notre région peut être une Californie française"

"Notre région peut être une Californie française"

Président de la société de production Films du Soleil, Jacques Hubinet est un infatigable défenseur du cinéma du sud. Avec sa société familiale qu'il gère avec son épouse Patricia, il a été pionnier dans de nombreuses révolutions audiovisuelles, dans les contenus comme dans les contenants. Dans les années 70, il développe les premiers films d'entreprise. Dans les année 80, c'est dans l'accompagnement technique des premiers directs télévisuels qu'il développe son entreprise au sein "d'une niche" dont il ne tarde pas à être un des leaders. Plus récemment, il s'est également lancé dans la diffusion sur internet avec la création du site mativi-marseille sur lequel il met en ligne des films courts qui valorisent les initiatives d'acteurs locaux. 

En parallèle et depuis des années, Jacques Hubinet se bat pour faire que la région rattrape son retard sur Paris et devienne l'un des lieux incontournables en Europe non seulement pour les tournages mais également pour toute la chaîne de production. "Nous sommes la deuxième région française pour les tournages, explique-t-il. Mais, loin, très loin, derrière Paris. Notamment parce que, là-bas, les aides sont versées directement sur présentation des factures des industries techniques. C'est pour cette raison qu'avec le regretté fondateur de Sunny side of docs, Olivier Masson, il a créé l'association Cinéma au soleil qui s'est rapidement transformée en Pôle régional d'innovation et de développement économique et solidaire, le Prides, notamment financé par le conseil régional. Ce Prides a pris le nom de Primi (pour Pôle transmédia Méditerranée) sous la direction du producteur Paul Saadoun.

Pas de "weather day"

C'est par l'intermédiaire de cette structure, que Jacques Hubinet tente de donner au tissu de producteurs locaux "une plus grande ouverture internationale". "Après tout, ajoute-t-il, pour reprendre le mot de Philippe Lamour, le constructeur du canal qui porte son nom dans le sud ouest, nous habitons une région qui peut être la Californie française. Pour le cinéma, c'est une chance incroyable avec 300 jours de beau temps par an et quasiment aucun "weather deay" sur les tournages".

Mais pour réussir à séduire les grands studios américains, la région doit proposer autre chose que du beau temps, des paysages magnifiques et un peuple comédien dans l'âme. Il faut également une infrastructure à la hauteur des attentes. "Ce qui est sûr, c'est que pour séduire, nous avons toujours besoin de faire plus, en termes de qualité et d'accueil notamment".

Avec la chambre de commerce et Provence Promotion, Primi a entrepris d'aller au devant des grandes majors. "Dans ce cas, l'appât est cher et il faut du temps. Mais au bout de 6 à 8 ans de démarches, cela a fini par payer quand Warner international nous a conseillé d'aller voir les studios Pinewood". En fait, le conseil était très impératif : Pinewood, entre autre producteur de James Bond, cherche à s'implanter sur le vieux continent. Primi a donc accéléré sa prospection pour trouver un lieu susceptible de séduire les Américains. "Le premier site est situé dans la caserne du Muy, à proximité du pôle médias de la Belle de Mai. Il pourrait accueillir 1500 m2 de studios. Le 2e site est à Vitrolles sur le site de l'ancien stadium dessiné par Rudy Rucciotti. Ce dernier est d'accord pour qu'on taille dans les gradins à l'intérieur pour y construire un studio de 2200 m2. L'avantage est la proximité des aéroports et de la gare TGV. En revanche, la proximité de la route d'Aix réduit les possibilités de tournage en extérieur". 

Dernière carte à jouer : l'ancienne usine Eternit sur les bords du canal de Caronte, à Martigues. "14 mètres sous poutres, des fosses de 8 mètres exploitables", c'est un lieu idéal, y compris pour les tournages en extérieur.