MP2013 fera-t-elle des petits dans les urnes ?

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le 7 Juin 2013
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MP2013 fera-t-elle des petits dans les urnes ?
MP2013 fera-t-elle des petits dans les urnes ?

MP2013 fera-t-elle des petits dans les urnes ?

Panem et circenses. Le poète Juvénal avait vu juste, désignant ainsi l’usage des empereurs romains, offrant généreusement victuailles et divertissement au peuple pour s’en attirer les faveurs. Voilà près d’un mois, nous publiions un article sur l’utilisation de l’année capitale à des fins électorales par le maire Jean-Claude Gaudin. Dans son entourage, on confirme le boulevard : “MP2013 ? Michel Vauzelle ne s’y intéresse pas, Jean-Noël Guérini est empêtré dans ses affaires, Eugène Caselli ne parvient pas à en tirer parti et donc nous sommes les seuls à en récolter les lauriers”.

Le Pavillon M, cet espace d’information de MP2013 opportunément situé sous les fenêtres du sénateur-maire, en est un parfait exemple. La municipalité s’enorgueillit régulièrement du nombre de visiteurs franchissant le seuil de cette cabane en bois. Le pavillon s’est révélé un outil de communication redoutablement efficace là où l’association avait du mal à faire exister les événements de la capitale. Et Marseille n’est pas seule à en bénéficier. Selon Patrick Arnoux, délégué à la culture à Aubagne, ce pavillon offre l’opportunité de faire connaître la communauté d’agglomération. Certes, prétendre que l’année capitale pourrait à coup sûr impacter les municipales de 2014 reviendrait à faire du journalisme de prédiction. Mais entre les municipalités de Marseille, Aix-en-Provence, Aubagne, Arles et Istres, MP2013 reste un enjeu éminemment important qu’il serait malvenu de négliger.

“Un plus pour 2014”

Du côté d’Aix-en-Provence, le fleuron est déjà culturel, souligne Sophie Joissains, en charge de la culture. “Les enjeux ne sont pas les mêmes que dans les autres communes. Notre réputation de ville culturelle précède l’année capitale. Et ici, le tourisme ne dépend pas vraiment des propositions artistiques.” Sous-entendu, il est de toute façon acquis. Du coup, l’adjointe le concède, l’année capitale aixoise s’adresse avant tout aux Aixois eux-mêmes. “Cela permet surtout de mettre en lumière des acteurs locaux. Il y a bien, parfois, des grincements de dents d’associations aixoises même si je me bats pour qu’elles figurent sur le devant de la scène. Mais si la réussite d’une telle année constituera un plus pour 2014, là n’est pas l’essentiel de la préoccupation des gens. Bien sûr, il faut quand même que l’année réussisse parce que si cela ne marchait pas, en revanche, ça serait préjudiciable pour la municipalité.”

Le son de cloche est à peu près le même du côté d’Arles, pourtant d’une tout autre couleur politique. Le maire PC Hervé Schiavetti qui a planté dans la ville des totems aux couleurs de MP2013 minimise également l’effet politique de la capitale culturelle : “bien sûr, 2013 est avant 2014 et on risque de perdre des électeurs si l’événement n’est pas réussi.” Et aux critiques qui reprocheraient des manifestations tardives, concentrées sur la saison estivale, le maire réplique que le nombre de visiteurs explose déjà. De toute façon, l’objectif est déjà atteint puisque les Arlésiens s’approprient les événements. “L’appropriation urbaine est plus simple dans une petite ville et une ville moyenne, que dans une ville importante. Pour une raison simple, il est très facile de se rendre d’un point à un autre…” Là encore, les locaux paraissent être la “cible” prioritaire des manifestations arlésiennes.

A Istres, on s’est parfaitement investi dans la communication. 300 panneaux et 70 affiches couleur fuchsia ornent les façades des bâtiments. “Nous avons joué le jeu à fond” estime Nicole Joulia, adjointe déléguée à la culture de la Ville. La présence d’oeuvres réalisées in situ par Daniel Buren constitue la preuve, pour le maire François Bernardini d’“une reconnaissance extraordinaire pour notre implication dans l’année 2013 et la récompense de la réputation culturelle de la ville. C’est un événement planétaire. Que Daniel Buren vienne dans une ville comme la nôtre…”  Nicole Joulia reprend :  “on a intérêt à ce que MP2013 marche. Mais surtout, que cela soit avant tout l’année capitale des habitants”. En vue de 2014 ? “On verra l’année prochaine, même s’il ne faut pas minimiser la portée de 2013. Toute satisfaction des habitants, quelle qu’elle soit, ce bien-être apporté, tout cela peut être bénéfique pour nous”, admet François Bernardini avant de redéfinir les priorités de son équipe municipale : “au-delà de ça, MP2013 est le vaisseau amiral de la culture. Nous voulons avant tout offrir la culture à une population qui ne l’aborde pas comme ça.” Panem et circenses donc.

Marche à l’ombre

Si aucune municipalité n’admet l’existence d’une quelconque rivalité avec Marseille, il faut parfois batailler pour ne pas rester en retrait par rapport à celle-ci, tant chacun compte bien profiter de ce titre exceptionnel. Hervé Schiavetti, quoique fair-play, se montre légèrement dépité : “on a jamais la place que l’on voudrait. Bon, lors du discours du président Hollande à l’occasion de l’inauguration du Mucem, il n’a pas été question d’Arles. Et l’autre jour, sur France Inter, à l’heure de la plus grande écoute, on a pas du tout parlé d’Arles non plus. Mais bon, c’est normal. C’est une chance que nous a fait Marseille d’être choisie capitale de la culture.” Nicole Joulia abonde en ce sens : “Il faut savoir dire stop et un peu s’imposer par rapport à Marseille quand la répartition des événements ne se fait pas naturellement…” François Bernardini ose même la comparaison avec ses “petits jeux olympiques” entre les communes. “Nous sommes restés un peu à l’écart de la publicité et de la médiatisation. Lors de l’émission Des Racines et des Ailes sur MP2013, nous avons été un peu surpris et meurtris qu’il n’y ait pas eu une seule référence sur Istres.”

Mais si les communes ne possèdent pas toutes leur Pavillon M, peut-être doivent-elles se satisfaire d’y figurer et de rendre ainsi réel le trait d’union entre Marseille et la Provence de “MP2013”. D’ailleurs, “éviter d’être à l’ombre de Marseille serait à mon sens une erreur, explique Patrick Arnoux, adjoint à la culture d’Aubagne. Aix-en-Provence et Marseille restent deux grands pôles incontournables, l’important est d’essayer de travailler avec les autres villes et de construire un projet commun. L’essentiel réside dans cette dynamique créée entre toutes ces villes. Tout le monde a intérêt à ce que la capitale culturelle rayonne.”

En effet, pour que chacun se concentre sur la réussite de MP2013 sur ses propres terres, mieux vaut stratégiquement ne pas se perdre dans des rivalités très peu opportunes entre communes. Ceci étant, cette émulation entre les villes les incitent à rechercher des programmations de qualité. Après, que cela ait un impact en 2014… “c’est une évidence, admet Patrick Arnoux. Même s’il ne faut pas le voir comme ça dans la construction de l’année capitale. Personnellement, je souhaiterais pour Aubagne et la communauté d’agglomération que 2013 ne s’arrête pas en 2013″. Apparemment, les municipalités s’accordent sur un point, il faudra jouer les prolongations de 2013 en 2014.

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