Masse : "On peut apprécier l'homme et critiquer le maire"

Masse : "On peut apprécier l'homme et critiquer le maire"

L'hémicycle a changé d'atmosphère. Certes, la tribune de presse migré dans l'hémicycle du fait des aménagements du pavillon M. Du coup, le regard des observateurs s'en trouve forcément biaisé. Au premier plan, le FN Marandat, le banc teyssieriste et, là-bas, tout au fond, le groupe Faire gagner Marseille. C'est justement là que les changements les plus profonds ont eu lieu ces dernières semaines. Désormais, c'est Christophe Masse qui préside le groupe d'opposition. Avec cette séance de février, il tient là son premier saut dans le grand bain.

Et justement, un peu comme à la piscine, on sent que le maître-nageur a changé. Un je ne sais quoi dans la posture des corps, dans l'attention portée au chef. Christophe Masse se tient droit, flanqué de ses fidèles, Pascal Chamassian et Antoine Rouzaud. Un rang devant, sa soeur Florence se retourne fréquemment. Félix Weygand et Stéphane Mari s'accoudent fréquemment pour deviser avec l'un ou les autres. De temps en temps, le nouveau président se tourne vers son prédécesseur, Patrick Mennucci, comme pour chercher un acquiescement. Celui-ci se tient coi. Ce n'est pas son jour. 

Christophe Masse étrenne son nouveau statut à l'occasion du débat d'orientations budgétaires, un classique des débats du conseil municipal et le dit d'emblée : "C'est donc en tant que nouveau président du groupe Faire Gagner Marseille que j'ai souhaité prendre la parole  aujourd'hui sur ce rapport. Il me semblait important que le président du principal groupe de l'opposition s'exprime avec détermination sur votre gestion, votre bilan et vos projets". D'habitude, c'est Nathalie Pigamo qui oeuvre mais le vice-président a souhaité marquer le terrain en intervenant sur ce rapport très politique.

"Moins de théâtre"

Le discours laisse poindre "des points positifs" dans le bilan qu'il tire : "la croissance qu'a connu effectivement Marseille", "des progrès incontestables dans la création d'emplois", "des éléments positifs dans votre gestion". Pourtant sa critique se veut "sévère mais argumentée et chiffrée". Le ton change : moins d'envolées, moins d'agressivité, "moins de théâtre", dira-t-il plus tard.

Autre changement dans sa gestion du groupe, "la collégialité" affirmée doit faire tourner les orateurs. Ainsi Félix Weygand intervient sur la Zac Saint-Charles,  Nadia Brya sur la réforme du rythme scolaire, Pigamo planche sur David Guetta à Borely et Patrick Mennucci se contente d'un strapontin sur la question scolaire même s'il ne peut s'empêcher ça et là de commenter à voix haute les saillies de l'opposition. 

Pas de conseil extraordinaire

Son successeur n'a pas l'âme d'un guerillero des travées municipales. Il distribue la parole, sollicite le président de séance mais n'apostrophe pas. La façon a l'avantage de la politesse : "On peut apprécier l'homme et critiquer le maire, ce qui est exactement mon cas", finit-il par lâcher. "J'ai bien connu votre père mais surtout votre grand-père", lui répond l'intéressé. Le maire préfère taper toujours sur le même clou et cherche sans cesse Mennucci qui ne pite pas.

Mais Masse n'obtiendra pas plus de concession du président de séance. Sa proposition d'un conseil municipal à propos de l'éducation, soutenue par les communistes et les écologistes, est retoquée sans appel : "Beaucoup de gens ne sont pas du tout favorables à cette réforme des rythmes scolaires. Donc, concernant ce conseil municipal informel, j'arbitre dès maintenant. Je ne suis pas saisi par des syndicats d'enseignants ou par des parents d'élèves à ce sujet. Or, au sujet de la sécurité, il y avait une unanimité entre nous", justifie Gaudin. 

Sur la fin, alors que le temps de parole de son groupe est épuisé depuis longtemps, il tente une passe de deux : "Je sais que nous n'avons plus de temps de parole mais il ne reste plus que deux interventions de deux minutes. Donc, je vous propose d'entendre Antoine Rouzaud  tout de suite sur le rythme de travail de la police puis…" Bronca de la majorité municipale. Christophe Masse insiste un peu mais le maire tranche : c'est non. La première séance du nouveau président de FGM s'arrête là-dessus. Il en est plutôt content et le dit dans la vidéo ci-dessous.