Marseille crée un premier “village d’insertion” pour des familles roms en 2024
Le dernier conseil municipal a posé la première pierre d'un projet de "village d'insertion" destiné au relogement temporaire de 80 personnes issues des familles Roms des squats de Cazemajou et la Padouane. Le site d'accueil est l'ancienne d'aire d'autoroute de l'Estaque, son ouverture est prévue en 2024.
Vue satellite du site d'implantation du village d'insertion. (Vue satellite : Google maps)
Ils sont trois et avancent à petits pas. Le projet est sensible et la dernière fois que la presse en a parlé, “on a pris 18 mois dans la vue“. L’adjointe au maire de Marseille à la lutte contre l’exclusion (PCF), Audrey Garino dit cela sans acrimonie. “Mais sur ce sujet, à chaque fois qu’on recule, c’est plus compliqué d’avancer après.” À l’époque, la Ville, l’État et la métropole envisageaient d’installer une partie des familles principalement Roms du squat de Cazemajou (15e), à proximité de la cité Font-vert (14e), dans un village modulaire.
La révélation par Marsactu du projet avait entraîné une levée de boucliers des habitants des quartiers voisins. Près d’un an après, à l’été 2022, le squat de la rue Cazemajou a été en partie évacué pour permettre la réalisation du tramway, entre Arenc et l’avenue du capitaine-Gèze. Mais le problème est resté entier : celui d’un accueil digne de populations qui font preuve d’une réelle volonté d’insertion dans la ville.
Les trois institutions ont continué à avancer de conserve pour construire ce qui est aujourd’hui une première à Marseille, après avoir connu des expériences réussies dans d’autres communes, à Montreuil (Seine-Saint-Denis) ou, plus près de nous, à Gardanne.
Un village pour “80 personnes en famille”
L’objectif affirmé par le projet est de construire un village d’insertion pour “80 personnes en famille”, soit approximativement “12 ménages”. Chacune des institutions a apporté sa pierre à l’édifice commun. Le terrain appartient à l’État puisqu’il s’agit de l’ancienne aire d’autoroute de l’Estaque, en bordure de l’A55, à Saint-Henri. L’accès se fera via des terrains municipaux cédés par la Ville lors du conseil municipal du 7 juillet.
Une semaine avant, la métropole a voté en bureau, avant la séance publique, le financement d’une rampe d’accès qui permettra de relier l’aire à la voirie du quartier. Quant au permis, il a été déposé par l’État il y a quelques jours pour des “constructions modulaires” constituées d’une centaine de conteneurs recyclés sur 2,5 hectares. Le gestionnaire sera le service de l’Addap 13 et l’Ampil (Action méditerranéenne pour l’insertion sociale par le logement) qui font déjà le suivi des camps et squats pour le compte des institutions parties prenantes “de la stratégie départementale de résorption des bidonvilles” adoptée en 2022.
“Insertion anarchique d’une immigration incontrôlée”
La volonté de discrétion des trois institutions ne doit rien au hasard. Élus et fonctionnaires savent le sujet sensible. Lors de la séance du 7 juillet dernier, la réaction du sénateur Reconquête Stéphane Ravier ne s’est pas faite attendre : “Tout ceci a l’air fort sympathique. Mais il faut prévenir les habitants de l’Estaque que les bénéficiaires seront exclusivement de personnes issues de la communauté rom. On peut donc plutôt l’appeler le village d’insertion anarchique de l’immigration totalement incontrôlée“.
Une position battue en brèche par l’ensemble des composantes de la majorité municipale, à commencer par la maire de secteur, Nadia Boulainseur (divers gauche). En 2009, sa prédécesseure et colistière Samia Ghali, figurait en première ligne d’une manifestation contre l’implantation d’une aire d’accueil pilotée par l’État, à la Guillermy. À ses côtés, des représentants de CIQ et des élus de gauche du secteur. Rebelote en 2013, à Sainte-Marthe, où c’était son collègue Garo Hovsepian qui menait la fronde des élus de secteur contre un projet porté par l’État.
Un “dispositif transitoire”
10 ans plus tard, le ton a changé. Nadia Boulainseur est clairement en soutien du projet qu’elle affirme “avoir accompagné avec le comité d’intérêt de quartier et le bassin de vie avoisinant”. “Je sais que cela vous fait mal, mais nous nous devons d’accompagner l’insertion de ces publics dans ce dispositif transitoire, appuie encore l’élue. On ne peut pas se satisfaire de laisser ces gens dans la rue“.
Dans l’annexe à la délibération soumise au vote des conseillers municipaux, la Ville et l’État détaillent effectivement leur volonté de construire “un sas d’insertion socioprofessionnel renforcé” dans une logique de “trajectoire d’inclusion durable sur le territoire“. En clair, les familles des squats de la Padouane et Cazemajou qui ont été repérées lors du diagnostic social préalable seront accompagnées, le village d’insertion participant ainsi d’une forme de marchepied vers le droit commun.
“Pour nous, ce sont trois années de boulot qui arrivent à leur terme, souffle Audrey Garino. Avec Laurent Carrié, le préfet délégué pour l’égalité des chances, on a passé en revue des dizaines de sites possibles. Celui-ci répond à la fois aux critères d’acceptabilité pour les personnes avoisinantes et de dignité pour les personnes accueillies.”
Une ouverture au premier semestre 2024
Le site a été visité par les associations qui participent à la cellule de veille, installée en préfecture, ainsi que par les futures personnes accueillies. “On peut dire que c’est un projet cousu main”, se félicite le préfet Laurent Carrié qui annonce une réunion de concertation publique à la rentrée pour un lancement effectif du projet “au cours du premier semestre 2024”.
Le projet est dans la liste des états généraux du logement pour lequel le ministre Olivier Klein a donné son engagement. Le budget de construction de 1,2 million est porté par l’État, la Ville cédant des terrains adjacents et la métropole assurant la construction de la rampe d’accès pour 800 000 euros. Le lieu pourra accueillir d’autres personnes pour des activités éducatives, sportives, culturelles, dans une logique de lien avec le quartier.
“Comme à Montreuil ou à Gardanne, l’idée est de mettre en place un lieu transitoire, une mise à l’abri temporaire qui permet d’accompagner les familles vers un logement plus classique, détaille Audrey Garino. Très loin en amont, nous avons travaillé à un diagnostic fin, famille par famille“. Parmi celles qui doivent rejoindre l’aire de Saint-Henri, certaines ont des enfants scolarisés qui trouveront donc une nouvelle école d’accueil, l’année prochaine.
Un modèle reproductible
L’expérience qui débute dans le 16e a vocation à être dupliquée, à l’échelle de la ville, “comme sur le reste du département”, souligne à dessein l’élue communiste qui siège dans l’opposition au conseil départemental. Elle espère, à terme, voir naître “deux ou trois villages” du même type à Marseille avec, en objectif de long terme, la disparition des bidonvilles et grands squats précaires. Ils sont aujourd’hui une trentaine à accueillir 900 personnes à Marseille, dont un tiers d’enfants. Une population très stable depuis une quinzaine d’années.
“Il s’agit de construire un cercle vertueux pour accompagner ces personnes dans leur insertion, se félicite le préfet Carrié. Cela passe par un suivi à 360 degrés des personnes bénéficiaires, sur le plan médical, scolaire, culturel et à l’accès aux droits.” La taille du site permet notamment de poursuivre les activités de récupération de textile et de ferraillage. Rendez-vous à la rentrée pour tester le seuil d’acceptabilité du projet, dans son environnement immédiat.
Commentaires
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Les terrains dans le 7ème et le 8ème n’étaient pas adaptés ?
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En croyant régler des comptes avec l’ennemi de classe vous révélez simplement votre mépris à l’égard des roms.
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Personne ne règle de comptes, j’ai la même réaction que Barbapapa. Pourquoi rajoute -t- on toujours à des difficultés là où elles sont dej6 concentrées, cad dans les quartiers N.
Le 8me près de la mer aurait été très bien. Ces quartiers sont ils intouchables, l’idée d’y installer des populations différentes est il un tabou? Mais vous y habitez peut-être, Patafanari?
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*Pourquoi rajoute-t-on toujours des difficultés là où elles sont déjà concentrées, c’est à dire dans les quartiers N?”
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si j’ai bien compris c’est là qu’ils ont commencé leur intégration, les minots aux écoles du quartier…
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Ce qu’il a de bien avec le zemmouroïde Ravier, c’est qu’il est toujours prévisible et toujours caricatural. Ce qui serait encore mieux, c’est que cette brute disparaisse du paysage politique aux prochaines élections.
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Excellent, “zemmouroïde” est il libre de droit ?
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Bien sûr (cette expression créée lors de la campagne présidentielle n’est pas de moi).
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Nous devons applaudir cette opération d ‘intégration socio _économique . Bravo
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Question à Benoit Gilles : serait-il possible d’avoir des précisions sur l’isolation thermique de ces conteneurs / containers recyclés ?
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C est sûr que c est toujours un choix difficile de rajouter de la misére à la musére mais une première mesure concréte pour l accompagnement à l insertion des personnes d origine rom est un premier pas courageux de la part de la mairie de Marseille en partenariat avec l état
Audrey Garino est la 1ere élue marseillaise à appliquer des mesures concrètes pour venir aux publics trés défavorisés en grand nombre sur Marseille
Félicitations à elle pour tout ce travail déjà accompli douches pour les SDF …….
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bien loin, bien proche de l’autoroute, quelle honte !! il faudrait au moins une voire deux aires d’accueil par arrondissement à Marseille !
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