Manuel Valls sur la vidéosurveillance : "N'ayez pas peur"

Manuel Valls sur la vidéosurveillance : "N'ayez pas peur"

Les élus tapent du pied pour se réchauffer. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, se fait attendre. Il est invité par le maire, Jean-Claude Gaudin, à l'inauguration du centre de supervision urbaine flambant neuf de l'avenue Salengro. C'est là que sont centralisées les images des 180 caméras de vidéosurveillance installées en centre-ville. Justement, un peu en retrait, le procureur général, Jacques Dallest, devise avec le patron de la police municipale, Marc Labouz. "Tu as prévu un petit flag' pour la visite du ministre, ça serait bien, non?", interpelle le premier. "Oui, c'est prévu, se réjouit le second. J'ai mis des agents en planque près d'un vendeur à la sauvette. Ils interviendront quand le ministre sera là".

Quant ils s'aperçoivent qu'une oreille traîne à proximité, ils interrompent leur conversation. D'ailleurs, le cortège de voitures officielles fait son entrée dans le centre. Manuel Valls en descend, accueilli par le maire, les députés du secteur, sa collègue Marie-Arlette Carlotti et une volée d'élus locaux. Tous s'engouffrent dans le centre pour une visite expresse. Les journalistes sont tous parqués dans "la salle d'exploitation de vidéo protection en temps réel" tandis que les invités du maire — pour la plupart présidents de comité d'intérêt de quartier — sont conviés vers le troisième étage où auront lieu les discours.

"Legend… Marlboro…"

Dans la salle d'exploitation, les journalistes patientent en suivant des yeux le travail des opérateurs sur l'écran géant qui leur fait face. Sur l' "split screen" qui leur fait face, les opérateurs remarquent soudain une détail signifiant : à un angle de rue de Noailles, un homme glisse discrètement un objet à comparse. Les policiers s'agitent soudain. Ils tiennent là leur flagrant délit. Un peu décevant vu qu'il s'agit d'un vendeur à la sauvette du centre-ville. Même un aveugle serait capable de les répérer en les entendant souffler en boucle "Legend… Marlboro…" toute la journée.

Accompagné par le maire et suivant par l'aéropage d'élus, le ministre de l'intérieur fait son entrée dans la salle. Marc Labouz au micro fait la visite guidée : "C'est vraiment dommage que nous n'ayons pas pu conserver les images de la soirée de lancement de la capitale culturelle. Vous auriez pu voir les centaines de milliers de Marseillais sur le Vieux-Port". En effet, la loi impose la destruction des vidéos au bout d'un mois. "A Marseille, nous les détruisons au bout de dix jours", glisse Caroline Pozmentier, l'adjointe à la sécurité.

Heureusement, Marc Labouz sort du frigo trois extraits fort parlant : le même coin de Noailles où un vendeur à la sauvette se fait appréhender, une équipe de crapuleux qui monte un collet marseillais et se font serrer peu après. Et, enfin, un enfant se fait renverser par une moto en pleine nuit sur la Plaine. Les images sont violentes, le gamin est sain et sauf  "mais le pilote de la moto est parti. Le service central accident est sur l'enquête", précise Marc Labouz. Mais vu que la scène est filmée de nuit, pas sûr que les preuves vidéo soient très probantes. On vous laisse vous faire un avis.

La visite se poursuit au troisième étage où les président(e)s de CIQ patientent depuis un bon moment. Les élus prennent place en tribune. Le maire est flanqué de l'ensemble des prétendants socialistes à son trône : Patrick Mennucci et Samia Ghali à sa gauche, Marie-Arlette Carlotti et Eugène Caselli à sa… Bon, passons. En contrepoids, le maire convie sur l'estrade Caroline Pozmentier et Roland Blum. Chacun à son tour, le maire et le ministre font l'apologie de la vidéosurveillance et de la politique sécuritaire version Valls.

A quelques mètres, les CIQ jouent au choeur antique commentant à mi-voix les déclarations des uns et des autres. Manuel Valls fait assaut d'amabilités à leur endroit et réussit à les séduire jusqu'à la faute grave : "Marseille a comme particularité ses conseils de quartier". Aussitôt, les présidents s'enflamment : "Cela n'a rien à voir !" "Les comités ! Les comités !". Le ministre rétropédale. Il n'est pas au courant que Marseille est des seules grandes villes à ne pas avoir mis en place le dispositif prévu par la loi Vaillant. Quand les questions des journalistes arrivent, l'atmosphère devient un peu moins bon enfant. Surtout quand il est question de l'affaire de la Bac Nord. Dans la vidéo ci-dessous, Manuel Valls en profite pour répondre vertement (2:10) au procureur Dallest qui s'est laissé aller il y a quelques jours dans Le Monde à des commentaires peu amènes : "Je voudrais être certain que ça se limite à la seule Bac Nord", lâche-t-il notamment.

Comme souvent à Marseille, tout se finit en musique. Un journaliste demande à Manuel Valls de commenter le clip des Psy 4 de la rime qui met en scène l'affaire de la Bac Nord. Mais comme Manu est un keum à la cool qui est pote avec Disiz La Peste, ça donne ça :