[L’été à la Belle de Mai] Le club de vacances, enclave à touristes au milieu du quartier

Reportage
le 1 Août 2018
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Peu à peu, ce quartier populaire situé à la lisière du centre-ville est en train de changer. Marsactu passe l'été à la Belle de Mai et explore ces lieux qui bougent non sans tension. Depuis plus d'un an, un club de vacances a ouvert. Le village Clubs du soleil affiche une volonté de faire découvrir le quartier aux touristes. Sans grand succès.

[L’été à la Belle de Mai] Le club de vacances, enclave à touristes au milieu du quartier
[L’été à la Belle de Mai] Le club de vacances, enclave à touristes au milieu du quartier

[L’été à la Belle de Mai] Le club de vacances, enclave à touristes au milieu du quartier

La navette passe le portail du village Clubs du soleil Belle de Mai, les vacanciers enfoncés dans leurs sièges, direction le tramway. Seul un couple et leur fille sortent en marchant, pour profiter du quartier avant d’aller visiter le cours Julien. “On aime bien la Belle de Mai, et quand même, ce quartier a une grande histoire !”, s’exclament ces derniers. Peu de vacanciers pourtant partent à la découverte de lieux qui entourent leur lieu de villégiature. Ce “village en ville”, comme aime l’appeler le directeur général Alex Nicola, propose un séjour urbain dans Marseille. Mais pas vraiment dans son quartier d’implantation, le plus pauvre de la ville.

Ce club de vacances est implanté depuis mars 2017 sur le terrain de 2 hectares de l’ancienne maternité de la Belle de Mai. Celle-ci a notamment vu naître Zinedine Zidane, l’humoriste Patrick Bosso, le sculpteur César… Aujourd’hui, les touristes peuvent profiter de tout le confort habituel de ce genre d’établissement : cantines, espace bien-être avec sauna et jacuzzi, club pour enfants, salle de spectacles… S’ajoute tout de même une touche de décoration locale. Tableaux avec les poissons de la bouillabaisse, vieilles cartes postales et anciens plans de la ville ornent les murs. Pour se rendre aux chambres, il suffit de suivre la carte de la côte, de Bandol jusqu’à Sausset-les-Pins, imprimée sur la moquette. Les longs couloirs rappellent l’architecture de la maternité. Surtout, les touristes dorment dans les mêmes chambres que les mères ayant enfanté à la Belle de Mai.

Je suis né ici, dit fièrement Eric, maçon que l’on croise dans une rue voisine. Ç’aurait été pas mal de garder la maternité, mais un club de vacances c’est une bonne idée. On voit d’autres visages.” Les riverains espèrent que l’arrivée de vacanciers pourra changer la réputation de la Belle de Mai. “Ça va peut-être changer l’image du quartier, et il serait temps”, lance Benchohra, retraité, sortant de chez lui, rue Jobin.

Un quartier peu apprécié des vacanciers

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À quelques mètres, au bord de la piscine et en terrasse, les touristes se prélassent dans leur village et prévoient leur journée. Au programme : la Corniche, le Vieux-port, le Prado, les Goudes… Rares sont ceux qui prévoient une visite dans la Belle de Mai. “C’est un quartier populaire et on a peur parce qu’on entend dire que Marseille est dangereuse”, lance Katia qui vient de la côte d’Azur, en vacances pour deux semaines avec son fils. Le directeur général estime lui qu’être dans ce quartier est une “aubaine”. Il insiste sur le fait qu’avec 15 000 personnes accueillies depuis l’ouverture, aucune “agression ou vol ne s’est produit dans le quartier, seuls deux clients ont subis des vols, mais c’était dans le 6e”.

Si certains touristes s’inquiètent de la situation, la plupart en sont surtout déçus, tout simplement. La Belle de Mai je ne sais même pas ce qu’il y a à voir, mais c’est pas dans nos plans ! Je ne suis pas du tout intéressé par ce quartier”, explique Pierre Jolly, vacancier. Assis autour d’une table, leurs boissons dans la main, deux couples de retraités rigolent quand on mentionne la Belle de Mai. “On a fait la visite le premier jour, mais ça ne nous a pas marqués. Du coup, on n’y va pas du tout ! C’est un quartier triste, qui ne bouge pas du tout et c’est sale”, s’emportent Marie-Antoinette et Emmanuelle, sous les murmures de leurs compagnons qui répètent “oui, oui c’est vraiment très sale…” Les quatre amis venus de Haute-Saonne l’affirment : s’ils avaient pu se le permettre, ils auraient réservé un hôtel en bord de mer.

“Ça ne nous dérange pas, mais ça ne nous arrange pas”

Il est vrai qu’entre la navette qui part et arrive au sein du club de vacances et l’arrêt de bus à quelques pas seulement, les touristes ont pour réflexe de sortir du quartier quand ils veulent se promener. Notamment parce qu’avec le séjour est offert le citypass, permettant un accès gratuit à tous les transports en commun. “On les voit à l’arrêt de bus, c’est tout. Ça n’apporte rien au quartier lui-même, ils ne lâchent pas d’argent. Même au marché ils ne viennent pas. Ça pourrait faire bouger le quartier si ça se passait autrement”, regrette Pierre, agent de sécurité, appuyé sur le comptoir du snack-bar Le Provence juste en face de l’arrêt de bus

De l’autre côté du zinc, le gérant, Christopher, renchérit : “On ne les voit jamais traîner ici. Il n’y en a aucun qui est venu manger ou boire un coup ici… Donc ça ne nous dérange pas, mais ça ne nous arrange pas non plus.” Le directeur général assure quant à lui qu’il existe des retombées économiques. “Moi, j’achète tout dans le quartier ! Et, concernant les snacks et bar, en même temps, c’est pas le même public. Les familles et seniors ne vont pas trop manger là-bas”, pointe Alex Nicola. Mais les habitants semblent espérer que les touristes s’intéressent davantage à leur quartier. “Ils pourraient au moins se renseigner sur l’histoire de la Belle-de-Mai. Il y a pleins de choses à voir ici”, poursuit Pierre, déçu mais espérant que “ça s’améliore avec le temps”.

“Les vacanciers ont une mauvaise image du quartier, on essaie de faire passer la nôtre”

Le personnel du village de vacances tente pourtant d’inciter les touristes à découvrir la Belle de Mai. “On est dans des logiques d’intégration avec le quartier, bien sûr. Le principe du village en ville c’est aussi de faire visiter le quartier dans lequel on est”, certifie Alex Nicola. Et cela commence par l’histoire même du lieu, l’ancienne maternité ayant vu naître entre 150 et 200 000 enfants. Le directeur général présente fièrement les panneaux explicatifs agrémentés de photos d’époque. “Nous avons aussi tenu à conserver le plus possible l’architecture”, explique-t-il. Notamment par un pan de mur d’origine, bordant le restaurant et protégé par une verrière.

 

Outre des informations sur le bâtiment, les touristes peuvent profiter des recommandations des employés. Une animatrice et guide, Bettina, revient d’une visite à la Friche de la Belle de Mai. “Rien qu’avec l’histoire de la Seïta [ancienne manufacture de tabac] et la visite complète, ça prend déjà 2 heures”, explique l’employée coiffée d’un chapeau de cow-boy. Elle complète en se promettant à elle-même que la prochaine visite sera en direction des jardins du couvent Levat (lire notre article). “Les vacanciers ont une mauvaise image du quartier, donc on essaie de faire passer la nôtre. Moi j’adore ici!”, poursuit-elle.

Robin, barman, lui aussi cherche à faire connaître une Belle de Mai qu’il apprécie tant. “Je leur dis tout le temps qu’il faut aller visiter le quartier ! Je leur parle des endroits que j’aime bien, comme le Chapiteau [où il est barman également], le cinéma Gyptis, le théâtre Toursky… Mais les vacanciers ne sont pas friands de ça, ils préfèrent le bord de mer.” Le personnel ne compte pas s’arrêter pour autant de conseiller ses clients sur le quartier. Les riverains, eux, espèrent pouvoir les rencontrer. Au snack Le Provence, on est même près à donner un peu de soi, comme le soutient Éric : “Et on les accompagnera avec plaisir faire un tour dans le quartier si on les croise”.

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Commentaires

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  1. EDorier EDorier

    et les gamins de la belle de mai, ils ont accès à la piscine pendant l’été ?

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    • toine toine

      C’est un centre (privé) de vacances. Pas une piscine municipale…

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  2. Germanicus33 Germanicus33

    Ce quartier est sympathique et on peut aussi aller admirer les réserves des musées de Marseille rue Jobin. Avant d’être une annexe de la SEITA, les bâtiments de la rue Bénédit appartenaient à la raffinerie de sucre Saint-Louis (usine Saint-Charles) dont la cherminée a été abattue après la seconde guerre mondiale.
    Il n’ y a pas que là qu’il y a des concerts: à la plage c’est infernal pour les riverains. Voici ce que dit l’un d’eux:
    Bonjour,
    Vous avez débattu le 8 juillet sur ” les plages du Prado qui sont fermées au public pour être utilisées par des personnes privées qui utilisent cet espace public pour diverses manifestations”. Il est bien évident que la ville de Marseille ne doit pas “mourir” et qu’un festival occasionnel est acceptable. mais que penser du Mama Beach, qui organise des soirées privées avec une musique assourdissante qui oblige les baigneurs à quitter l’eau vers 17 – 18h et empêche les pic-nics habituels sur la plage de la veille chapelle. Il faut savoir que les pic-nics à la plage l’été restent une des dernières activités gratuites pour les Marseillais modestes.Les soirées ont commencé tous les jeudis, mais maintenant il y en a parfois le mardi.
    Vous luttez contre la pollution, mais la pollution sonore est aussi omniprésente dans notre société et notre belle ville.
    Sauriez vous comment et à qui se plaindre, je crois qu’il existe une loi sur les décibels tolérables…
    Merci à tous

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  3. Alceste. Alceste.

    La “Belle de Mai ” telle qu’elle est vendue est morte et bien morte.
    Les vieux marseillais de souviennent sans doute du marché de la place Bernard Cadenat “, qui était très plaisant il y a quelques années avec une rue de la “Belle de Mai” animée , commerçante avec une pizzeria de légende “Chez Manzi”.
    Alors oui , les réserves da la rue Jobin, les archives municipales , “Plus Belle la Vie, la Friche. Mais un champs de ruines tout autour et sans cette ambiance typiquement marseillaise ( au vrai sens du terme) de l’époque et disparue aujourd’hui.
    Si vous voulez mesurer le changement , écoutez donc le morceau de Quartiers Nord : “La Poubelle de Mai” . Edifiant et un brin nostalgique à juste titre.
    Et ne me dîtes pas que “le c’était mieux avant” est une ânerie, car dans le cas d’espèce , c’étai mieux avant !

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  4. Tarama Tarama

    Quelqu’un a réellement cru que ce serait autre chose ?

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