Les membres d’un gang nigérian condamnés à des peines de quatre à dix ans de prison
Le tribunal correctionnel de Marseille a reconnu coupables 15 hommes affiliés à une violente confrérie nigériane implantée à Marseille.
Le tribunal correctionnel de Marseille lors du jugement des Aro Bagas. (Photo : CMB)
Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné les membres d’un gang nigérian à des peines comprises entre quatre et dix ans de prison, ce vendredi 24 novembre. Les 15 hommes mis en cause sont aussi interdits à vie de séjour en France. Ils étaient jugés pour violences, aide au séjour irrégulier, association de malfaiteurs, proxénétisme et viol. Ce jugement vient clôturer les trois semaines d’audience d’un procès hors-normes, par son ampleur, mais aussi par la place accordée dans les débats aux violences faites aux femmes.
L’enquête qui vise cette confrérie nigériane, baptisée Aro Bagas, avait démarré grâce à la plainte d’un couple de Nigérians exilés à Marseille se déclarant victimes de menaces. Par la suite, les alertes s’étaient multipliées. En tous, neuf femmes ont été identifiées comme victimes dans ce dossier. Elles sont toutes de nationalité nigériane. Elles ont expliqué aux enquêteurs avoir été forcées de se prostituer par des membres du gang. Pour leur sécurité, elles ont toutes quitté Marseille aujourd’hui.
En plus de ces faits de proxénétisme, l’enquête a permis de mettre au jour plusieurs scènes de viols collectifs. C’est la première fois que ce type de violences sexuelles était jugé par le tribunal correctionnel de Marseille. Et c’est en partie grâce au travail d’une association, l’Amicale du Nid, qui a soutenu et accompagné de nombreuses victimes tout au long de ce dossier. “Sans l’association, il n’y a pas de procès, estime l’avocate de la structure, Jennifer Attanasio. Et les peines prononcées aujourd’hui, c’est un signal fort. C’est la première fois que le tribunal se montre aussi sévère dans un procès de ce type.”
Dix ans de prison pour un viol collectif
Lors de la deuxième semaine d’audience, les magistrats avaient entendu Joy*. La victime avait raconté en détail “l’attaque du 30 mars 2020”, un viol collectif particulièrement brutal subi par quatre prostituées nigérianes. Les parties civiles avaient reconnu certains de leurs agresseurs parmi les mis en cause. Six d’entre eux ont été condamnés à dix ans de prison, la sanction maximale. En ce sens, le tribunal se montre plus mesuré que le ministère public, qui avait requis la sanction maximale pour neuf prévenus.
Ce groupe de six hommes, dont l’un s’est affiché durant le jugement avec une croix chrétienne massive autour du cou, n’a cessé de nier les faits. Ils sont restés impassibles à l’annonce du jugement. Tout autour d’eux dans le box, du personnel pénitentiaire était venu en renfort, suréquipé, pour canaliser d’éventuels débordements. Qui n’ont donc pas eu lieu.
Les neufs femmes constituées parties civiles ont toutes été reconnues comme telles par les magistrats. Les juges ont demandé 35 000 euros pour réparer le préjudice des femmes victimes de viol, et entre 2000 et 5000 euros pour celles prostituées de force.
Interdiction de séjour en France
Pour les prévenus n’ayant pas été reconnus coupables de viol ou de proxénétisme, les juges ont prononcé des peines allant de quatre à huit ans de prison. Ils sont principalement condamnés pour association de malfaiteurs et aide au séjour irrégulier. L’enquête avait permis de remonter une filière de passeurs établis à la frontière italienne.
En revanche, le jugement est allé plus loin que les réquisitions en prononçant une interdiction de territoire français pour tous les mis en cause. Celle-ci vise aussi Felix, un prévenu surnommé DJ Fearless poursuivi pour association de malfaiteurs. Il s’était montré plus coopératif que les autres au cours de l’enquête et comparaissait libre devant le tribunal. Ce vendredi, il a été condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis. “Vous avez déjà effectué votre peine en détention provisoire. Cela signifie que vous ne retournez pas en prison. Par contre, vous êtes interdit de séjour en France. Vous comprenez ?”, lui demande la présidente Christel Estienne-Garcia.
Le jeune homme était venu au tribunal tous les jours. Ce vendredi, il s’était muni d’un gros sac d’affaires, prêt à se faire passer les menottes à la barre. Il repartira libre, les bras chargés, mais en larmes. Tous disposent de dix jours pour faire appel de leurs condamnations.
*Le prénom a été modifié
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Espérons les autres gangs abandonneront ce système …
Se connecter pour écrire un commentaire.
La correctionnalisation des viols interroge ?
Accord entre les parties pour faciliter la tenue d’un procès ?
Question de moyens de la Justice ?
Se connecter pour écrire un commentaire.