Les frères Guérini face à leur destin

Actualité
le 28 Mai 2021
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Ce vendredi 28 mai à 14 heures, le tribunal correctionnel de Marseille rendra son jugement dans le cadre de l'affaire impliquant l'ancien président du conseil général Jean-Noël Guérini et son frère entrepreneur, Alexandre Guérini. Ce dernier risque d'être placé en détention à l'issue.

Alexandre Guérini le 16 mars 2021. Photo Emilio Guzman.
Alexandre Guérini le 16 mars 2021. Photo Emilio Guzman.

Alexandre Guérini le 16 mars 2021. Photo Emilio Guzman.

Ils vont retrouver la grande salle du Palais Monthyon qu’ils ont apprivoisée au fil d’un mois d’audience au début du printemps. À 14 h, ce vendredi, les frères Guérini sauront le sort que la justice leur réserve, pour la première fois depuis douze ans d’enquête. La confirmation d’un “dévoiement généralisé de la chose publique au service d’intérêts économiques privés” comme l’a affirmé le juge d’instruction Fabrice Naudé ou une affaire “politique” montée de toutes pièces comme ils le défendent.

Celui qui risque le plus est le benjamin du duo, Alexandre, multi-entrepreneur notamment dans le secteur des déchets. En requérant huit ans de prison ferme assortis d’un mandat de dépôt, le parquet a visé haut. “C’est baluchon, brosse à dents”, imageait un avocat à l’issue des réquisitions. Une manière de dire qu’à l’issue de l’audience, Alexandre Guérini risque un aller simple pour les Baumettes. Il a déjà connu la prison au début de l’instruction. Du 1er décembre 2010 au 18 mai 2011, Alexandre Guérini a été placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Luynes.

Alexandre risque dix ans de prison maximum

À l’audience, il n’avait pas cillé à l’annonce des réquisitions. Il avait au contraire entrepris durant les derniers de jours de checker les présents pour les saluer à l’issue des audiences. Depuis un peu plus d’un mois et demi, il a pris le temps de se faire à cette perspective. Lui qui n’a eu de cesse de travailler son dossier pendant onze ans sait que la probabilité est forte de quitter l’audience entouré de policiers.

Si c’est le cas, cela signifiera que le tribunal présidé par Céline Ballerini aura retenu contre lui le délit de trafic d’influence passif, le seul passible de plus de cinq ans d’emprisonnement, dans le cadre de la revente d’une de ses sociétés exploitant la décharge de la Vautubière (La Fare-les-Oliviers) à Veolia. Il lui est reproché de s’être placé en intermédiaire indispensable pour l’obtention d’une extension de l’autorisation d’exploitation de la décharge et d’avoir ainsi bénéficié d’un prix de vente supérieur. Un argument que la défense avait tenté de balayer en expliquant que le prix finalement payé était conforme aux intérêts de Veolia.

Risque d’inéligibilité pour Jean-Noël Guérini

À ses côtés sur le banc, se trouvera le frère auquel il ne parle officiellement plus, Jean-Noël Guérini. Tout le déroulé de Céline Ballerini durant l’audience a laissé transparaître la vision du dossier de la magistrate : Jean-Noël Guérini, président du département, aurait agi sous l’influence régulière de son frère. L’infraction qui lui est reprochée illustre cela : la préemption par le département d’un terrain à proximité de la décharge du Mentaure gérée par son frère qui en deviendra une extension lucrative.

Contre lui, les procureurs Patrice-Ollivier Maurel et Étienne Perrin avaient requis une peine de quatre ans d’emprisonnement dont deux avec sursis. Si l’orientation donnée par les deux magistrats était suivie, Jean-Noël Guérini éviterait, lui, la case prison. Mais s’il est condamné, il ne devrait en revanche pas échapper à l’inéligibilité. Il devrait alors renoncer à son dernier mandat de sénateur, celui de conseiller départemental s’arrêtant à l’été avec les élections.

Sauf exécution provisoire, il pourrait repousser le couperet en faisant appel, comme l’ensemble des huit autres prévenus. Alexandre Guérini est aussi susceptible de faire de même. Mais si un mandat de dépôt est prononcé à son encontre, il s’appliquerait de toute façon.

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