SOUFFLÉ
Les embauches gonflées de la ville de Marseille dans les écoles
Ce mardi, le syndicat CGT des territoriaux appelle à la grève les agents des écoles et des crèches marseillaises pour dénoncer le manque de personnel. Or, la veille de la conférence de presse du syndicat, la semaine dernière, la Ville annonçait 300 nouveaux postes. Mais entre création et simple remplacement, la réalité est plus contrastée.
Les embauches gonflées de la ville de Marseille dans les écoles
C’est ce que l’on appelle un mardi noir. Le syndicat CGT des territoriaux appelle à un mouvement de grève reconductible ce 8 mars pour dénoncer les conditions de travail dans les écoles et les crèches marseillaises. D’après un communiqué de la Ville, celle-ci s’annonce très suivie puisque plus de la moitié des cantines devraient être fermées et la majeure partie des crèches impactées. Une nouvelle journée de galère pour bon nombre de parents d’élèves.
La semaine dernière, en revanche, la Ville s’est fendue d’un communiqué beaucoup plus riche en promesses et fort à propos pour éteindre les braises. “Jean-Claude Gaudin annonce la création de 300 postes dans les écoles et les crèches marseillaises”, est-il écrit dans le document diffusé la semaine dernière. De fait, pour ceux qui en douteraient, “l’éducation constitue la priorité de la politique municipale”.
L’adjointe à l’éducation Danièle Casanova s’est dit simplement “ravie” de cette annonce dont elle n’avait pas encore pris connaissance le jour même. “C’était prévu, c’est quelque chose que nous avions demandé depuis longtemps, cela n’a rien à voir avec la grève annoncée”, assure-t-elle.
Pour les syndicats, il y a urgence à soulager les 4000 agents dans les écoles et crèches. D’après Pascale Beaulieux, secrétaire générale de la CGT territoriaux de Marseille, “le taux d’encadrement officiel est de 1 pour 25 en maternelle et de 1 pour 50 en élémentaire, mais au quotidien on est même à moins que cela. Le déficit de personnel est chronique et cela met les enfants en danger”. A Lyon, à titre de comparaison, le rapport est de 1 pour 12 en maternelle et de 1 pour 18 en primaire pour la pause méridienne.
“Cour des miracles”
“A titre d’exemple, les ATSEM [agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, ndlr] s’occupent aussi du ménage. Parfois on a l’impression de travailler à la cour des miracles. Ce n’est pas d’hier que nous dénonçons ces problèmes. Même si Charlotte Magri les a médiatisés. Moi, ça fait onze ans que je vois que les conditions se dégradent”, soutient Marie-Ange Darbas, déléguée CGT pour les crèches. Les deux syndicats minoritaires, CGT et la SDU-FSU, s’accordent sur la nécessité de “réinstaller des corps de volantes [personnel mobile, dédié aux remplacements -ndlr ] qui ont été absorbées par le manque de moyen”, précise Martine Charrier, déléguée SDU pour les écoles.
Pour les syndicalistes, le manque de personnel s’évalue à près de 300 postes. Pile le chiffre avancé par la Ville. Dans son communiqué, celle-ci annonce que “depuis janvier, plus de 60 agents ont ainsi pris leurs fonctions sur divers emplois d’adjoints techniques et 220 agents territoriaux spécialisés dans des écoles maternelles (ATSEM) seront également recrutés par concours”. Ce qui fait 280 postes.
Il est également annoncé que 70 agents techniques de restauration collective dans les écoles et les crèches seront recrutés par concours. Ce qui nous amène à 350 et non 300, mais passons…
“Pousser le bouchon”
L’adjoint aux finances Roland Blum prévoit un budget de 9,6 millions d’euros pour financer ces embauches. Force ouvrière se félicite de ces annonces notamment via une publication sur le profil Facebook de Patrick Rué, secrétaire général du syndicat des territoriaux. Dans le tableau ci-dessous, il est précisé qu’entre mars et avril, près de 150 agents doivent déjà prendre des postes entre les écoles (99) et les crèches (53). “Les lauréats des concours combleront les 150 postes restants”. Le syndicat qui s’octroie clairement ces “avancées” dénonce implicitement la poursuite du mouvement par la CGT : “À moment donné à force de pousser le bouchon trop loin on risque de tout perdre !”, peut-on lire.
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Pour la CGT, il n’y a pourtant rien de nouveau sous le soleil. “En théorie on attendait 160 postes pour mars / avril dans les écoles et 120 dans les crèches sur la même période”, explique Marie-Ange Darbas. Quant à la deuxième vague des agents qui doivent être recrutés par le concours de ce début de mois, “il faut rappeler que le concours concerne toute la région et pas seulement Marseille. Encore faut-il trouver les candidats désireux de travailler à Marseille. Et de toute façon, il faut attendre des mois avant qu’un lauréat soit recruté”, nuance Pascale Beaulieux (CGT écoles).
Départs à la retraite
Le communiqué de la Ville précise bien que pour parer aux éventuelles défections suite aux concours, elle organise en parallèle d’autres modes de recrutements (notamment, par mutation d’une cinquantaine d’emplois d’auxiliaires de puériculture, puéricultrices). Mais les précisions obtenues par nos soins auprès de la collectivité viennent nuancer l’annonce en fanfare :
Les 220 postes serviront à remplacer les départs anticipés à la retraite, dont nous ne connaissons pas encore les dates. En plus, 50 renforts recrutés hors concours sont attendus dans les écoles et 30 dans les crèches.
Patrick Rué admet que les chiffres du communiqué sont peu clairs. “On s’y perd. Globalement, on peut effectivement considérer qu’il va y avoir 80 postes de plus. Mais enfin, que les postes soient créés ou qu’il s’agisse de remplacements, au final, l’essentiel c’est qu’ils arrivent !” Ces 80 embauches annoncées correspondent aussi aux calculs de Martine Charrier, déléguée SDU pour les écoles qui souligne que ces chiffres regroupent “tous les métiers. C’est du saupoudrage et je suis généreuse.”
Au final, le remplacement des départs est bien majoritaire. Cela concorde d’ailleurs avec les propos de Jean-Claude Gondard, directeur général des services, avant le conseil municipal de février : il était question de “renforts” pour la police et de “remplacements” dans les écoles. La distinction est de taille.
Commentaires
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Comme d’habitude, la communication de la ville est en décalage total avec la réalité, qui est elle-même en décalage total avec les besoins. C’est lamentable.
Pour la rédaction: Cet article n’apparaît pas en page d’accueil, remplacé par l’article sur Bigard remonté à l’occasion de la journée des droits des femmes. J’espère que vous arriverez à y remédier !
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Au ridicule de la communication municipale s’ajoute le ridicule de celle du “syndicat” (sic) FO, comme d’habitude plus prompt à serrer les rangs autour de l’adhérent “d’honneur” (re-sic) et à faire sa publicité qu’à émettre la moindre critique.
Pour la rédaction : même remarque que celle de @Reuze. Je n’ai trouvé cet article que parce qu’il est annoncé sur Twitter, sinon il est invisible…
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(L’article est également présenté dans le mail de “quotidienne du matin”.)
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Oui Rué fier des négociations menées par FO et des résultats obtenus, fier aussi du travail des personnels de nettoyage de la voirie?…
Le maire de Marseille est surtout un adhérent “donneur”…
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Nous avons les agents territoriaux les plus inefficaces et les plus nombreux. Faut il en rajouter ??? NON !!!! Que les collectivites gerent mieux leurs services et effectifs au lieu de toujours plus embaucher pour une inefficacite toujours aussi lamentable !!!! Le contribuable n’est pas un idiot bon a raser gratis.
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