“Le temps a passé” : au procès HMP, le procureur requiert seulement du sursis et une relaxe
Le procureur de la République a rendu ses réquisitions dans le procès très politique du bailleur social de la Ville, Habitat Marseille Provence. Des demandes de peines avec sursis qu'il justifie par la lenteur de la justice dans ce dossier.
Bernard Oliver, ancien président d'Habitat Marseille Provence, à la sortie de son procès le 18 septembre. Photo : JML
“On parle d’un office public dont la charge est d’assurer à ceux qui en ont le plus besoin d’avoir un toit sur la tête”, rappelle Mathieu Vernaudon devant le tribunal judiciaire de Marseille. Au dernier jour du procès d’Habitat Marseille Provence (HMP), le procureur pointe la rigueur qui doit présider à la gestion d’un bailleur social et la sévérité qui doit sanctionner tout écart. Mais il regarde aussi le temps long entre les faits qui lui sont soumis à la charnière des années 2000 et 2010 et le moment où le tribunal doit juger un ancien président, trois ex-directeurs généraux et deux prestataires d’Habitat Marseille Provence : “Le temps passé doit avoir une conséquence en faveur des prévenus, je ne vais pas vous demander les mêmes peines qu’en 2011. Un détournement de fonds publics de 200 000 euros mérite d’aller en prison s’il est jugé rapidement. Ce serait inopportun aujourd’hui.”
La personne visée est Nicole L’Hernault, aujourd’hui octogénaire. Elle a quitté son poste sans ménagement sur décision de son président Bernard Oliver, à l’instigation du maire d’alors Jean-Claude Gaudin et de son responsable de l’urbanisme Henri Loisel début 2008, en pleine campagne des municipales. Un départ accompagné d’une prime de plus de 218 000 euros, aujourd’hui présentée par l’accusation comme illégale et donc répréhensible. Le procureur demande trois ans de prison avec sursis pour la directrice, deux ans avec sursis contre son président, des réquisitions assorties d’amendes.
Relations houleuses et “prix du silence”
Les intéressés se défendent de toute intention malfaisante et assurent de la légalité du procédé malgré une consultation juridique retrouvée à l’office qui indique l’impossibilité de toute prime de licenciement. Ils pointent surtout le contexte extrêmement tendu — Nicole L’Hernault dira de “harcèlement moral” — qui présidait à ce départ. Bernard Oliver, qui exécutera pourtant la commande de licenciement, raconte un office “qui ne faisait pas grand-chose” du fait d’une municipalité désintéressée par la question du logement social. Peu de temps avant, Nicole L’Hernault s’était plainte au maire de n’avoir reçu “ni confiance ni appui” de la mairie pour porter les missions de l’office. En pleine campagne électorale, la prime de départ aurait-elle constitué “le prix du silence”, comme le dira un salarié de l’office ? L’audience n’a pas permis de le démontrer, même si Bernard Oliver a insisté sur la discrétion qui devait prévaloir sur la crise à HMP pour ne pas nourrir l’opposition de gauche, alors en position de ravir la mairie.
Les relations avec la mairie colorent un autre pan du dossier visant les deux mêmes prévenus, ainsi que la directrice des affaires financières de l’époque, Christine Richard : le recrutement sans mise en concurrence de Marc Vanghelder et de son cabinet Leaders & Opinions pour des missions de communication à hauteur de 45 000 euros par an. “Le mobile du favoritisme pourrait être d’avoir un allié auprès de la Ville de Marseille”, expose le procureur Mathieu Vernaudon. Le spin doctor a conseillé Jean-Claude Gaudin et les collectivités qu’il a dirigées, participant même aux réunions d’état-major, les rendez-vous du lundi où le maire et sa garde rapprochée tranchaient les dossiers les plus épineux. L’homme, qui a conseillé d’autres politiques comme l’actuelle présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde, a plaidé coupable pour recel d’atteinte à la liberté d’accès des candidats dans les marchés publics : il s’en est sorti avec quatre mois de prison avec sursis et 2500 euros d’amende.
Relaxe demandée pour Stéphane Clément, ex-épouse de Renaud Muselier
La question du mélange des genres est de nouveau posée, ultérieurement, avec celui qui est installé comme directeur général en 2008, Jean-Luc Ivaldi. Ce collaborateur historique et ami de Renaud Muselier, désormais président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a continué de prendre des décisions concernant les prestations d’avocat réalisées par l’épouse de l’élu, Stéphane Clément. “On peut s’interroger sur la redevabilité de Jean-Luc Ivaldi à Renaud Muselier”, remarque Mathieu Vernaudon pour qui Jean-Luc Ivaldi, aujourd’hui directeur général de la Société du canal de Provence, n’a pas semblé “comprendre” le délit reproché, à savoir “la prise illégale d’intérêts”.
Le procureur réclame à son encontre six mois de prison avec sursis, mais demande “la relaxe” pour Stéphane Clément, “au bénéfice du doute”. À ses yeux, l’enquête a échoué à démontrer que celle-ci “avait connaissance” des interventions de Jean-Luc Ivaldi dans la répartition des dossiers de contentieux en sa faveur. Face à cette position inattendue, son avocat Erick Campana n’a plus qu’à enfoncer le clou. “Parce qu’elle a été mariée à un homme politique qui a eu des dizaines de collaborateurs, qu’un de ses collaborateurs a été mis à la direction d’HMP, elle a été jetée en pâture”, assène-t-il. Les avocats des autres prévenus espèrent bénéficier du même sort, au nom de la méconnaissance des règles applicables ou de la prescription des faits. Au terme de cette procédure lacunaire et particulièrement longue, tous connaîtront leur sort le 13 janvier avec le rendu de la décision du tribunal.
Commentaires
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Heureusement que ce procès n’a pas duré quelques temps supplémentaires sinon l’Etat aurait été obligé de verser une indemnité à des gens qui ont détourné des fonds publics pour 200 000 euros. Logique improbable et déroutante.
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Monsieur Leforestier, quel est le montant des amendes requis?
Merci
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Comme toujours tout le monde se sort de ces petits arrangements entre amis de la culture politique locale après 13 H …. combien d années d instructions cette fois ci pour arriver au même résultat ?
Voisin HMP 14 ans plus tard
A nous citoyens de juger si on veut continuer comme ça en prenant des décisions dans les urnes
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le fait d’invoquer ses propres manquements (turpitudes ?) pour juger ça inopportun et jouissif !!!
pourtant le mot d’ordre principal de la “justice” en france est : “il faut laisser du temps au temps”
13 ans ne semble pas être un délai énorme vu la rapidité de l’instruction de certains dossiers pourtant.
reste à analyser pourquoi le “bénéfice du doute” ne profite pas davantage à certains prévenus…
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Eh oui…sans doute les juges sont ils aussi des amis de M. Muselier et de ce petit cénacle des avocats marseillais…
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Si je comprends bien, sous couvert d’incapacité de la justice à traiter ces affaires dans un délai raisonnable , le procureur encourage les arrangements entre copains et la corruption. On n’a pas fini de voir les aigrefins roder et se servir sur Marseille.
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Le procureur aurait pu ajouter : c’est de l’argent public, donc c’est gratuit, donc il n’y a eu ni vol ni détournement
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Ou encore, en plus immonde, paraphraser le désormais célèbre maire de Mazan : “Après tout, personne n’est mort”.
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Leçon bien comprise par les voleurs d’argent public : pas vu, pas pris. Il suffit de se planquer. Champagne !
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Donc finalité de l’histoire ces la faute à une instruction trop longue ? Et l’argent détourner ils peuvent la garder !! La corruption a encore de beaux jours
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” Circulez il n’y a rien à voir ”
verdict : une petite tape sur la main et ne recommencez pas
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On verra bien le 13 janvier, et tous les espoirs sont permis !
me blanchard doit jubiler, « avenger » de la nouvelle droite autour de vassal, muselier et macron elle doit avoir le sentiment d’avoir gagné : youpi, soulagement pour me clement injustement bousculée par ce procès ! ben tiens, fermez le ban.
Ce qui est désolant dans ce procès, et ceux du même acabit, qu’ils soient en correctionnelle ou administratif, c’est généralement cette sorte de blanc-seing donnés à ces gens plutôt corrompus, plutôt avec un pouvoir décisionnel important, plutôt soutenus par les pouvoirs en place.
– c’est aussi d’une part, une impunité avérée, ou dans le pire des cas, une peine a minima,
– et d’autre part un délai incroyable entre les faits, et le procès.
Nous avons pu le voir à maintes reprises dans le passé récent ou lointain…guérini, lagarde, sarkozy, dupont moretti, balkany…j’en oublie. On peut comprendre que les enquêtes soient longues, en raison des délits ou au vu des personnalités incriminées, également on note l’usage outrancier des recours, mais 10 ans, 13 ans…. c’est vider le sens du procès.
Alors non seulement, tous ont été suffoqué d’indignation qu’on ose les poursuivre, mais en plus la plupart sont des monstres d’arrogance et pavoisent à l’énoncé du verdict.
Alors finalement, ont-ils gagné ??
Alors oui, de façon triviale, mais finalement plutôt non.
Que deviennent l’estime, le respect pour l’institution quand des particuliers comme moi reçoivent ce genre d’information ? et bien on n’y croit moyen, on méprise ces gens corrompus, ces élus qui profitent du système qu’ils ont arrangé à leur profit. Et surtout on ne leur fait plus confiance, il n’en valent plus la peine.
Ils ont juste gagné la dégradation de l’opinion des électeurs éventuels à leur égard.
Et ce qui est plus grave encore, ils ont organisé la perte de confiance en la « justice » !
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Le plus terrible dans tout cela, ce ne sont pas seulement les turpitudes des uns et des autres, c’est que pendant des années, le patrimoine de ce bailleur social n’a pas été géré, les attentes et les intérêts des locataires méconnus, le tout dans un climat de mépris de classe et de mépris des citoyens de la part de cette municipalité, élu-e-s, conseillers, cadres dirigeants et fonctionnaires proches de la décision politique compris.
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Réquisitions écoeurantes
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