"Le résultat d'une librairie, c'est 2 à 3% de son chiffre d'affaires"

"Le résultat d'une librairie, c'est 2 à 3% de son chiffre d'affaires"

La librairie est un secteur économique dont l'actualité est plus à la déploration des fermetures qu'à la célébration des ouvertures. Et si Marseille en 2013 était une exception? En tout cas, c'est un peu ce qu'on peut se dire en regardant le récent parcours de la librairie Maupetit, la grande est belle enseigne qui occupe le haut de la Canebière. Depuis le début de l'année, la librairie est à l'origine de la création de deux nouvelles librairies nées dans le giron des lieux d'exposition de Marseille Provence 2013 et en prépare l'ouverture d'une troisième.

Mieux encore, ces deux nouvelles librairies, l'une provisoire au sein du hangar J1, l'autre permanente au sein de la Friche Belle de Mai, ont été créées en partenariat complet avec deux autres libraires indépendants, ceux de l'Histoire de l'Oeil à la Plaine et l'Odeur du Temps, rue Pavillon. Directeur de Maupetit, Damien Bouticourt, revient sur la genèse de cette aventure. "En fait l'association MP2013 est venue nous voir avec cette commande de librairies dans leurs lieux d'exposition. On en a discuté au sein de l'association Libraires à Marseille et nous avons décidé avec Roland Alberto et Nadia Champesme de monter ensemble une société indépendante. Cela permettait de profiter de cette année capitale pour proposer des titres qu'on n'a pas forcément l'habitude de proposer dans nos librairies notamment des éditeurs régionaux importants. A la Friche, si nous faisons bien notre travail, l'aventure se poursuivra en 2014 en faisant le pari que nous aurons réussi à capter une nouvelle clientèle. Parce que c'est un quartier où il n'y a pas non plus de librairie".

Futur double libraire d'un musée national

Même s'il reconnaît essuyer les plâtres de ces nouvelles aventures, les trois libraires ont bénéficié de conditions avantageuses en termes de loyers et de charges. Et pour Damien Bouticourt, l'année du développement se poursuit avec la création en mai de deux nouveaux lieux de vente au sein du Mucem, à la fois au sein du Fort Saint Jean et dans le bâtiment dessiné par Rudy Ricciotti. "Un appel d'offres a été lancé l'an dernier et c'est Maupetit qui l'a emporté. Le contrat comprend deux espaces de vente : l'un au J4 de 264 m2 et l'autre dans le Fort Saint Jean de 44 m2. L'offre y sera très en lien avec les expositions qui auront lieu au Mucem, à la fois en lien avec les collections de l'ancien musée des arts et traditions populaires, et avec la Méditerranée".

L'an dernier, avec l'annonce par le gouvernement Sarkozy, l'heure était plutôt à l'alarme. Aujourd'hui, la vigilance est de mise mais l'avenir est plus ouvert. "Il faut savoir que le résultat d'une librairie, c'est 2 à 3% de son chiffre d'affaires. Le relèvement du taux de TVA risquait donc de faire passer ce résultat en négatif. Aujourd'hui, le nouveau gouvernement a annoncé qu'il allait ramener ce taux à 5,5% avec, en perspective, un passage à 5% en 2014. Cela donnera un peu de souffle aux libraires à défaut de faire baisser le prix du livre. En France, le prix du livre est unique et est fixé par l'éditeur". 

Loin de se réjouir des déboires de la chaîne Virgin, Damien Bouticourt y voit un risque pour toute la profession. "Dans notre secteur, quand un lieu de vente ferme, la clientèle ne se reporte pas ailleurs. Elle arrête d'acheter des livres". Il plaide donc pour une plus forte mutualisation avec un projet à venir intéressant. "On a déjà une habitude, entre nous, libraires à Marseille. Quand on n'a pas un livre, on essaie systématiquement de voir si un autre libraire ne l'a pas. Soit le client se déplace, soit il le reçoit chez nous. Là, on veut passer à la vitesse supérieure. L'idée est de dire que si un client vient dans une de nos librairies jusqu'à 13 heures à la recherche d'un livre et si le livre est à Marseille, deux heures plus tard, il l'a". Une manière de faire la nique à internet en jouant sur la solidarité locale. Bien joué.