Le rapport qui a convaincu la Ville de Marseille de prendre ses distances avec la SPA locale
La Ville de Marseille a informé la SPA locale qu'elle mettrait fin à son marché public de gestion de la fourrière avec un an d'avance. Bien qu'elle puisse candidater à nouveau, c'est un coup dur pour l'association qui a connu de nombreux tumultes. Parmi les raisons de cette rupture, une inspection vétérinaire qui pointe une "dégradation globale" des locaux de la fourrière.
Le refuge de la SPA Marseille-Provence, situé à la Valentine.
Cette fois, la mairie s’est décidée à intervenir dans les affaires de la SPA locale. La Ville de Marseille a décidé de rompre le marché public qui la lie à l’association pour la gestion de la fourrière animale, comme l’a annoncé La Provence samedi 18 avril. Le contrat devait pourtant durer jusqu’en août 2021. Mais la Ville a informé l’association le 23 mars dernier qu’elle ne signerait pas le dernier avenant annuel, et qu’en août prochain, le marché repartirait de zéro. Si la SPA Marseille-Provence pourra candidater de nouveau, elle doit s’attendre à être mise en concurrence avec d’autres candidats, bien qu’elle ait emporté la mise à tous les coups depuis au moins 20 ans.
Pour l’association, cette décision est forcément un coup dur. “Pour la SPA, perdre quasiment 700 000 euros par an, c’est la liquidation direct”, commente Xavier Bonnard, ex président de l’association et actuel “responsable bénévole” qui dénonce une décision prise “en pleine crise sanitaire alors que tous les marchés sont prolongés ou décalés”. Dans le cas où l’association perdrait le marché, l’activité de la fourrière quitterait les locaux de la SPA dans le 11e arrondissement et les 19 salariés rattachés à la fourrière seraient repris. Sur ce dernier point, Xavier Bonnard est sceptique, des salariés ayant des postes à cheval entre la fourrière et les autres activités de l’association, explique-t-il.
Plusieurs facteurs ont mené à la rupture du marché actuel. La nécessité d’élargir le périmètre du contrat est notamment avancée. À compter du 1er août prochain, il regroupera la capture des animaux errants (la fourrière municipale) et la stérilisation des chats errants qui avait été confiée à un autre prestataire lors du précédent marché.
Une “dégradation globale” de la fourrière
Mais comme l’a indiqué une source à la Ville de Marseille à La Provence, c’est aussi le “constat d’une défaillance par la préfecture” qui a joué. Le rapport d’une inspection menée en octobre par la DDPP (direction départementale de la protection des populations), en charge des questions vétérinaires pour l’Etat. Arrivé sur les bureaux de la préfecture, de la mairie et de l’association en janvier dernier, le document, que Marsactu a pu consulter, s’il n’est pas un brûlot n’est pas non plus tendre envers le refuge géré par la SPA.
L’inspection conclut à l’existence d’un certain nombre de non-conformités, jugées “mineures et moyennes” sur le site, où cohabitent les locaux dédiés à la fourrière municipale – où les animaux errants capturés sont gardés huit jours – et le refuge de l’association.
Sans être alarmiste, le rapport note une “dégradation globale” des locaux de la fourrière, avec des murs “dégradés et moisis” à certains endroits, certains boxes pour chien qui “ne permettent pas de protéger contre des grands écarts climatiques”. Des soucis sont aussi notés dans la traçabilité des animaux, ceux de la fourrière et du refuge pouvant être amenés à cohabiter faute de place, les fichiers d’entrées et sorties ne correspondant pas à la réalité observée par les inspecteurs. Globalement, le rapport regrette que ces observations déjà formulées par le passé ne soient pas suivies d’effet. Côté positif, les compétences du personnel et les équipements sont jugés conformes, ainsi que l’état de santé global des animaux. “Il n’y a en aucun cas de problème grave de relevés. Si tel avait été le cas, nous aurions reçu une mise en demeure de la part de la préfecture”, a commenté Xavier Bonnard auprès de La Provence. “Je fais tout pour ce refuge”, répond-il plus rapidement à Marsactu.
Mais les non-conformités constatées, conclut le service de santé et protection animale, constituent tout de même “des menaces pour les animaux en ce qui concerne leur bien-être (manque de confort dû a l’effectif et à l’environnement, compétition, impossibilité de réaliser l’ensemble du répertoire comportemental), leur santé (défaut d’hygiène, manque d’isolation, contact avec animaux à statut sanitaire incertain), leur intégrité physique (risque de combats entre les animaux dû à la surpopulation)”. Si la situation perdure, les services de l’État promettent une “stricte application” de la loi, avec des amendes pouvant aller de 450 à 1500 euros par animal.
Tensions politiques et accusation de “magouilles”
Ce rapport est aussi venu couronner plusieurs mois de relations tendues avec les services de la Ville et l’association. Le discret départ de Xavier Bonnard de la présidence, puis l’annulation de son élection datée de 2017 par la justice et la nomination d’un administrateur judiciaire (décisions qui sont actuellement suspendues en raison d’une procédure en appel) ont eu le don de crisper la mairie, qui confie à l’association un marché particulièrement important.
Depuis l’élection d’une nouvelle présidente, proche de Xavier Bonnard, durant l’hiver, la mairie aurait adressé plusieurs courriers à la SPA Marseille-Provence, notamment concernant le rapport de la DDPP, sans obtenir de réponse satisfaisante, indiquent plusieurs sources. Sollicités, ni le service de presse de la Ville, ni l’élu délégué à la protection animale, Guillaume Jouve, n’ont donné suite aux questions de Marsactu.
Pour Xavier Bonnard, la décision de rompre le marché est avant tout politique et relèverait de “magouilles”. Engagé dans la campagne de Martine Vassal, il pointe notamment le fait que Guillaume Jouve a lui soutenu le dissident divers-droite Bruno Gilles. Lequel Bruno Gilles compte parmi ses soutiens des ex-adhérents de la SPA, opposés à la gestion de Xavier Bonnard.
Ce dernier tire à vue et accuse aussi des fonctionnaires de la Ville de vouloir favoriser la reprise du marché par une entreprise privée. Des affirmations qu’il a formulées sur l’antenne de Radio Star au début du mois d’avril, citant nommément les fonctionnaires en question, de même que leur élu de tutelle. Xavier Bonnard se dit prêt à porter l’affaire devant la justice, et les personnes visées pourraient faire de même.
De quoi relancer la guerre fratricide entre les deux camps de la droite marseillaise. L’équipe Gaudin, prolongée dans son mandat, se serait bien passée de jouer les arbitres dans ce dossier épineux. Pour l’heure, la Ville de Marseille demeure donc officiellement silencieuse sur cette guerre larvée qu’elle a officialisée en rompant son contrat avec l’association.
Commentaires
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Dommage de ne pas parler des contentieux aux prud’hommes de plusieurs employes ni de la facon dont se sont deroulees les dernieres elections du conseil d administration au sein de la spa.Quand pense la nouvelle presidente ?
Ou en est-on de l appel aupres du tgi?
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Bravo pour cet article !
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Pour une fois que les services de l’Etat assurent un contrôle, on ne va pas leur reprocher de faire leur boulot? S’ils en faisaient autant pour les stations d’épurations qui déversent dans les calanques on ne s’en porterait pas plus mal (mais là les “clients” n’ont pas les mêmes copains…).
On ne compte plus les jurisprudences qui ont sanctionné les reconductions systématiques de marchés sans mise en concurrence. Si en plus, les clauses ne sont pas respectées, la décision de la collectivité de vouloir relancer la consultation est légitime. Un marché, c’est un marché. Les clauses doivent être respectées (même si pour d’autres les pouvoir publics ne veulent pas y mettre le nez).
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Marseille a donc lancé son appel d’offre pour le marché en DSP de la Fourrière et la stérilisation des chats errants le 11/04/2020 avec réponse pour le 11/05/2020… et malgré la crise du COVID cela n’a été prolongé que de 8 jours (18/05/2020).
· 2 lots dans cet appel d’offre de la ville de Marseille et ses chats errants
la Fourrière: budget entre 400 et 850 000 € HT
La stérilisation des chats errants (abandonnés): budget entre 80 et 180 000 €HT
Au vu de ces sommes que vous aimiez les animaux ou pas, vous devriez vous intéresser à cette dépense !
Historique du nombre de stérilisations à Marseille
2003 : 4 510 stérilisations
2004 : 4 039 stérilisations
2005 : 3 047 stérilisations
La SPA de Marseille s’est occupée de ce dossier pendant 17 ans, et sa mission était de stériliser 3 000 chats. Elle n’en faisait plus que 1 100 en 2013 . A quoi était consacré le budget non dépensé ???
Le marché lui a donc été retiré et donné à la « Fondation Clara » issue du Groupe SACPA, entreprise nationale à but lucratif. La ville n’a pas assuré le suivi des sommes dépensées ! Au lieu de mettre en place des commissions de suivi, elle a réduit le budget «On est passé de 300.000 à 90.000 euros. 70 €/moyenne/chat = 1 285 stérilisations possibles.
10/09/2018 : Seulement 570 chats stérilisés par la « Fondation Clara », alors qu’1 seule nourricière en a stérilisé 100 entre janvier et septembre 2018.
Pourquoi ne prévoit que de gérer le problème des chats de rue, une fois qu’ils sont déjà à la rue, plutôt que d’empêcher qu’ils aillent à la rue en finançant des bons de stérilisation ? Si ce n’est pour entretenir un marché ?
http://sterilisation-chats-errants.blogspot.com/2020/05/
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