Le préfet envoie les élus à la pêche à la ligne

Le préfet envoie les élus à la pêche à la ligne

Ce n'est un scoop pour personne : la ligne à grande vitesse (LGV) jusqu'à Nice est enterrée. Et cela ne veut pas dire qu'un long tunnel évitera de bétonner les champs et de couper la vigne. "Au niveau national, les 14 projets de LGV en France devront être hiérarchisés par ordre de priorité, explique le préfet Hugues Parant, à l'occasion de ses voeux à la presse, ce matin. Tous ne se feront pas dans l'immédiat. C'est pour cette raison qu'il faut mettre les élus locaux devant leur responsabilité pour qu'ils soutiennent le projet de Ligne Nouvelle Paca". En lieu et place, Réseau ferré de France et le comité de pilotage qui réunit l'ensemble des acteurs concernés réfléchissent en effet à une nouvelle infrastructure, nom de code projet Mistral qui permettra d'alléger le réseau TER, largement saturé.

Et il faut aller vite, car en cette période de disette budgétaire le gouvernement a mis en place une commission baptisée "mobilité 21" qui passe au crible les projets de transports sur l'ensemble du territoire avant de rendre son verdict au mois d'avril. Or, il faut convaincre les membres de cette commission que la région est prioritaire. Notamment du fait de son retard.

"Le réseau date de 1860"

Le préfet ne se fait pas prier pour dérouler l'argumentaire, retranscrivant aussi les attentes formulées à l'occasion du débat public consacré à la LGV Paca. "Notre région vit une véritable thrombose au niveau des transports notamment due au fait que les 4/5e de la population vit sur une bande côtière de 20 kilomètres de large, reprend Hugues Parant. Avec le logement, c'est le principal frein à l'attractivité du territoire."

Pour lui, la seule manière de sortir de cette impasse automobile est un réseau de transport ferroviaire performant. "Or, le réseau date de 1860. Forcément, il n'y a pas de report modal de la route au rail". Dans ce projet de ligne nouvelle, on trouve toujours les gares dites "filantes", ce qui suppose de gros travaux pour en créer une à Saint-Charles, en souterrain de l'existante.  

Cette deuxième ligne entre les grandes métropoles de la région doit permettre de dégager les TGV et le fret de la seule ligne en usage aujourd'hui. Le préfet se rassure comme il peut en saluant le geste des élus du Var qui, par voie de motion, ont dit qu'ils souhaitaient cette ligne nouvelle "tout comme le maire de Nice et le président du conseil général des Alpes Maritimes". Mais pas un mot sur l'opposition persistante des Aubagnais qui ne veulent pas voir "défigurer leurs paysages". Force est de reconnaître que ça ne se bouscule pas au portillon dans les Bouches-du-Rhône : même la chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence n'a que peu relayé la campagne de son holomogue de Nice, qui a lancé une pétition pour défendre le projet.