Le Grand conseil de la mutualité enfin entendu à Paris ?
Ils n'ont pas le caractère symbolique des Fralibiens, ouvriers en lutte contre une délocalisation décidée par la multinationale Unilever, représentants d'un des derniers sites encore en vie de la naguère industrielle vallée de l'Huveaune. Ils n'ont pas non plus vu défiler depuis des mois des candidats à la présidentielle et aux législatives sur cet enjeu de campagne que constitue la relance industrielle, même s'ils ont su localement retenir l'attention notamment des conseils général et régional.
Depuis novembre, les 1200 salariés du Grand conseil de la mutualité (GCM, regroupement de mutuelles gérant un important réseau de santé dans le département, dont 11 centres médicaux) sont pourtant face à un redressement judiciaire qui menace d'amplifier des dégâts sanitaires et sociaux déjà enclenchés.
Courrier à la ministre
"La santé passe toujours au dernier plan. On en a très peu entendu parler pendant la campagne, les candidats s'en saisissent peu", regrette Sandra Camillieri-Allais. La présidente du GCM reconnaît que "la mutualité a encore des efforts à faire pour se rendre plus démocratique et visible de nos concitoyens, alors qu'un Français sur deux est mutualiste". Mais "mise" clairement sur "la période électorale" pour porter son dossier en haut lieu, vers où "nos interlocuteurs locaux nous renvoient".
Depuis quelques jours, ce grand corps malade voit un peu plus de monde se pencher à son chevet. Le courrier de Sandra Camillieri-Allais à la nouvelle ministre de la Santé Marisol Touraine – daté du 25 mai et envoyé mercredi à de nombreuses rédactions dont Marsactu – a donné lieu à une dépêche AFP, voie royale pour des reprises par la presse, comme cet article du Nouvel Observateur.
Les syndicats donnent le dossier à Ayrault
En parallèle, les syndicats ont profité de la visite – non officielle mais électorale – mercredi du premier ministre Jean-Marc Ayrault pour lui toucher quelques mots et lui remettre un dossier sur leur situation. Un cas dont lui avait déjà parlé dans le train, a-t-il indiqué, sa ministre Marie-Arlette Carlotti – Marseillaise et dont la délégation aux personnes handicapées dépend de Marisol Touraine.
Pour Sandra Camillieri-Allais, l'enjeu est clair : arriver devant le tribunal de grande instance de Marseille, où une audience intermédiaire est prévue le 12 juin, avec l'assurance que l'État prendra "deux mesures d'urgences". La présidente du GCM soulignant dans son courrier à la ministre qu'il a déjà, aux côtés des fédérations de mutuelles françaises, "pris ses responsabilités", notamment via un plan d'économies adopté en conseil d'administration le 23 mai.
23 millions sur 26 en jeu
Première mesure : "l'abandon par l'Etat de 8 millions de dettes fiscales et sociales (Urssaf etc.), qui permettrait de diminuer notre passif de 26 millions d'euros". Deuxième mesure : "on demande une intervention sur l'Agence régionale de santé (ARS) pour faciliter le transfert d'activité de la clinique de Bonneveine vers un autre opérateur". Après le renoncement du dernier candidat en lice – le groupe SOS, qui indique dans son courrier avoir "consulté les autorités" – "on a cru comprendre que l'ARS n'était pas favorable à un maintien de l'activité. Elle s'en défend, mais son schéma régional de l'offre de soin que l'offre est suffisamment abondante dans le secteur Sud de Marseille."
Avec le transfert des 120 lits de cette clinique – contesté par les syndicats qui soulignent l'équilibre qu'elle a atteint en 2011 quand la présidente du GCM craint qu'elle "replonge" en 2012 – c'est "au-delà du volet social majeur notre capacité à mettre en oeuvre le plan de redressement qui est en jeu". Autrement dit la vente d'un patrimoine estimé à 15 millions d'euros par France Domaine (un service rattaché au ministère des Finances), qui viendra alléger fortement la dette déjà évoquée.
Restera ensuite le déficit, sur lequel le GCM entend peser avec des mesures salariales et des réorganisations internes (gestion de l'accueil et des rendez-vous, regroupements d'activités…). Les financements publics que direction comme syndicats considèrent que leurs spécificités sociales devraient amener étant eux "à long terme" car dépendant de négociations nationales. "Ce qu'il faut pour le tribunal, c'est un redressement à court terme", souligne Sandra Camillieri-Allais. Pour éviter trop de casse sanitaire et sociale, une accélération dans ce domaine des pouvoirs publics serait quand même bienvenue…
Le courrier de Sandra Camillieri-Allais à la ministre Marisol Touraine
Lettre GCM à la ministre de la santé
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