Le capitaine Guérini du Paquebot Bleu touché mais pas coulé

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le 14 Nov 2011
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Le capitaine Guérini du Paquebot Bleu touché mais pas coulé
Le capitaine Guérini du Paquebot Bleu touché mais pas coulé

Le capitaine Guérini du Paquebot Bleu touché mais pas coulé

« Tous les engagements que le Conseil général a signé seront tenus et respectés à la lettre ». C’est par ce tweet laconique que Jean-Noël Guérini a confirmé dans l’après-midi ce qu’il avait expliqué un peu plus tôt à la presse : « il n’a jamais été question de « couper » des subventions » du CG13 à des projets de la communauté urbaine de Marseille tels que l’aménagement du Vieux-Port ou le tramway rue de Rome. Rétropédalage face à l’hallali qui s’est élevé après la publication de la lettre où le président socialiste de la collectivité en informait son homologue et ex-homme lige de Marseille Provence Métropole (MPM) Eugène Caselli ? La version du 9e étage du Paquebot bleu ménage évidemment davantage son locataire.

On aurait tout simplement mal compris la missive, y voyant une déclaration de guerre un 11 novembre (jour de la une de La Provence) quand il s’agissait d’une simple mise au point. Pire, « la polémique qui suit détourne l’attention des médias et des citoyens de l’essentiel : le maire de Marseille a décidé unilatéralement de changer les éléments d’un partenariat à trois, le président de la CUM l’a suivi, et ils ont considéré qu’ils n’avaient pas besoin de demander l’avis du président du Conseil général pour avancer ». Et d’insister : « Le Conseil général n’est pas un tiroir caisse ». Voire. On vous laisse relire le fond du dossier dans les documents publiés dans notre article de vendredi, mais la divulgation immédiate de la lettre à la presse par JNG montre qu’il ne visait pas simplement à un échange entre présidents de collectivités.

Toujours est-il que Guérini s’est « tiré une balle dans le pied », selon l’expression du Nouvel Observateur. Une « connerie monstrueuse », confiait même à Libération un « fidèle » de JNG. Retour sur quatre jours mouvementés. Après le courrier du 9 novembre, la contre-attaque d’Eugène Caselli le lendemain a été fulgurante : utilisant la même arme de la lettre déposée à la rédaction de La Provence, le président de MPM dénonce une « tentative de mise sous tutelle » et « une attaque politicienne » contre ceux, dont il fait partie, qui ont pris ses distances avec lui.

Mennucci et Carlotti embrayent, Caselli relance

Patrick Mennucci, maire du 1/7 et autre opposant déclaré embraye, appelant sur Twitter « [ses] camarades conseillers généraux de Marseille a refuser le diktat de Jean-Noël Guérini ». Suivi d’une des rares intéressées à avoir appelé à sa démission, Marie-Arlette Carlotti, estimant que « le président du CG13 ne peut décider tout seul du non-respect du plan quinquennal. Il en va de l’intérêt de Marseille » et assurant que « les conseillers généraux PS de Marseille n’accepteront pas que dans sa fuite en avant Jean-Noël Guérini nuise aux Marseillais ».

On le voit, même enrobé de justifications plus ou moins sérieuses, le coup politique de JNG a le désavantage de ne pas être très porteur : un président qui semble utiliser comme mesure de rétorsion le robinet à subventions dans une ville qui en a bien besoin, cela passe mal. L’opération tournant mal pour son initiateur et probablement informé (La Provence l’avait sous-entendu pendant le week-end) que Jean-Claude Gaudin allait réagir, Eugène Caselli enfonce ensuite le clou ce lundi avec un appel sur le mode « Indignez-vous » à ses camarades du CG13.

Lâché par le dernier carré ?

Médiatiquement, c’est la curée pour l’ancien tout puissant patron du CG13 et du PS13. « Guérini lâché par le dernier carré de ses proches », titre Le Figaro, qui reprend des extraits d’écoutes publiés, le hasard (?) faisant bien les choses le matin même par Libération. Olivier Bertrand, le correspondant de Libé à Marseille qui laisse entendre que « la fin semble donc proche. Dès le prochain vote, Jean-Noël Guérini risque en effet d’être mis en minorité dans l’assemblée départementale ».

Avec des mots durs d’Eugène Caselli, comme pour planter les dernières banderilles : après son retour de son vrai-faux retrait de la présidence « il a voulu montrer qu’il était encore le patron, qu’il exerçait toujours un pouvoir de contrainte. C’est pour cela qu’il m’a écrit. Mais il n’avait pas réalisé que sa parole était dévaluée, qu’elle ne porte plus. En rendant public ce courrier, c’est sa propre faiblesse qu’il a affichée », tranche celui que les frères Guérini surnommaient Brushing. Et une analyse en fin d’article de confirmer cette chute annoncée : maintenant que le président socialiste du conseil régional Michel Vauzelle, qui a lui aussi eu maille à partir avec JNG, fait couler les millions à Marseille via des contrats de développement, « nous n’avons plus besoin de lui (…) son système de contrainte achève de s’effondrer », lance Caselli.

Gaudin sort du bois au son du cor ?

Et pour parachever cette atmosphère de fin de règne, la sortie virulente du maire Jean-Claude Gaudin se détachant de la passivité de son rôle d’observateur. « Monsieur Guérini a franchi la ligne jaune », tonne-t-il,  face à cet ‘ »acte illégal », cette « vendetta vis-à-vis de ses anciens amis socialistes ». Avant d’alourdir la barque, rappelant que « l’argent du peuple n’est pas dans les mains d’une seule personne, nous ne sommes que les gérants de l’argent public »

Une incursion sur un thème qui intéresse actuellement les enquêteurs : l’aide aux communes. Trois mois après les municipales 2008, « on recommence une autre campagne, qui vous intéresse moins car elle est plus discrète, plus feutrée : les sénatoriales. Et à ce moment-là je dis « Monsieur Guérini fait campagne avec le revolver et le chéquier. Ca n’avait ému personne« , glisse-t-il, rappelant que ce n’est q
u’avec sa reprise par le maire UMP du 4/5 Bruno Gilles en plein Guérinigate que la citation a finalement été remarquée.

Interrogé sur la signification de cette assertion sibylline, le maire lance la définition : « aller voir un maire de droite, lui dire « tu as quinze voix, je sais que tu es pour Gaudin mais tu me donnes la moitié sinon tu seras au pain sec et à l’eau »”. Bref, s’« il n’arrive pas avec un flingue, lui », l’aide aux communes, « c’est là où M. Guérini avec le pouvoir de l’argent du conseil général peut attirer des élus vers lui ». Le tout illustré d’une de ses anecdotes croustillantes et à tiroirs dont il s’est fait une spécialité :

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Effet rétro

N’en jetez plus… Sauf que, le maire de Marseille l’a bien dit : « il faut que ce soient les élus du conseil général, les socialistes qui le lâchent. Ou même les communistes, on les a jamais entendus ceux-là, ils sont sans doute très bien traités… » Alors certes, comme le raconte Libé, l’épisode épistolaire en a « ébranlé » plus d’un : « On s’est beaucoup appelés ce week-end entre conseillers généraux. Tout le monde est stupéfait. On fait partie d’une majorité, on le soutient dans l’orage, et il ne nous met pas au courant d’une telle lettre ? », lâche un conseiller qui, tremble Jean-Noël, précise qu’il parle sous couvert d’anonymat « pour l’instant ».

Mais on n’a toujours pas entendu les communistes amorcer l’once d’une désolidarisation du président qu’ils ont réélu en mars. C’est aussi vrai pour les socialistes, où ceux qui seraient partants pour former un groupe dissident, voire voter une motion de défiance, ne se comptent pas encore sur une main.

Malgré la volée de bois vert qu’il a reçue et l’impression de rétropédalage, en réagissant ce lundi après-midi, JNG ne leur a pas laissé le temps de reconsidérer leur position, ni à François Hollande de passer le coup de fil réclamé par Gaudin pour qu’il le « lâchent ». Tout cela n’est qu’une méprise et les engagements du CG13 seront bien évidemment tenus. Ça enlève un poids pour le camp Guérini… Il n’y a donc même pas à voter en assemblée plénière un retrait des financements. Tout est bien qui finit pas trop mal pour l’occupant du 9e étage qui n’est pas (encore ?) à terre… Signal qui n’a échappé à personne : alors même que Gaudin montait à l’abordage, lui dissertait tranquillement sur son blog sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2012.

Un lien Actualisation : lire en intégralité la réaction de Jean-Noël Guérini, publiée dans la soirée sur son blog

Un lien Caselli à l’assaut de la maison Guérini, sur Marsactu

Un lien C’est la guerre épistolaire entre Caselli et Guérini

Un lien Le Guérinigate, c’est quoi ? Réponse avec notre infographie interactive

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Commentaires

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  1. VieuxPort VieuxPort

    Marseille et le 13 ont sans doute d’autres choses à faire que de gérer les élucubrations de cet énergumène… Vivement que le juge Duchaine passe la seconde !

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  2. koukou koukou

    Si la France entre récession comme la Grèce, Guérini fera encore ce qu’il veut avec l’argent des contribuables ?, sauf que l’argent il n’y en aura plus ….
    et la il pourra aller se faire voir, chez les Grecs éventuellement …
    il se prend pourquoi, il n’a rien compris et se fout de la situation des Marseillais et des Français globalement.
    Il n’y en a que pour sa gueule

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  3. koukou koukou

    “Gaudin sort du bois au son du cor ?”
    Wouahhhh le vieux cerf !
    attention les chiens sont aux abois MDR !!!

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  4. Gérard Gérard

    Bon papier (non, vous ne rêvez pas…), je ne me lasse pas de la sempiternelle anecdote de Gaudin (haaaaa.. l’huile d’olive…c’est bon quand même…et les paniers…) ! Reste qu’il manque quand même un truc essentiel à votre article : la réponse de Guérini, ses arguments, son pourquoi… Je suppose qu’il s’agit d’un souci de mise sous presse…

    A 19h pourtant la plupart des médias l’avait déjà “dans la boîte” de ce qu’en j’en ai vu sur le net (France 3, LCM, La Provence et sur Twitter n’en parlons pas…).

    Plus tardivement, Guérini dit des choses sur son blog en guise de riposte : http://www.jn-guerini.fr/2011/11/14/cg13-cum-une-polemique-destinee-a-faire-oublier-l%E2%80%99essentiel/

    Mais je suis assez d’accord sur ce que je comprends, entre les lignes, de votre article. Guérini, en fin politique, a voulu démontrer qu’il y avait une alliance objective désormais entre Caselli (conseillé par Mennucci) et Gaudin et que les distorsions n’étaient que de façade pour amuser la galerie… seulement verbales donc… Un changement de lignes? Un coup politique?

    Affaire à suivre…

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  5. Ricou 24. Ricou 24.

    Putain, il n’a pas été si bon que çà le Président Guerini,d’un coup de maitre il finit par lacher sur les coups de Caselli et Gaudin (pas un mot de Muselier).

    Moi qui connait tous les travers de cette histoire,les méthodes de chacun ,l’escroquerie intellectuelle de la justice ,j’ai appris ces derniers jours que le force du système est plus forte que tout le reste et toute vérité,l’individu doit s’écarter avant d’être pris par la vague quand les signaux sont aux rouges et ils le sont.

    La sortie çà se prépare,çà se négocie,çà se communique sans rancoeur,tranquillement,tant qu’on est encore debout et vaillant.

    Je n’ai pas autorité et pas mandat, mais Il faut partir,c’est l’heure,et si Ricou 24. vous le dit………..c’est que l’on doit être plus que tout les deux, ou pas loin, sur la ligne de front.

    On a perdu,c’est la règle,place au jeux politique suivant et à une redistribution des cartes.
    Les vainqueurs ne sont pas à féliciter mais à prendre en compte.

    Ricou 24.

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  6. TONARA TONARA

    Il a essayé !!!, mais il n’a pas réussi !!!

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  7. Gérard Gérard

    bon, moi j’ai répondu aussi mais “Votre commentaire est en attente de modération”…

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  8. Yvettedu13 Yvettedu13

    Triste fin mais quand je vois tous ces socialistes qui ont vécu grassement grâce à Guerini (emplois de complaisances pour eux ou leur famille, mandats cumulés, subventions demandées pour leurs propres intérêts clientelistes, …) et qui maintenant se battent pour être les premiers donneurs de leçon, je me dis que le ps marseillais est loin de changer!

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  9. Alain Le Lougarou Alain Le Lougarou

    MENNUCCI ferait mieux de se taire au niveau de donneur de leçons de morale.
    Qu’il nous explique comment il a obtenu un emploi grassement payé à 13 DEVELOPPEMENT qui est dans le collimateur des juges et quel travail réel il y effectuait.
    MENNUCCI devrait aussi nous expliquer pourquoi les enquêteurs ont retrouvé la carte de visite de sa compagne sur le yacht habité par une personne condamné par la Justice et en fuite depuis 10 ans ( lire article du journal Backchich Revient).

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  10. furax furax

    franchement ” comme t étais comme t es devenu!!!”
    tu fais pitié!!!

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  11. Rufus Rufus

    L’article est hagiographique. Le post sur son blog est une fausse sérénité et une insulte à l’intelligence à l’instar des lettes hebdomadaires du PS13 où il n’a jamais été question des demandes du BN ; seulement de l’inscription sur les listes électorales ou de telle ou telle manifestation organisée par l’un(e) des illettré(e)s promus par le conquistador du fait de sa très haute clairvoyance.

    Allez, tous, aux barbaresques !

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  12. Marqueur Marqueur

    Gai gai c’est Babar sur son pédalo qui va morfler…en 2012

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  13. effervescence13 effervescence13

    Faits troublants, le 9 juillet 2010, en pleine affaire Woerth-Bettencourt, la rédaction-en-chef France de l’AFP décidera de ne pas rendre publique une enquête intitulée « Un député UMP finance un programme de défiscalisation à l’île Maurice » L’Observatoire des Médias Acrimed dénoncera cette affaire le 9 décembre 2010 dans un article titré : « Une enquête de l’AFP met en cause un député UMP ? Censurée »
    http://www.acrimed.org/article3495.html

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