Sapeur et sans reproche
L’ancien colonel des sapeurs-pompiers convoqué par le juge
(De nos archives) Après le député et ancien président Jean-Pierre Maggi, mis en examen pour détournement de fonds publics, le colonel Luc Jorda, directeur du service d'incendie et de secours, est à son tour convoqué par le juge d'instruction.
L’ancien colonel des sapeurs-pompiers convoqué par le juge
À peine a-t-il eu le temps de savourer sa retraite que le colonel Jorda renoue avec son passé de pompier. Et pas de la meilleure des façons. En effet, c’est pour ses responsabilités de directeur du service départemental d’incendie et de secours du département (SDIS 13) que ce dernier a rendez-vous avec le juge Cotelle cette semaine. Très logiquement, cette convocation fait suite à l’audition de l’ancien président du service, le député apparenté radical de gauche et maire de Velaux, Jean-Pierre Maggi.
Jeudi 22 janvier, ce dernier est ressorti du bureau du juge d’instruction avec une mise en examen pour détournement de fonds publics, trafic d’influence, favoritisme et prise illégale d’intérêts. Luc Jorda pourrait sortir avec le même statut du bureau du juge d’instruction. Pendant plus de quinze ans, les deux hommes ont piloté en étroite liaison ce satellite du département des Bouches-du-Rhône.
Un duo d’hommes
En 1997, Luc Jorda prend la tête du service. Un an plus tard, le maire de Velaux et conseiller général d’alors, Jean-Pierre Maggi, prend la présidence du conseil d’administration. Les deux hommes pilotent de conserve cet important service qui comprend aujourd’hui 1229 sapeurs-pompiers professionnels, 4000 volontaires et 400 agents administratifs.
Si, dès son arrivée, Luc Jorda jouit d’une réputation nationale dans le petit monde des sapeurs, au niveau local, celle-ci est des plus sulfureuses. Dès son arrivée, sa façon de mener les hommes crée de sérieux clivages au sein du service. On lui reproche d’être cassant, brutal et de mener le service du Boisbaudran avec un petit clan d’affidés, parfois au mépris des règles et des lois, ce que relèvera la chambre régionale des comptes dans son rapport en 2013.
Le Cireex au cœur
En 2010, la responsabilité des deux hommes est au cœur d’une lettre de dénonciation rédigée par trois agents du service et transmise au procureur de Marseille et à la chambre régionale des comptes. Ce courrier dûment circonstancié décrit par le menu des manquements supposés aux règles des marchés publics, notamment dans la création du centre international de ressources d’études et d’expertise (Cireex) à Fos-sur-Mer.
Ce coûteux centre dévolu à la lutte contre les risques industriels a donné lieu à un audacieux partenariat public-privé qui a fini par coûter près de 700 000 euros au service départemental. En décembre 2013, la chambre régionale des comptes a jugé le comptable public en charge du SDIS, débiteur de cette somme.
Dans le même rapport remis au procureur, les sapeurs dénoncent le mode de recrutement au sein du Sdis, particulièrement généreux avec les habitants de Velaux comme avec les proches du président Maggi.
Sur le bureau du juge Duchaine
L’ensemble de ces faits conduit à l’ouverture d’une information judiciaire confiée en 2011 au juge Charles Duchaine. Dès le mois de décembre de la même année, ce dernier diligente une perquisition dans les locaux du SDIS, avenue du Boisbaudran (15e arrondissement). Au lendemain de celle-ci, dans un entretien à La Provence, repris sur le site du SDIS 13, le colonel Jorda décrit son service comme “serein”.
Parallèlement à l’information judiciaire qui connaît une longue période d’atonie – le juge Duchaine étant passablement occupé par ailleurs – les magistrats de la chambre régionale des comptes, saisis des mêmes faits, plongent leur nez dans les affaires des pompiers. Les conclusions du rapport provisoire entraînent une tempête au bateau bleu quand elles finissent par tomber sur le bureau du président de l’époque, Jean-Noël Guérini. Ce dernier prend alors la présidence du service et tente de colmater les brèches ouvertes par les procédures en cours.
Guérini en faux “chevalier blanc”
Si, lors des conseils d’administration, il s’est montré parfois sévère avec Luc Jorda, il l’aura maintenu à son poste jusqu’à son départ à la retraite le 25 juillet 2014. Un départ que certains réclamaient depuis de longues années. Car c’est loin d’être la première des tempêtes judiciaires qu’affronte le Catalan.
En 2002, trois officiers ont porté plainte pour harcèlement moral. Seule l’une de ses plaintes a prospéré jusqu’à la barre du tribunal correctionnel, celle d’Isabelle Bérard, en charge des ressources humaines. Elle estimait que le colonel avait bloqué toutes ses chances de promotion. Onze ans après sa plainte, le tribunal a relaxé Luc Jorda des faits reprochés.
Grève de la faim en 2004
En 2004, d’autres pompiers ont croisé le fer avec l’intéressé, déclenchant même une grève de la faim de plusieurs semaines pour neuf d’entre eux. Au cœur de ce conflit, la dégradation du lieutenant Serge Montesinos, dégradé au rang de major pour avoir dénoncé dans une lettre ouverte les pratiques du colonel, faisant fi de son devoir de réserve. Il faisait partie des officiers ayant poursuivi leur directeur pour harcèlement, procédure qui a débouché sur un non-lieu.
Si ces précédentes polémiques ont nourri en leur temps une riche chronique médiatique, l’information ouverte qui donne lieu à l’audition du colonel cette semaine, est sans doute l’épisode le plus sérieux de la relation que l’homme vit avec la chose judiciaire.
Commentaires
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Toujours relaxé….il s’en fout Jorda des relations avec la “chose judiciaire”….
Il bénéficie de délais somptueux : par exemple 11 ans pour une accusation de harcèlement. Pas de raison que ce ne soit pas le cas dans ce dossier…
Il est à l’abri Jorda…..il a toujours été soutenu, maintenu…pas le cas de tout le monde.
C’est qui, c’est quoi le prochain dossier ?
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Tant que nous aurons des maires et des présidents il y aura des agents « dévoués » qui prendront les mêmes trajectoires égocentriques, profitant des latitudes données par le pouvoir. Les conseils municipaux votent des crédits sur des postes d’agents dont ils ne connaissent pas les noms, ce qui se justifie par les règles d’égalité de traitement mais qui laisse aux élus à la tête des collectivités toutes les possibilités pour arroser qui ils veulent. Pareil pour les marchés : depuis que les règles se sont durcies on a pris soin de laisser à la discrétion du maire ou du président la faculté de convoquer ou pas le trésorier de la commune aux commissions d’appels d’offres. Il fut un temps où il ne se privait pas de relever les illégalités. Aujourd’hui les attributions se font en amont en ajustant les notes par critère en fonction des choix retenus par l’édile. La commission ne voit qu’un alignement de chiffres dans un tableau excel dont il est rare qu’elle en comprenne les formules. Quant au contrôle de légalité exercé par le préfet, il y a longtemps que les juges ont fait la démonstration qu’il n’existait plus.
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Si le contrôle de Légalité n’est pas exercé, stoppons l’hypocrisie, supprimons le et laissons les délibérations illégales, métropolitaines notamment, prospérer. Ou bien octroyons les moyens nécessaires pour qu’il puisse enfin être pleinement exercé pour faire respecter le Droit.
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… les délibérations et surtout les annexes sans lien avec la décision, parfois étrangement volumineuses ( les annexes ) et quelquefois avec des tableaux illisibles sans loupe.
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Le SDIS a toujours été géré de manière sulfureuse. Avec primes à gogo pour les affidés. Et emmerdes pour les autres. Les sommes en jeu en termes de masse salariale sont affolantes. Loin de l’image d’Epinal du gentil pompier.
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Belle photo, BELLE EQUIPE, la TOTAL, que des GARS BONS…
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Ce n’est pas Bernard Squarcini (dit le squale, l’espion du Président Sarko), à la gauche de Jean-Noël ? Beau tableau de chasse pour les juges.
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