La Ville maintient le stand de tir des Trois-lucs malgré l’opposition des riverains

Actualité
le 31 Oct 2023
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Le club de tir situé à la frontière entre le 12e arrondissement et Allauch est accusé par les habitants du quartier de causer des nuisances de plus en plus fortes. Au-delà du bruit qu'ils jugent en hausse, plusieurs d'entre eux ont retrouvé des balles sur leurs terrains. La mairie vient toutefois de reconduire sa convention avec l'association gestionnaire.

Le stand des tirs des Trois-lucs, à ciel ouvert depuis 1976. (Photo : RM)
Le stand des tirs des Trois-lucs, à ciel ouvert depuis 1976. (Photo : RM)

Le stand des tirs des Trois-lucs, à ciel ouvert depuis 1976. (Photo : RM)

J’ai entendu une balle siffler tout près de mon oreille”, témoigne Jean-Louis Foin. Cette balle, il la garde depuis précieusement dans une petite boîte, qu’il agite devant lui en s’exclamant : “J’ai eu l’impression de revivre la guerre d’Algérie !” Elle provient, explique-t-il, du stand de tir des Trois-Lucs, à 300 mètres à vol d’oiseau du domicile de l’octogénaire, à la frontière entre le 12e arrondissement et Allauch.

Jean-Louis espérait être un cas isolé jusqu’à s’apercevoir que trois autres voisins avaient retrouvé dans leur jardin une munition. En cette matinée du 25 octobre sous la véranda de Robert Vassal, ils partagent leur sentiment de ne plus se sentir en sécurité sur leurs propres terrains. Il a déposé une plainte auprès du procureur de la République le 2 octobre.

On ne veut pas la mort du stand, mais on ne veut pas finir au cimetière non plus.

Robert vassal

Une voisine, Christine Bernard a entendu, elle, une balle rebondir sur son toit. Depuis, elle n’ose plus sortir dans son jardin. “Vous vous rendez compte ! On ne sait toujours pas comment les balles sortent du stand de tir”, lance-t-elle en ouvrant ses grands yeux bleus. Derrière ses lunettes de soleil, Robert s’étonne : “Je ne comprends pas pourquoi ils ne font pas le nécessaire. On ne veut pas la mort du stand, mais on ne veut pas finir au cimetière non plus.”

Les habitants réunis chez Robert Vassal. (Photo : RM)

Les riverains, rassemblés en collectif, ont donc été un peu surpris de voir qu’au dernier conseil municipal, le 20 octobre, la mairie de Marseille a voté la reconduction de la convention d’occupation temporaire du stand pour une durée d’un an renouvelable. Le stand de tir est en effet situé sur un terrain municipal.

2400 adeptes du tir

La mairie confie l’exploitation du stand à la Ligue de tir de Provence depuis son ouverture en 1976. La convention est renouvelée environ tous les trois ans selon Marcel Pazos, le président de l’association. Ce bâtiment accueille aujourd’hui sept clubs, soit 2 400 adhérents au total, dont 1700 de la Ligue. Agacé par les questions de Marsactu, notamment sur les balles retrouvées par les riverains, Marcel Pazos, n’a pas souhaité commenter davantage la situation.

N’ayant jusqu’alors pas été reçus par la municipalité alors qu’ils le réclament depuis juin, les habitants des Trois-lucs ont vécu ce vote “comme un véritable mépris”, résume Jocelyne Bufi, la présidente du collectif. “S’il ne veut pas nous répondre, Benoît Payan pourrait au moins nous envoyer un gilet pare-balles”, plaisante François-Xavier Dewarvrin, un autre habitant du quartier. “On a envoyé une quinzaine de signalements qui sont restés sans réponse, et ils nous la font à l’envers”, fustige-t-elle. Le collectif et ses 250 signataires revendiqués, demandent de couvrir le stand de tir, aujourd’hui à ciel ouvert.

Sollicité officiellement comme par l’intermédiaire de son adjoint aux sports Sébastien Jibrayel, la Ville de Marseille ne nous a pas apporté de réponses précises sur les balles perdues du stand. Dans un mail, elle indique simplement être “à l’écoute des craintes légitimes des riverains” et mener “des études sur une meilleure sécurisation des lieux, ainsi que sur la question des nuisances sonores”.

Un entre-deux que critique dans l’opposition Sylvain Souvestre, maire (DVD) des 11e et 12e arrondissements. Il dénonce un “vrai souci de sécurité” et s’étonne que le principe de précaution n’ait pas été appliqué : “Si une plainte a été déposée, il devrait y avoir une fermeture provisoire du stand.” Une position partagée, en partie pour les mêmes raisons, par les écologistes qui se sont abstenus lors du vote de la délibération.

Des nuisances sonores en augmentation

L’urgence d’aménagements est pourtant renforcée par le bruit que dégage l’installation. Si les détonations sont inhérentes à l’activité, deux nouveautés ont contribué à l’aggravation du phénomène, constatent les riverains comme les autorités politiques. D’abord, la construction du lycée Monte-Cristo en 2019 qui a modifié l’acoustique du quartier. Ensuite, la nature des tirs qui a changé : les tirs à l’arme lourde, plus bruyants, ont augmenté du fait de l’entraînement sur place des forces de l’ordre. Le président de la Ligue Marcel Pazos admet “une reprise [post-Covid] plus intense” et une “fréquentation plus importante“, mais juge que l’impact est mince puisque l’activité suit des horaires stricts.

Les riverains décrivent au contraire l’impossibilité de se reposer ou de se concentrer en journée. Le maire d’Allauch Lionel de Cala (LR) explique avoir sollicité la mairie de Marseille sur le sujet. “Ceux qui ont des horaires décalés sont dans l’incapacité de faire une sieste en journée”, illustre-t-il. Il propose de participer au financement des travaux à venir.

Le président de la Ligue de tir de Provence, Marcel Pazos, dit lui aussi souhaiter ces améliorations. “On aimerait juste pouvoir arriver à une situation pérenne. On veut participer au financement, mais avec une convention digne de ce nom pour s’assurer d’un retour sur investissement“, indique-t-il.

L’autorisation d’occupation temporaire d’un an votée en conseil municipal doit aussi, aux yeux de plusieurs sources proches du dossier, offrir le temps nécessaire pour définir la nature de futurs travaux, leur financement comme leur mode de réalisation. Un groupe de travail avec l’équipe chargée des études doit arrêter les contours exacts de ce futur projet. “Il est évident que seul un bâtiment clos résoudra les problèmes”, défend l’adjoint au maire Hervé Menchon, qui y représentera le groupe écologiste, en espérant que ne soit “pas seulement engagé une insonorisation partielle“. Une prise de conscience trop tardive, juge Sylvain Souvestre, qui assure que “la Ligue demande un rendez-vous depuis presque deux ans”.

Adjoint au maire chargé des sports, Sébastien Jibrayel renvoie lui à une forme d’inaction de la majorité de droite précédente : “Ce n’est pas un problème qui date d’il y a deux ans”, nuance-t-il. L’élu doit rencontrer prochainement le collectif de riverains, qui l’attend de pied ferme. Quand nous l’informons du lancement des études, sa présidente Jocelyne Bufi, regrette une fois de plus de ne pas avoir été tenue informée par la Ville. Il reste à la mairie un an pour rectifier le tir.

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Commentaires

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  1. Lagremuse Lagremuse

    Un lieu délabré, vieillot, moche, ouvert aux quatre vents et qui n’est pas adapté à son environnement…Que disent les lycéens et leurs profs de ces pétarades continuelles?

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    • 147 147

      Merci d’évoquer un élément trop rapidement évoqué dans l’article, à savoir la présence d’un lycée en proximité (mais vraiment en grande proximité). Au-delà des nuisances sonores pour les lycéens et les profs, qui doivent être un vrai problème, je me demande comment tout le monde va réagir quand on retrouvera une munition dans la cour …

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  2. Patafanari Patafanari

    Personne ne veut habiter à côté d’une salle de shoot, même en plein air.

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    • petitvelo petitvelo

      :o))

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  3. TINO TINO

    Ne pas pouvoir faire la sieste tranquille. Je comprends la colère qui gronde dans ce quartier.

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  4. barbapapa barbapapa

    Un stand de tir en pleine ville ? où ça pétarade fort tous les jours en plein jour ? Mais que peuvent les riverains contre les “puissants” mairie ancienne ou nouvelle, les “puissants” s’en caguent et c’est eux qui font la loi. Et une ville qui se soucierait de ses administrés aurait tôt fait de faire cesser le désordre et d’expédier les tireurs fous dans une ancienne carrière isolée de la population

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    • julijo julijo

      pas franchement en pleine ville.
      c’est même relativement peu urbanisé. (un cimetière, quelques maisons, un lycée…)
      il n’en demeure pas moins que c’est fort gênant pour les quelques riverains.
      c’est très curieux que des balles puissent “sortir” en principe c’est prévu pour que cela ne se passe pas. et puis il doit être possible de le coller un peu plus en campagne ce stand de tir.

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  5. Thierry A Thierry A

    ““Si une plainte a été déposée, il devrait y avoir une fermeture provisoire du stand.”

    Bonjour le QI.

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