La Ville de Marseille demande l’intervention de la police pour fermer le Marché du soleil
La mairie a écrit à la préfecture pour permettre l'évacuation des près de 150 commerçants de la halle des Grands-Carmes. Depuis 2008, le lieu est sous le coup d'un arrêté de fermeture pour des raisons de sécurité.
Une allée du Marché du soleil, le 8 février 2023 (Photo : Louise Gerbaud)
Cette fois-ci, ce n’est pas une menace en l’air. Le Marché du soleil, halle commerçante proche de la porte d’Aix, va bien fermer dans les semaines qui viennent. De sources municipales concordantes, la Ville de Marseille vient de solliciter officiellement l’aide de l’État afin de procéder à l’évacuation du lieu, dont les services municipaux dénoncent le caractère dangereux depuis plus de 15 ans. Cela inclut notamment et autant que nécessaire le concours de la force publique pour permettre de vider le bâtiment. Contactée le 10 janvier, la préfecture n’a pas répondu à Marsactu avant la publication de cet article.
La portée symbolique de cette décision n’échappe à personne. Elle est d’abord la conséquence de la peur d’une catastrophe. “On ne peut pas se permettre qu’il y ait un jour un incident grave avec une centaine de morts. On dira “qu’a fait la mairie ?” Eh bien, la mairie prend ses responsabilités”, commente Anthony Krehmeier, le maire socialiste des 2e et 3e arrondissements. Un arrêté de fermeture, signé par Jean-Pierre Cochet, l’adjoint au maire chargé de la sécurité civile et de la gestion des risques, le 28 novembre 2023 et dont La Marseillaise avait révélé l’existence, est venu rappeler que les problèmes récurrents constatés sur place par la commission de sécurité n’ont pas été réglés par le propriétaire. “On a fait beaucoup de travaux, il nous en reste quelques-uns. Malheureusement, la mairie s’impatiente”, nuance Georges Dahan, le propriétaire du Marché du soleil. Des demandes de permis de travaux ont bien été déposées mais la Ville les a jugées hors des clous. Elle relevait notamment “l’absence de garanties par un bureau de contrôle agréé de la conformité de l’établissement avec les dispositions de la réglementation incendie”.
Cet arrêté demandait au propriétaire du Marché du soleil d’appliquer lui-même la fermeture, tout jour de retard étant ponctué d’une astreinte de 400 euros. Mais les commerces ont continué à tourner et le lieu à accueillir du public, parfois venu de loin pour acheter vêtements, épices ou dénicher quelques trouvailles. Georges Dahan prend appui sur les arrêtés précédents non appliqués pour rester ouvert : “Si on n’était vraiment pas dans les normes, il l’aurait fermé sans délai !”
Avant le 28 novembre, l’avertissement précédent datait du mois de février 2023. La commission avait identifié une importante liste de non-conformités : “Dysfonctionnement du système de sécurité incendie (SSI)” et notamment du “déclencheur manuel d’alarme“, “absence de surveillance du SSI par un personnel formé”, “absence d’un personnel qualifié” pour assurer la maintenance des installations électriques, ou encore aménagement sans autorisation d’une entrée rue Fauchier.
“On a été patientS”
Le propriétaire tenait alors à Marsactu le même discours que celui tenu auprès de la Ville de Marseille : cet arrêté n’allait pas tarder à être caduc. “L’arrêté est provisoire car nous sommes en train de faire des travaux, ils nous laissent du temps. On ne peut faire les travaux que le lundi, le jour de repos des commerçants, pour ne pas trop impacter leur chiffre”, nous expliquait une salariée du marché. Mais le temps a passé et “ce qui était présenté comme une manifestation de bonne volonté était en fait une manœuvre complètement dilatoire”, râle Jean-Pierre Cochet. “On a été patients, on a pris du temps pour que ça se passe bien. On se voit dans l’obligation de faire le nécessaire parce que le propriétaire ne l’a pas fait”, argumente à son tour Anthony Krehmeier.
La mairie se lance désormais dans une fermeture aux multiples enjeux. Avec l’appui des services de l’État, elle entend aussi déterminer si d’autres entorses à la légalité ont cours sur place. Et plus immédiatement, elle doit offrir une perspective aux commerçants qui occupent le site. Ils seraient aujourd’hui près de 150. “Nous allons mener une concertation pour trouver une solution de repli, commente l’élu socialiste. Nous sommes actuellement à la recherche d’un ou plusieurs lieux pour les accueillir.”
Si la date de fermeture n’est pas encore connue, celle d’un retour est encore plus incertaine. “Bien sûr, le propriétaire peut enfin se décider à faire les travaux. Mais les délais administratifs étant ce qu’ils sont, il faut compter plusieurs mois”, poursuit le maire des 2e et 3e arrondissements. Les commerçants du Marché du soleil risquent de devoir s’habituer au provisoire qui dure.
Commentaires
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Il y a beaucoup de locaux disponibles au Centre Bourse pour reloger les commerçants.
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150?? La bonne blague. Et je vois pas trop où d’ailleurs au Cb? Le grand local du rez-de-chaussée de chaussée va être occupé par Normal
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Et au Centre Bbonneveine il y en a qqs uns aussi
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J’aime beaucoup le “flegme” du propriétaire des lieux : après 15 ans d’injonctions diverses et variées, il reproche à la mairie de “s’impatienter”. Une certaine idée du je-m’en-foutisme, quitte à avoir des morts sur la conscience.
Il y a quand même, dans cette ville, un certain nombre de gens bien sous tous rapports qui estiment que la règle “c’est Marseille bébé, on se débrouille” est supérieure aux lois et à la morale. Ils sont de la même espèce que ce chirurgien bien nourri qu’une émission de télé nous a présenté il y a quelques jours, qui loue un immeuble entier en Airbnb en s’asseyant tranquillement sur les règles édictées par la ville.
Tiens, je vais faire comme eux. Je vais désormais griller les feux rouges, car ils ne vont pas tarder à être “caducs”.
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Tout à fait d’accord. Certains se savent intouchables, et nous p*ssent à la raie
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vous auriez pu flouter la personne sur la photo non ? avez vous demandé son accord pour figurer sur votre site d’information ?….
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Le Tribunal de grande instance de Paris le 9 avril 1992 : « si le principe du droit à l’image, partie intégrante de la personnalité, est aujourd’hui consacré, il n’est pas sans limite et souffre quelques exceptions ; notamment le spectacle qu’offrent les lieux publics ne saurait être subordonné à l’accord de chacune des personnes s’y trouvant, sous peine d’interdire toute prise de vue, à moins que la photographie ne dénote une volonté de centrer l’attention sur une personne déterminée par un procédé d’agrandissement ou de cadrage destiné à l’isoler. En l’espèce, la personne photographiée se trouve intégrée à un groupe de parieurs – que l’on ne saurait confondre avec des joueurs professionnels – sans que l’attention soit portée plus particulièrement sur l’un d’eux. La similitude parfaite dans l’expression des personnes représentées, toutes figées dans l’attente anxieuse des résultats, révèle clairement l’objectif du photographe qui a su traduire de manière saisissante une atmosphère propre aux champs de course, lieux ouverts à tous et que fréquentent volontiers les personnalités du monde entier. Ne s’agissant donc ni d’un lieu mal famé, ni d’un acte illicite, la personne photographiée est mal fondée à soutenir qu’il a été porté atteinte à son image et à son honneur, cet unique cliché ne permettant pas, au demeurant, de déduire qu’il s’adonne régulièrement à une telle occupation ».
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la halle Delacroix à Noailles ? l’espace culture plutôt que de le transformer en poste de police ?
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Les Halles Delacroix ont été démolies en 1981. En revanche, on pourrait installer le poste de police municipale au Marché du Soleil. Les travaux nécessaires seraient sans doute conduits avec plus de diligence.
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Oui avec pas la même centralité ni le même accès en tant que seul et nouveau poste de police municipale du centre ville
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Combien, depuis 2018, a rapporté au malheureux propriétaire la location de ses 150 locaux “hors normes”
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De mon point de vue, le marché aux puces n’est pas en meilleur état. Quand obligera-t-on le propriétaire à faire les travaux qui s’imposent ?
Entre les marchands de sommeil, les loueur de locaux commerciaux pourris, les constructions sans autorisation, il y a bien des lois et règlements à faire respecter dans cette ville.
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Ce n’est pas du j’menfoutisme, c’est de la rapacité.
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à Géze, il y a encore certains bouts de trottoirs inoccupés
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Bonjour le marché du soleil présente des pb de sécurité depuis au moins une trentaine d’années. Enfin il semble que l’autorité municipale en place prenne conscience du risque même si la fermeture au public implique des difficultés. Mais il faut garder à l’esprit que la survenue d’un incendie dans ce type d’etablissement en présence de public peut dériver vers une catastrophe dans la mesure où il est affecté par des insuffisances en matière de sécurité incendie.
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Pourquoi pas aux terrasses du port?🤣
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