Grande parade
La petite métropole
Le premier conseil de la métropole Aix-Marseille Provence a finalement élu son premier président, Jean-Claude Gaudin. Mais rien au sein de la future institution ne semble aujourd'hui d'équerre. La tâche du maire de Marseille s'annonce considérable alors que les résistances politiques et judiciaires sont de plus en plus fortes.
Jean-Claude Gaudin entouré de Jean-Claude Gondard, futur directeur des services à la métropole, et Nicolas Joly, un de ses collaborateurs à la ville de Marseille. Photo BG.
Et à la fin, c’est le maire de Marseille qui monte au perchoir. Le scénario décrit des semaines durant s’est réalisé mais Jean-Claude “je suis toujours là” Gaudin apparaît bien affaibli. Après un week-end d’une cacophonie rare sur fond de flou juridique, le bunker de l’auditorium du Pharo a servi de chambre d’écho aux algarades qui opposent la droite du reste du département à celle de Marseille.
Ce matin, nombreux étaient les élus venus se donner en spectacle dans une orchestration réfléchie en avance par les pro et les anti. Il y avait là Maryse Joissains, Arletty de la lutte contre Marseille et son atmosphère forcément viciée, décidée à prendre toute la lumière d’un rendez-vous reconvoqué par ses soins à la dernière minute. Prête à menacer l’Aubagnaise Sylvia Barthélémy – “tu veux prendre des coups” – lorsque cette dernière veut lui retirer sa présidence de séance.
Et il y avait la Gaudinie et ses metteurs en scène les plus aguerris. Revenue dimanche soir dans le jeu, la droite marseillaise et ses soutiens allaient punir Joissains d’avoir voulu son triomphe ostentatoire. Pour le comprendre, il fallait voir toutes les têtes pensantes qui forment l’entourage du maire se gausser du bon tour qu’ils allaient jouer à la maire d’Aix. La présidence de séance lui serait retirée et Guy Teissier, actuel président de la communauté urbaine redevenu bon soldat, pourrait conduire l’élection qui mènerait immanquablement à l’intronisation du maire aux 123 ans de mandat. Mais Jean-Claude Gaudin est certainement le seul à avoir vu “une certaine dignité” dans les débats.
Comment sortir du dissensus ?
Petite dans sa construction et sa mise en place, la métropole l’est aussi dans son démarrage. Le candidat a été désigné alors que 71 conseillers métropolitains sur 240 avaient quitté l’hémicycle dont une bonne part des élus du pays d’Aix – dans la foulée de Joissains, quelques communistes et les vingt conseillers du Front national. Le résultat final donne à Gaudin une large avance dans le combat du jour qui l’opposait au maire de Cabriès Hervé Fabre-Aubrespy. Mais les 119 voix portées sur Gaudin ne suffisent pas à constituer une majorité solide.
Demain, Gaudin sait qu’il va devoir composer de toutes parts. Il ne peut compter sur les traditionnelles forces de droite majoritaires mais aujourd’hui complètement éclatées. D’ores et déjà, les communes à l’est de Marseille, Aubagne compris entendent constituer en groupe de territoire leur “bloc de l’est”. Les Aixois et à un degré moindre les Salonais y songent. Annoncé s’étiolant, le groupe des 53 maires toutes tendances confondues est lui toujours debout derrière le maire de Mimet, Georges Cristiani.
Il devra miser sur des majorités à géométrie variable ou, sa marotte, sur le consensus. D’ores et déjà, il prend des mesures pour apaiser les tensions et essayer de contenter tout le monde. Le bureau de la métropole qui compte déjà le président, ses vingt vice-présidents et les six présidents des conseils de territoire (les échelons intermédiaires) devrait trouver “huit membres supplémentaires pour que tout le monde soit représenté”. Et on ne parle pas encore des lucratives vice-présidences que l’on fait miroiter à tout le monde mais qui feront ensuite des déçus. Dans ce domaine, l’élection au scrutin majoritaire uninominal à trois tours pour chaque vice-président potentiel pourrait réserver son lot de surprises.
Le combat juridique se poursuit
Le conseil des maires sera lui “au cœur de la gouvernance” et possèdera de fait un quasi droit de veto. “J’essaierai de faire en sorte qu’on n’aille pas contre un avis négatif” de cette instance normalement consultative, confirme le nouveau président. C’est ainsi que le maire du Rove Georges Rosso a donné quitus à Jean-Claude Gaudin juste avant de passer au vote. “Je suis très content que Jean-Claude Gaudin soit candidat. Il a fait ses preuves à MPM”, a lâché le communiste. Doit-on ici rappeler qu’on lui doit la célèbre formule “MPM, cela a fonctionné parce que l’on n’a pas respecté la loi” ?
Quand bien même Gaudin arriverait à équilibrer les forces et les moyens, il aurait toujours au-dessus de la tête les procédures judiciaires. Ainsi, Hervé Fabre-Aubrespy ne cachait pas les motivations de sa candidature à la présidence. “
“, notait l’élu LR, déjà porteur d’un recours retoqué visant à annuler la convocation à la réunion de ce jour. Il retournera devant le juge de l’élection pour casser le scrutin du jour.Le 23 novembre, le conseil d’État décidera lui de transmettre ou non au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité posée par la mairie d’Éguilles ce vendredi. Lequel s’il est saisi aura trois mois pour se prononcer et peut-être rebattre les cartes de la représentativité communale.
Argent, trop cher
S’il ne méconnaît pas les risques juridiques, Jean-Claude Gaudin sait que “faire le consensus à 92 maires, c’est plus difficile que de le faire à 18”. Durant la campagne, il s’est refusé à coucher sur papier à en-tête son “pacte de gouvernance financier et fiscal” qui doit décider des budgets des conseils de territoire. Il n’a pas non plus expliqué sur la base de quel taux les divers taxes et autres prélèvements seraient harmonisés sur douze ans. “Jusqu’à présent, je n’étais que le maire de Marseille. Je ne pouvais pas le faire, demander des éléments à Martigues, à Aubagne. J’ignore tout de leurs méthodes financières”, se justifie le nouveau président. Plus tard, il se fait plus acide : “La tentation de Madame Joissains était de me mettre des menottes.”
Comme le préfet délégué à la métropole Laurent Théry avant lui avec le peu de succès que l’on sait, il fait le pari que les projets et l’argent qui va avec convaincront les plus récalcitrants. “Si nous arrivons dans les semaines qui viennent à présenter un dossier sur les transports, j’ai l’assurance du gouvernement qu’on nous le financera”, pousse-t-il. Et comme il l’a fait en visitant certains maires, il n’hésitera pas à appeler à la rescousse le conseil départemental présidé par Martine Vassal et sa précieuse aide aux communes. En ronde de séduction permanente, Gaudin comme d’autres avant lui fera campagne avec le carnet de chèques.
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Gaudin semblent s’estimer heureux d’avoir échappé aux menottes, mais il est bien plombé et s’est déjà fait accrocher bien des boulets : -Elu avec 49% des voix de l’assemblée, dans une réunion ne “rassemblant” que 73% des conseillers et où seulement 57% d’entre eux se sont exprimés. – A la merci de plusieurs recours juridiques et des délais correspondants. – Elu à la tête d’une mosaïque en permanente recomposition, avec notamment un “bloc de l’est” (quel vilain nom, annexe de la St Baume aurait sonné bien mieux). et bientôt tout autant à l’ouest et au nord. (mais pour le sud, ça devrait pouvoir aller!). – Avec une “majorité” politique forcément éclatée, tout comme l’opposition d’ailleurs, entre Marseillais et autres… Il ne lui reste bien que le chéquier -mais c’est souvent l’essentiel- pour faire campagne avec l’argent des autres; et c’est bien vrai que pour signer les chèques les menottes, c’est pas pratique, surtout qu’on les lui aurait sans doute mises, dans le dos… —– Comment sortir du dissensus ? En refaisant la copie, en faisant une toute autre métropole que celle concoctée par Valls/Hollande/Débranchue/les solfériniens tendance cannebière et la Gaudinesque équipe; Sinon, on voit pas bien…
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