La métropole relance la délicate urbanisation autour de la Cité radieuse
La métropole va plancher sur la construction de logements autour de la Cité radieuse pour dessiner l'avenir du quartier. Une nouvelle feuille de route sera votée à l'été 2022.
L'unité d'habitation de la Cité radieuse a été construite en 1952 en bordure du boulevard Michelet. (Photo SL)
Depuis le toit de la Cité radieuse, le vent fouette le visage des petits écoliers de la maternelle Le Corbusier. Au neuvième étage de l’immeuble, s’étend une vue de Marseille à 360 degrés où seule la colossale résidence Le Brasilia, classée au patrimoine du XXe siècle, s’impose dans le périmètre proche. Le secteur est l’un des rares du centre-ville à avoir connu un développement urbain faible jusqu’à 2010, autour du noyau villageois de Sainte-Anne.
Mais la réflexion sur l’aménagement autour de la “maison du Fada” est une fois de plus remise sur la table. La métropole a lancé une concertation le mercredi 24 novembre pour “accompagner la valorisation de ce site à haute valeur patrimoniale en créant un ensemble urbain cohérent avec l’existant, habité, vivant et attractif.” L’institution a donc plusieurs mois pour décider du type d’aménagements qu’elle souhaiterait voir pousser.
Aujourd’hui, au pied de la Cité radieuse, l’absence de cohérence du quartier saute aux yeux. Les voitures sont garées dans tous les sens au milieu des platanes. Passé la rue Marie-de-Sormiou une alimentation de fruits et légumes côtoie un magasin Saint-Maclou dont l’enseigne est plus que vintage. Les seuls propriétaires situés à proximité immédiate sont le concessionnaire PSA, le Casino et les établissements Reggio. Le résultat du projet de la métropole sera forcément impacté en fonction de la décision de ces propriétaires de vendre ou non leurs terrains. Si le directeur du Casino ne semble pas au courant de la concertation, Mathieu Lagier, le patron du Set squash, qui fait partie des établissements Reggio, n’a pas l’intention de quitter les lieux. “On est implantés depuis 40 ans et on fait vivre le quartier“, souffle-t-il.
Un ancien projet abandonné
En 2019, une orientation d’aménagement et de programmation (OAP), document destiné à tracer les grandes lignes d’un projet d’urbanisme, avait été soumise à une enquête publique. Très détaillée, elle prévoyait l’installation de trois “tourelles” qui avait fait bondir les riverains, mais aussi l’Architecte des bâtiments de France (ABF) dont les conclusions comprenaient de nombreuses critiques.
Le classement de l’immeuble comme monument historique et le label patrimoine mondial de l’Unesco confèrent à l’œuvre du Corbusier une protection particulière. Des espaces dégagés ou “cônes de vue” doivent être préservés dans l’environnement rapproché de l’immeuble et les constructions proches ne doivent pas dépasser une certaine hauteur. Ainsi, une “zone tampon” entoure le bâtiment depuis 1986. Elle contient les terrains des trois enseignes citées plus haut : PSA, Casino et Reggio. En premier lieu, les contraintes viennent du classement aux monuments historiques, que l’ABF fait appliquer en amont de tout projet. Mais, depuis 2016, le label Unesco donne aussi un droit de regard à l’organisation internationale. En cas de construction non conforme, la labellisation pourrait bien être remise en cause. Ce qui entraînerait aussi les seize autres œuvres classées de l’architecte à travers le monde dans la procédure de déclassement, puisqu’elles sont liées par le même cahier des charges.
Tout reprendre à zéro
Face à cette levée de boucliers, la métropole avait pris la décision de geler tout projet pendant cinq ans sur la zone tampon, pour se laisser le temps de la réflexion. L’enjeu de cette concertation est de taille donc, entre la pression démographique du quartier et les exigences d’urbanisme. “Il faut voir ça comme une opportunité. On a un trésor au milieu qu’il faut protéger. C’est stimulant comme défi d’inventer des formes qui fonctionnent sans étouffer Le Corbusier“, pointe Mathilde Chaboche, adjointe chargée de l’urbanisme à la Ville de Marseille. L’élue reconnaît que l’ancien projet avait “pris le parti d’une densification très forte“. Si c’est la métropole qui est en charge du plan local d’urbanisme intercommunal contenant l’OAP en question, la mairie aura son rôle à jouer en délivrant les permis de construire.
On définira un objectif quantitatif et qualitatif avec l’idée de ne pas reproduire une cité-dortoir.
Mathilde Chaboche, adjointe au maire chargée de l’urbanisme
Pour le moment, ni l’emplacement, ni le nombre de logements souhaités ne sont arrêtés. “On définira un objectif quantitatif et qualitatif avec l’idée de ne pas reproduire une cité-dortoir. Et une part de logement social qui complétera l’offre“, précise Mathilde Chaboche. La concertation, qui devrait durer sept mois, doit définir les objectifs de “zonage” du quartier. C’est-à-dire le type d’activité, la hauteur d’un immeuble, mais aussi la proportion en espaces verts du secteur. Contactée par Marsactu, la métropole n’a pas voulu s’exprimer davantage sur le sujet à ce stade.
“On va être très vigilants”
Fin 2018, un autre projet immobilier réalisé par l’architecte Roland Carta a poussé au-dessus de la franchise Renault, en amont sur le boulevard Michelet. Des bureaux et une résidence senior y sont installés. À l’époque, les riverains avaient lancé une pétition pour s’y opposer. “On n’est pas contre le développement du quartier, surtout qu’autour de l’immeuble, ce n’est pas très heureux“, concède Bernard Soumireu, président du conseil syndical de la Cité radieuse. “Le tout c’est d’arriver à un projet raisonnable et raisonné. Maintenant espérons que la réflexion soit positive”.
Le long du boulevard Michelet, les logements pavillonnaires et les résidences privées s’alignent. En voiture ou même à pied, il faut parfois faire un détour pour atteindre l’avenue de Mazargues. La question des voies de circulation, mais aussi du stationnement, déjà erratique actuellement, feront partie des enjeux de la concertation. Avec la construction de nouveaux logements, la métropole devra anticiper l’afflux de personnes. “Tous nos établissements scolaires ont l’air bien plein“, souligne Gérard Dhérille le président du CIQ de Sainte-Anne. Ce dernier se dit satisfait de l’ouverture de cette concertation et est déterminé à suivre de près la concertation. “On va être très vigilants“, assure-t-il. Un long processus qui sera scruté de près par les riverains et les amoureux du patrimoine.
Commentaires
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“Accompagner la valorisation du site (,,,) en créant un ensemble urbain habité, cohérent et attractif, bla bla…”. Tout cela n’est que du verbiage du pipeau! On ne l’a déjà que trop entendu. Je retiens surtout “habité”, donc des m2 à livrer et à vendre, très cher.
Réorganiser le lieu qui est assez chaotique comme il est dit dans l’article, donner un cadre amélioré au Corbu, certes. Mais pourquoi construire encore et encore ?!. Tout ce baratin institutionnel n’est là que pour masquer l’intention de valoriser, au sens foncier du terme,.des terrains potentiellement très juteux , situés sur Michelet.
Cessons de construire dans une ville saturée de béton et d’infrastructures, et dont le manque d’espaces verts est flagrant. La création et la mise en.valeur (qui ne soit pas de la spéculation foncière) de ces espaces fait partie des compétences propres de la municipalité et on aimerait bien qu’elle se déclare sur le sujet. Pour l’instant, rien n’avance.
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d’autant que Mme Chaboche oublie que quand un terrain est constructible elle n’a pas d’autre choix que de signer le permis de construire donc son argument est purement rhétorique
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On peut constater, d’après les déclarations de Mme Chaboche, que l’équipe actuelle n’est pas opposée à ce qu’on construise, modérément bien sûr!
On se moque des citoyens. Il faut geler ces terrains et les aménager sans les bétonner et tant pis pour les investisseurs alléchés par les profits potentiels.
Devoir construire tous les terrains libres n’est pas une fatalité.
Une fois de plus cette municipalité est décevante.
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Mais que vient faire la Métropole ici ? Quand on voit la merdeb(pardon pour le terme mais j’ai rien d’autre) de près de 800 logements juste en face, sur Renault Michelet, je me demande où est la valorisation. Quelle mafia !
Ferait mieux de rouvrir les rues pour qu’on circule !
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Entre son tram qui fait ch*er tout le 7e et maintenant la bétonisation autour du Corbusier, on va vraiment finir par croire que M. Vassal veut punir les secteurs qui l’ont trahie… 😄
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Pour la bétonnisation autour de Le Corbusier, c’était avant les municipales. Elle trouvait ça génial et forcément “joli”. Elle n’a pas du comprendre la réaction de l’UNESCO…
Cela fait partie des nombreux projets débile de Vassal et de Los Vassalitos : le méga hopital privé sur le site de l’ancien collège Louis Armand, les jetées bétonnées en mode “Marina Baie des anges” et les piscines d’eau de mer au Prado ou bien le Parc Borely jusqu’à la mer (au cas où les arbres pourraient pousser dans du sable gorgé d’eau salée). Bref tout dans le 8 et le 9, entre La Cadenelle, Michelet et Prado, là où on vote si bien pour elle. Comme dirait Pierre12 : elle entretient son électorat.
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Mais justement, je me demande si les habitants de ces quartiers sont favorables à ces délires urbanistiques…
D’où mon parallèle avec le tram jusqu’aux Catalans qui fait à peu près l’unanimité contre lui, que ce soit auprès des riverains ou des habitants des autres secteurs.
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On manque de logements ? Combien d’appartements existants sont inoccupés pour spéculation ? Commençons par ça au lieu de bétonniser à tout vat pour satisfaire les appétits des promoteurs. Valorisation, ça va personne n’est dupe!
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Absolument. Il importe de réhabiliter les logements dégradés et faire revivre des quartiers entiers dans le 3me, le 11me, en centre ville, avant d’en construire de nouveaux.
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à ruedelapaixmarcelpaul le 8ième n’a pas voté Vassal mais Fortin qui a estimé quelle valait mieux que la mairie du secteur 6/8
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Je n’ai jamais écrit l’inverse, et cette fessée cul nu donné à Vassal et consort m’a plus que réjouit.
Quand vous regardez le détail des bureaux (accessible sur Marsactu) le “carré d’or”, là ou justement Vassal avait ses projets pharaoniques, est resté fidèle à la “Patronne”. Tout autour, donc le sud du 8e à partir de Pointe-Rouge, mais aussi Le Rouet / Cantini et l’ensemble du 6e ont préféré Fortin.
Coup de bol pour la Boss de La Cadenelle, sa circo pour les départementales correspond peu ou prou à son électorat préféré. C’est d’ailleurs la seule élection qu’elle a pu gagner.
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Riverain du Corbu, j’avais suivi de près le projet d’OAP proposé par l’équipe nullicipale précédente (celle qu’on retrouve aujourd’hui à la métropole, par un procédé dont seule la démocratie municipale à la française a le secret) : il s’agissait d’enfermer la Cité radieuse dans une gangue de béton en surdensifiant l’îlot situé entre celle-ci et l’avenue de Mazargues.
Entre les tours (prudemment baptisées “tourelles”, pour faire illusion) et les barres de 8 ou 10 étages, ce projet apportait plusieurs centaines de logements supplémentaires et pas l’ombre d’un équipement public, pas même une école, alors que celles du quartier sont saturées. Mais aussi, par voie de conséquence, plusieurs centaines de bagnoles en plus, alors que l’avenue de Mazargues est déjà complètement saturée : il faut dire que les promoteurs de ce rêve de bétonneur avaient cru utile d’indiquer que le quartier était parfaitement desservi par le métro… qui se trouve pas loin, certes, mais tout de même à 20 minutes de marche. Et pour parfaire le diagnostic, il n’y avait pas l’ombre d’une contrainte en matière de logement social, et pas l’ombre d’un espace vert.
Ce projet a fait l’unanimité contre lui, y compris de la part de la commission d’enquête publique, qui a émis un avis défavorable. Et aux municipales, on a vu les bureaux de vote du quartier voter majoritairement contre Vassal and Co.
L’îlot doit certainement être réaménagé, car l’anarchie actuelle de hangars, parkings et immeubles commerciaux implantés au hasard n’est pas vraiment un écrin pour le Corbu – et il manque au moins une voie traversante entre l’avenue de Mazargues et le boulevard Michelet.
Mais on n’est pas obligé de reproduire les horreurs urbanistiques des années 1970. On peut densifier un quartier avec des immeubles de 3 à 6 étages, ce qui permet accessoirement de respecter son identité. Et il faut à l’évidence réfléchir en amont aux équipements qui doivent accompagner les logements nouveaux, pour éviter l’apparition d’une cité-dortoir.
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Le problème pour les promoteurs c’est qu’ils ont un mal de chien à vendre les immeubles d’Euromed : les quartiers nords, ça fait quand même peur et les infrastructures promises pour agrémenter le quartier se font attendre (l’immense parc des Aygalades, le tram, les piscines, des médecins, des dentistes, …), pas d’écoles autre que REP +++, des friches squattées, des gravats sur les trottoirs …
Alors il faut bien qu’ils se refassent. C’est pain béni le 8e : pas beaucoup de métro( mais c’est pas grave : il est mal famé ce métro) et les habitants pressentis possèdent en moyenne 2 véhicules par ménage, on a le plus grand nombre de médecins au m² de Marseille et des écoles de luxe, on est à l’abri du GPMM et des squatteurs, on peut se promener à pied voire -si on est très courageux – en vélo.
Faut les comprendre !
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Bravo pascal pour votre commentaire très pertinent.
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“Urgent”
Mise à jour à la suite des déclarations de Valérie Pécresse.
En plus si tu habites les quartiers nord, tu auras double peine.
Alors il vaut mieux investir dans les quartiers où l’ont peut cultiver des herbes actuellement prohibée sur son balcon avec une demi peine en cas de malheur.
Ne me remerciez pas Pierre12 : information ne vaut pas incitation
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La maison du fada a fait des petits. Le Modulor (véritable symbole corbuséen, et gravé dans le béton au pied de l’immeuble), auquel l’ « homme ordinaire », moins grand et moins athlétique, devrait s’assimiler. Sa vie est réduite à de simples fonctions (se loger, se détendre, circuler et travailler) et ses besoins réduits à l’espace, au soleil et à la verdure. Youpi.
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je comprends parfaitement le souci des riverains, et l’intérêt de préserver la “cité radieuse”, historique, architecturale…etc.
mais bon le corbusier, à Marseille qui loge surtout des bobos, et à Firminy (l’UH) que je connais un peu plus ,où la mixité sociale est largement plus installée, c’est chaque fois un univers carcéral quelque peu étouffant.
mais ce n’est pas le sujet.
Il est vrai que ce quartier est particulier, et du rond point jusqu’à….. la cité radieuse, c’est un peu pagaille au niveau ensemble architectural. on marche certes facilement à pied, mais ce n’est pas une promenade agréable.
la métropole va plancher !! aie, aie, aie ! espérons….
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Pierre 12 , je ne saisis pas votre bravo.Bravo pour le justesse du descriptif de la situation, quartiers nords laissés pour compte et quartiers sud choyés ?, Bravo pour laisser à l’abandon les quartiers nords et favoriser les quartiers sud ?, Bravo aux promoteurs qui veulent se refaire la cerise ?
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hermétique au second degré ?
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La Cravache et le Parc Sévigné pourraient faire concurrence aux quartiers nords dans le genre « délaissé « .
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STOP aux aberrations urbanistiques.Les logements construits autour de Renault sonnent comme un avertissement, du bétonnage,aucun espace vert publique. C’est cela qui va se reproduire..sans aucun doute. Les propriétaires des terrains voudront tirer partie de l’opération…sinon quel intérêt pour eux ?
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Il faut absolument densifier et créer du logement social sur ce secteur bien desservi par les transports ! C’est rare à Marseille !
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