La mairie persiste et signe son arrêté anti-mendicité

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le 17 Oct 2012
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La mairie persiste et signe son arrêté anti-mendicité
La mairie persiste et signe son arrêté anti-mendicité

La mairie persiste et signe son arrêté anti-mendicité

Un arrêté, une année écoulée, une manifestation anniversaire et un étrange cadeau de la mairie. Alors qu'il y a presque 4 mois, Paris abrogeait ses arrêtés anti-mendicité vraisemblement inefficace (près de 0% de paiement), Marseille persiste et signe dans cette voie en reconduisant son texte et en étendant son exécution aux riches et touristiques avenues du Prado.

Petit rappel des faits. En octobre 2011, Marseille faisait parler d'elle. Suivant l'exemple parisien, la mairie marseillaise avait publié un arrêté prohibant la mendicité agressive et l'entrave à la libre circulation des personnes par la quête. A l'époque et sous l'influence de l'ancien préfet de police, Alain Gardère, la mairie souhaitait faire place nette du centre ville. Ce texte avait alarmé les associations de lutte contre la pauvreté qui depuis essaient, sans réussite, de faire abroger ledit arrêté dont aucune définition claire n'a pu être donnée par l'adjointe au maire chargée de la sécurité, Caroline Pozmentier et reste donc soumis au bon jugement de nos policiers.

Plusieurs manifestations avaient eu lieu l'an passé, sans grand résultat. La fondation Abbé-Pierre et Emmaüs ont organisé aujourd'hui même une nouvelle manifestation pour célébrer, derrière un gâteau, cet étrange anniversaire. Les associations n'ont quant à elles jamais cessé de se battre pour les droits fondamentaux des sans abris. Ils étaient aujourd'hui près de 150 personnes, dont des représentants de 4 associations (Emmaüs, Fondation Abbé-Pierre, Ligue des Droits de l'homme, Médecins du monde) ainsi que quelques représentants politiques locaux, à se réunir sur le parvis de l'hôtel de ville afin de manifester leur mécontentement. Toujours dans le sens d'une abrogation de cet arrêté, une procédure judiciaire a était lancée, par la Ligue des Droits de l'Homme, auprès du tribunal administratif, comme nous l'a expliqué Bernard Eynaud, président de la fédération des Bouches-du-Rhone de la LDH. 

 

Une année s'est donc écoulée sur les rives du Vieux-port, et cet arrêté avait cessé de faire couler l'encre. D'après Caroline Pozmentier "le bilan de cette année a été positif, permettant et facilitant les 890 interventions des forces de l'ordre dont 10% ont abouti à une amende." L'autre point souligné par l'adjointe au maire : les interventions de la police permettent de façon quasi systématique celles du Samu social

Cependant, les SDF que nous avons rencontré n'ont pas le même point de vue sur cette année vécue "en bas des blocs". En effet, les garants de la sécurité des Marseillais interviennent essentiellement auprès des regroupements de "vagabonds" (c'est ainsi que "Pat" et "Capsule", deux sans abris, se qualifient). Les "clochards du centre ville" faisant seul la manche sur le bitume marseillais n'ont que peu de problèmes avec les représentants de la loi.

"Pas d'amendes si on coopère"

Comme le dit Gary, un sans abris anglais, "les policiers français sont plus inquiets de notre état de santé durant les périodes de grand froid que de nos casquettes criant monnaie."  À coté de ça, Pat et Capsule, arrivés il y a quelques mois à Marseille, nous disent se faire interpeller et déloger régulièrement s'"ils squattent à 5 ou 6 en bas d'un de leurs immeubles préférés". Cependant, "pas d'amendes si on coopère et qu'on part sans manifestation". Mais de toute façon, ces amendes ne sont, pour la plupart, pas réglées par les SDF qui n'ont pas vraiment 38 euros en poche. 

Les associations n'ont quand elles jamais cessées de se battre pour les droits fondamentaux des sans abris. Comme nous dit Fathi Bouaroua, membre de la fondation Abbé Pierre, "avec cet arrêté, Marseille, ville de mixité culturelle (au plus de 12000 mal logés, ndlr), lutte contre les pauvres et non contre la pauvreté. Ce n'est ni plus ni moins qu 'un délit de solidarité."

La mairie aura donc annoncé, pour la seconde année d'affilée, la mise en place et le maintien de l' arrêté le même jour que la journée de lutte contre la misère. Rendez-vous dans un an ?

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Les associations n’ont quant à elles jamais cessé : voilà la phrase correcte, la vôtre ne veut rien dire !

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