La foule du Prado emportée par la vague bleu Marine

La foule du Prado emportée par la vague bleu Marine

Au siège de la Rose, dans le 13e arrondissement, quelques militants du Front de gauche attendent les résultats campés devant l'écran géant. Tout en plongeant la main dans un baquet de chips, ils lancent des pronostics. Les résultats s'affichent, 11,5 pour Jean-Luc Mélenchon qui appelle à battre Sarkozy. A Marseille, le résultat stagne aux alentours de 14%. Face au 22 % du Front national, la petite troupe unie pousse un cri d'effroi. "La lutte continue" lance un militant à une femme qui s'éloigne, son écharpe rouge en berne, accrochée au sac : "Oui, elle ne fait que commencer !".

Un couple passe devant le QG, leur petite fille criant dans une poussette. "On va écraser Sarkozy", tonne le père de famille, approuvé par les militants du Front de gauche. "Ouais, nous avons voté Marine le Pen !" ajoute-t-il, jetant un froid glacial. Surpris, un partisan du Front de gauche s'énerve et très vite, le débat s'envenime : "Comment pouvez-vous voter pour Marine Le Pen ! Vous croyez que ça va aller mieux comme ça ?" Après une longue altercation, le couple repart, la gamine hurlant désormais à plein poumon. "Il va falloir travailler au cas par cas ", commente un militant.

La prime au vainqueur

Pour Marie Batoux, candidate du Front de gauche dans la troisième circonscription, le résultat un peu décevant s'explique en partie par un "effet vote utile". "Ceux qui ont voté utile ont été confortés par le score de Marine le Pen." Quant aux législatives, "même s'il est trop tôt pour établir un pronostic, il y a toujours une prime qui revient au vainqueur. Le PS devrait donc bénéficier des retombées des élections présidentielles sur les législatives". Selon Sébastien Barles, porte-parole régional d'Europe écologie-les Verts, des électeurs séduits par le "tribun Mélenchon" pourrait aussi laisser le rouge au vestiaire. Le vote utile ne fonctionne pas toujours.

Pierre Dharréville, secrétaire départemental du PCF 13, relativise en rappelant que l'objectif du départ est atteint avec un score à deux chiffres "encourageant même si celui de Marine Le Pen assombrit la fête" :

Vers 22 h, le mistral s'engouffre sur le Cour Honoré d'Estienne d'Orves, lieu de rendez-vous des militants du Front de gauche. La place vide plongée dans une demi-pénombre contraste avec les plages du Prado, emplies d'une foule venue acclamer Jean-Luc Mélenchon le 14 avril dernier. Hier soir, le baiser de la Méditerranée a laissé un goût amer sur les lèvres des militants.