La rupture tranquille du président Estrosi

La rupture tranquille du président Estrosi

Pour ses vœux à la presse, le nouveau président de région Christian Estrosi avait changé de lieu. Adieu la Villa Méditerranée et retour à l’hôtel de région, un moyen de s’éloigner du bâtiment symbole du dernier mandat de Michel Vauzelle. Et pourtant, l’élu Les Républicains ne force pas le trait de la différence, tout à son image recentrée projetée lors du second tour de l’élection quand des voix de gauche lui étaient nécessaires pour l’emporter. Il les associera bien dans une conférence régionale où acteurs politiques et de la société civile pourront suggérer des mesures.

Les changements voulus par Estrosi entendent incarner une rupture tranquille. Les différences sont affirmées sans être martelées. “La réduction du train de vie” est clairement à l’ordre du jour. Le nouveau président aligne les mesures symboliques et les petites économies censées permettre les grands investissements. Dématérialisation des documents, suppression des téléphones portables comme des véhicules de fonction et “division par deux” des frais de formation pour les élus sont annoncés. Plus lucratives, des ventes de bâtiment devraient aussi avoir lieu : la maison de la région sur la Canebière et les antennes régionales dans les chef-lieux de département et à Arles, en attendant les résultats d’un nouvel audit sur le sort de la Villa Méditerranée.

Le taux de chômage comme critère de réussite

Surtout, le président entend bien proposer “une collectivité avec moins de fonctionnaires”. Mais il ne s’attardera pas sur ce point bien plus sensible pour atteindre les “25 % de réduction de frais de fonctionnement” promis.

Les économies espérées doivent permettre de dégager des marges pour “la bataille pour l’emploi”. Tel un François Hollande 2012, il entend faire du taux de chômage son juge de paix. “Il est aujourd’hui de 12,5%. Il faut arriver à un taux en dessous des 10 %”, s’est-il fixé comme objectif. Sa recette ? “Des aides pour toutes les entreprises” et “la relance par l’investissement et non par la consommation”.

Pour ce faire, Estrosi espère surtout un coup de pouce de l’État via la renégociation du contrat de plan État-région. “Dès le 21 décembre, j’ai rencontré le premier ministre Manuel Valls qui a validé le principe qu’il puisse y avoir un avenant à ce contrat de plan”, a-t-il rappelé. Les négociations devraient commencer “d’ici dix jours” avec le préfet Stéphane Bouillon.

Un contrat de plan État-région pour que tout roule

De nouvelles infrastructures routières pourraient être couchées sur le cahier de doléances à en croire les investissements explicitement mentionnés : “la liaison Est-Ouest dans le Vaucluse, le tunnel de Tende, le pôle d’échanges multimodal de Draguignan, le contournement d’Arles, le contournement de Gap, la desserte intermodale du bassin de Fos-sur-mer, les aménagements nécessaires au port de Marseille”.

Les promesses de campagne – les 250 millions d’euros pour la sécurité ou le fameux institut pour l’Écologie promis au candidat écologiste Jean-Marc Governatori – semblent alors loin. Tout cela est “compris dans le budget” des six ans à venir, assure Estrosi. Il mentionne ses mesures sécuritaires : portiques dans les gares, les aides à la vidéo-surveillance pour les communes, la vidéo-surveillance généralisée et en direct dans les transports notamment. Quant à l’institut de l’écologie, il existera bien mais ses 30 millions que Governatori disait s’être vu accorder constitueront l’ensemble de “la politique pour l’environnement de la région”.

Tout cela méritera encore précisions. Mais, pour cela aussi, Christian Estrosi a une promesse : “la transparence avec un outil informatique de suivi au quotidien des actions”. Avis à toutes les vigies démocratiques.