La direction d’ArcelorMittal Fos prête à arrêter un haut-fourneau dans les 24 heures

Info Marsactu
le 12 Avr 2021
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Après trois semaines de grève, la direction d'ArcelorMittal Fos envisage d'arrêter l'un de ses deux hauts-fourneaux d'ici à mercredi pour "protéger" ses installations. Les syndicats à l'origine de la grève y voient un chantage et estiment que cette décision pourrait mettre plusieurs centaines des salariés au chômage partiel.

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L'usine ArcelorMittal à Fos-sur-Mer (Photo : Clémentine Vaysse)

L'usine ArcelorMittal à Fos-sur-Mer (Photo : Clémentine Vaysse)

Ce lundi, les représentants syndicaux d’ArcelorMittal Fos sont ressortis d’un conseil social et économique central (CSEC) avec la pression. Après plusieurs semaines de grèves perlées, perturbant fortement la production, la direction du site sidérurgique s’est dite sur le point d’arrêter le haut-fourneau numéro 1 mercredi. Du moins, si le mouvement social ne cesse pas. Contactée par Marsactu, Arcelor confirme l’information.

Le site fonctionne actuellement selon une “marche chaotique” qui induit “des difficultés sur le plan opérationnel et environnemental”, souligne une porte-parole de la direction. “Afin de protéger nos installations et notre personnel, nous serons contraints de mettre à l’arrêt un de nos deux hauts-fourneaux d’ici 24 heures si la situation ne se normalise pas.” 

Coup de bluff ?

Coup de bluff ou réelle intention ? Plusieurs syndicats semblent prendre la menace au sérieux. “Une chose est sûre, des charges d’arrêt ont été installées, elles permettent de ralentir la production avant un arrêt définitif. Elles peuvent toujours être retirées, mais si la direction veut stopper le haut-fourneau, elle peut le faire dès demain”, confirme auprès de Marsactu David Thourey, qui travaille dans un secteur du site en lien direct avec les hauts-fourneaux et représente Force ouvrière, un syndicat qui n’a pas appelé à la grève.

“Nous demandons toujours la réouverture des NAO [négociations annuelles salariales, ndlr] mais l’arrêt d’un haut-fourneau est inquiétant. Nous appelons les manifestants à retrouver la raison”, explique Nordine Laimeche, représentant CFDT. “Ce serait un risque pour l’entreprise alors que le carnet est plein de commandes.Il y voit surtout “un chantage ” pour faire stopper la grève, mais croit la direction capable d’enclencher le processus. Le syndicat appelle donc à calmer le jeu pour éviter cet arrêt. La CGT, en revanche, n’a pas fait connaître de position officielle ce lundi soir.

Plus de la moitié des salariés pourraient être impactés

La relance d’un haut-fourneau est un processus lent. Chaque arrêt fait craindre un abandon progressif du site. “Cela durera nécessairement plusieurs semaines, compte tenu de la complexité des opérations d’arrêt et redémarrage”, rappelle aujourd’hui la direction. En 2020, en pleine première vague de la pandémie de Covid-19 la mise à l’arrêt d’un haut-fourneau avait duré six mois de mars à septembre. Plus d’un quart des 2500 salariés du site avaient été placés en chômage partiel. Cette fois, la CFDT pense que la moitié des salariés sera impactée.

Débuté il y a environ trois semaines, le mouvement social lancé par la CGT et la CFDT dénonce une récente revalorisation des salaires jugée “discriminante” et “en faveur de ceux qui peuvent facilement trouver du travail ailleurs”. En l’occurrence, elle vise à augmenter les salaires des mécaniciens de jour entre 30 et 40 ans, catégorie où l’industriel cherche à recruter davantage de main d’œuvre. Au fil des semaines, la grève a lourdement impacté la chaîne de production. Pourtant, elle ne concernerait qu’une minorité de salariés, estiment FO et la direction.

Dans un communiqué publié ce jour, la CFDT dénonce elle la volonté de la direction d’avoir recours au fond public d’activité partielle – fond mis en place dans le cadre de la crise sanitaire – pour combler l’arrêt d’activité ainsi engendrée. “Que la direction d’ArcelorMittal Méditerranée ordonne l’arrêt d’un haut-fourneau est une chose, elle en a le droit et la responsabilité, qu’elle en fasse payer le prix au contribuable français en est une autre”, écrit le syndicat. En pleine période de reprise d’activité, la direction d’ArcelorMittal s’est quant à elle dite prête à transférer ses commandes vers d’autres sites.

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Commentaires

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  1. jasmin jasmin

    ArcelorMittal est un des sites les plus dangereux pour l’environnement et ce qu’on respire tous. Ils ne se mettent pas en conformité, et ils ont à gérer une grève du personnel liée à une augmentation de salaire sélective pour la tranche 30-40 ans, de manière à attirer des candidats aux postes? Euh, je ne sais pas si le contribuable va regretter la fermeture progressive… même au prix de 4000 emplois… S’ils veulent attirer de nouvelles familles qui ne sont pas effrayées par les statistiques de santé, double de cancers et diabetes de type 1 à cause de leur pollution, il va falloir utiliser les financements européens pour assainir, et s’occuper aussi des plus “vieux” qui ont déjà payé de leur santé cette course à la production irresponsable.

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  2. BRASILIA8 BRASILIA8

    j’aime beaucoup l’argument de protection de l’environnement et le souci de la santé des travailleurs
    Arcelor bénéficie de dérogations permanentes aux normes pour ce qui concerne la santé les chiffres sur les cancers parlent d’eux mêmes

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  3. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Puisque cette usine ne serait pas assez “compétitive ” et qu’elle est subventionnée autant la nationaliser !

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      restez poli pour les gens qui nous gouvernent nationaliser est un gros mot préférez dérogations ou mieux cadeaux fiscaux

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