Guéant (encore) à la défense de son bilan sécuritaire à Marseille
Guéant (encore) à la défense de son bilan sécuritaire à Marseille
"Exceptionnellement, je vous lirai demain". Arpentant la rue Saint Ferréol aux côtés du ministre de l'Intérieur et du député UMP Renaud Muselier, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin était aux anges ce lundi midi. Un peu plus tôt, il s'était entendu dire au cours d'une réunion avec des associations des 4e et 5e arrondissements que la vie dans ces quartiers était tout autre chose que les règlements de comptes qui font épisodiquement la une des médias.
Échange d'amabilités
Du pain béni pour le maire, qui se plaint depuis des mois de la mauvaise image que l'accumulation de faits divers tragiques (il en a ressorti quelques uns dont l'accident du boulevard National et la noyade dans une piscine municipale) donne de sa ville. Et a au passage récolté un satisfecit de Claude Guéant pour sa "décision courageuse" d'embaucher 100 policiers municipaux et d'installer un réseau de 1000 caméras de surveillance.
Alors que la ville est devenue une clé pour le bilan du président sortant – "le triste symbole du terrible échec de Nicolas Sakozy sur l'insécurité", disait Marine Le Pen dimanche en meeting à Chanot – le moins que Jean-Claude Gaudin pouvait faire était de renvoyer les amabilités : "Vous venez régulièrement, vous vous intéressez à notre ville, vous le faites sans publicité outrancière mais avec efficacité car tous les engagements que vous avez pris ont été tenus".
Pour quelqu'un qui se déplace "sans publicité outrancière", il y avait quand même encore une fois beaucoup de bleu et de micros lors de son passage dans le centre-ville de Marseille… Pour le reste, Claude Guéant s'est empressé de saisir la balle au bond, décochant une rafale de chiffres : "aujourd'hui, la ville compte 189 policiers de plus qu'au mois de mai lors de ma première venue. Nous avons 2000 patrouilles supplémentaires chaque mois, les heures supplémentaires représentent 20 000 journées travaillées, les réservistes 10 000. Tout cela fait de la présence et vous le percevez", a-t-il lancé aux représentants des comités d'intérêt de quartier (CIQ) et associations de commerçants réunies en mairie du 4/5.
Mention bien ou peut mieux faire ?
Ça c'est pour le "premier volet, celui de la sécurité au quotidien", de l'incivilité et de la petite délinquance. Sur ce point, ses interlocuteurs s'accordaient : ça va mieux. Et de tresser chacun à leur tour, les lauriers du lieutenant Roux, officier de police en charge du 4/5 avec semble-t-il une oreille très attentive. Claude Guéant et son ex-directeur adjoint de cabinet Alain Gardère, aujourd'hui préfet de police, en ont fini par ne plus quitter de larges sourires. Événement rare…
Ce qui donne version Claude Guéant devant les caméras : "la situation n'était jusqu'à décembre pas bonne. Beaucoup de gens nous disent qu'elle est désormais bonne". Une interprétation un peu hardie que nuance Monique Cordier, présidente de la confédération des CIQ : "à l'intérieur du périmètre de sécurité renforcée (qui couvre en gros l'hypercentre, ndlr) ça s'améliore. Mais on ne peut pas dire que c'est le cas dans tous les secteurs de la ville." Bref : peut mieux faire et "on en demande plus".
Elle souligne aussi que le 4/5, d'où remontait ce bilan plutôt positif, n'est pas le secteur plus difficile de la ville. Les sujets évoqués le montrent : scooters sur les trottoirs, un peu de deal de shit, et tout de même le problème des commerçants détroussés de leur caisse du soir. On ajoutera que si elle n'était pas "triée sur le volet" comme s'en est défendu par avance Bruno Gilles, la "voix du peuple" que Claude Guéant avait face à lui ne peut se prétendre représentative de l'ensemble de la population de la ville… (n'oubliez pas de lire la suite en cliquant à droite…)
Là où ça se complique, c'est, on l'aura compris, sur le second volet, "les règlements de comptes, qui tournent beaucoup autour du trafic de drogue". Difficile de faire autrement : ils "continuent", a reconnu Claude Guéant. Mais au terme d'une nouvelle avalanche de chiffres, il a assuré que ses services menaient "un énorme travail de fond qui portera ses fruits, c'est fatal. Et le jour où nous arriverons à démanteler un ou deux réseaux de trafic d'armes, nous aurons fait un grand pas". Pas de chance ce n'était pas pour ce lundi : de sa visite express à la cité Font-Vert, le ministre n'a ramené que trois guetteurs interpellés, vraisemblablement relâchés dans l'après-midi…
Bilan : encore plus que sur le premier volet, "il y a loin de la coupe aux lèvres. On a vu quelques opérations qui ont un peu déstabilisé l'économie souterraine, mais c'est un puits sans fond", lâche Monique Cordier. La gauche peut donc continuer ses contre-attaques par voie de communiqué, comme Eugène Caselli (président socialiste de Marseille Provence Métropole) et Laurence Vichnievsky (conseillère régionale Europe Ecologie-Les Verts) : "Ce n’est pas de discours ou de visites médiatisées dont les Marseillais qui veulent vivre tranquillement dans leur ville ont besoin" (version rose) et "ce dont les Marseillais ont besoin, ce n’est pas d’une visite du ministre de l’Intérieur, ni du changement tous les 6 mois du préfet de police" (version verte).
Manif et questions qui fâchent
En parlant d'opposition, après son passage à Font-Vert, en route pour rencontrer les patrouilleurs et quelques commerçants rue Saint-Fé, Claude Guéant a aussi eu droit à une contre-manif sur le cours Belsunce, au son de "Le Pen, Guéant, même combat". Magnéto Esther :
D'ailleurs, entre les classiques bousculades et autres murmures inaudibles du ministre rue Saint-Fé, des questions lancinantes sont revenues : ses déclarations sur le halal, sur les Comoriens… Et à l'autre bout de la boucle, l'homme qui a mis en musique à la suite de Brice Hortefeux le discours de Grenoble sur les Roms s'est retrouvé face à des habitants faisant montre d'une xénophobie ordinaire à leur égard.
A ceux qui demandaient cependant, comme le président du CIQ Saint-Pierre "une table ronde sur ce sujet", il n'a eu pour réponse que de rappeler "qu'il ne suffit pas d'être ressortissant européen pour avoir droit de s'installer dans un pays européen, il faut aussi des ressources". Et que donc tous n'avaient pas vocation à rester, même si la ville avait raison de "faire l'impossible" (ça reste à prouver à part dans les discours de Jean-Claude Gaudin…) pour aider ceux qui veulent le faire. Mais que tout de même "à Paris 10% des déferrements concernent des personnes de nationalité roumaine et il n'y a évidemment pas 10% de Roumains à Paris…" (un chiffre à prendre comme toujours avec des pincettes et qui ne reflète pas forcément les condamnations) Au sortir de la réunion, cette énième équation Rom = Roumain = délinquant potentiel n'avait pas convaincu. Mais nul doute qu'elle s'était instillé un peu plus dans les têtes…
Commentaires
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Quel sketch ! Venir défendre son bilan sécuritaire à Marseille c’est juste cynique. Je me demande qui peut bien être dupe de la manœuvre….
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la réunion à la mairie des 4-5 avec les assos et CIQ inféodés à bruno gilles et muso depuis toujours, je me marre un peu ! c’est marrant comme en réunion publique sans ministre, ils chantent une autre chanson… moins euphorique sur la sécurité à marseille. quant aux énièmes attaques contre les roms: moi j’attends une loi qui interdirait à toutes ces “bonnes gens” d’exprimer leurs puantes opinions. un délit de connerie autrement dit. à marseille pour le coup y aurait vraiment moyen de faire du chiffre.
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Comme vient de le dire l’excellent journaliste marseillais OLIVIER MAZEROLLE sur BFM TV , prendre en considération les propos de M.CORDIER qui n’est en réalité qu’une servile affidée du tandem GAUDIN MUSELIER c’est se moquer du peuple marseillais.
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De déclarations racistes en déférence face à la mairie, il serait temps qu’on pose la question de la représentativité des CIQ quand même…
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C’est quand même inouï de constater que depuis plus d’un siècle, on avance toujours les mêmes arguments à l’encontre de populations nouvellement arrivées à Marseille : leur dangerosité, leur manque d’hygiène, leurs mœurs inadaptées, leur refus de s’intégrer.
En 1904, un commissaire de police estime ainsi que 70 % des crimes et des délits commis à Marseille sont imputables aux étrangers. Il complète son analyse par les propos suivants : « sur 90 000 Italiens résidant ici, il n’y en a guère plus de 10 000 qui soient recommandables ». Sentiment partagé semble-t-il par les plus hauts représentants de l’Etat dans le département. En 1911, dans un rapport adressé au ministre de l’Intérieur, le préfet des Bouches-du-Rhône affirme à son tour que « l’Italie envoie à Marseille une bonne partie de ses malfaiteurs »
(sources “Le Temps des Italiens” Dossier pédagogique Archives départementales des Bouches-du-Rhône)
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