Gaudin distribue quelques rosettes sur canapé pour les étrennes

En ce début d’année, résistent au moins trois traditions dans ce pays où tout fout le camp ma bonne dame. La première est celle des vœux. On en profite chers lecteurs, chères lectrices, chers et chères internautes pour vous souhaiter une excellente année 2012, en vous présentant nos vœux les plus sincères. Voilà, ça c’est fait. La deuxième tradition est elle en nette voie de disparition, c’est l’annonce du nombre de voitures brûlées au lendemain de la Saint-Sylvestre, notamment alsaciennes. Afin d’éviter une bien stupide surenchère, le gouvernement a décidé de ne plus communiquer sur le sujet. Comme ça c’est pratique, il n’y a plus de problème…

La dernière tradition, c’est la promotion du nouvel an de la Légion d’honneur. Trois fois par an (également à Pâques et le 14 juillet) quelques heureux élus sont récompensés grâce à au moins 20 ans d’activité professionnelle, quelques mérites éminents et bien entendu un caractère irréprochable. Et c’est le président de la République, en tant que Grand Maitre de l’ordre qui choisit in fine les impétrants, sur proposition de ses ministres.

Ca ricane sur Stone et Charden

Jusqu’à ces dernières années, la liste des décorés n’étant publiée que dans le Figaro, elle était généralement à peu près aussi lue que l’édito annuel de Serge Dassault, son proprio. Mais forcément, depuis internet, et surtout depuis que des millions de désoeuvrés passent leur temps sur Twitter, ce listing des célébrités est devenu un peu plus bankable. Notamment la promo du 1 janvier 2012 où la double rosette accordée à Stone & Charden fait beaucoup ricaner. Oui, oui Stone & Charden, de « c’est l’aventurra, c’est la vie que je mêne avec toi, c’est l’avventura, c’est dormir chaque soir dans tes bras« , ainsi que celle du journaliste-de-droite-et-je-suis-bien-le-seul-au-milieu-de-tous-ces-gauchistes Eric Brunet, auteur du récent ouvrage Pourquoi Sarko va gagner. On n’a rien sans rien.

De son côté l’ancien sénateur UMP et ex ministre de Messmer, Henri Torre a lui décidé de ne pas l’accepter car « bafouée selon lui par la nomination de n’importe qui » nous indique Le Figaro. Bon, bon, bon. En tout cas pas de risque que ce genre d’incident diplomatique n’arrive à Marseille. Et heureusement car ils ne sont déjà pas si nombreux. Sur cette première promo de l’année, on a trouvé – et encore en comptant large – une petite dizaine de Marseillais. Ce qui fait un faible pourcentage sur les plus de 800 promus au plan national. Pas de ministres phocéens dans le gouvernement ? Désintérêt de nos élites locales pour le ruban ? Pas/peu de personnalités locales aux mérites éminents ? On vous laisse rayer le ou les mentions inutiles, et on passe rapidement en revue la liste de nos heureux gagnants.

Un adjoint et un grand ami du maire

Dans la catégorie rosette sur canapé, c’est à dire officier (deuxième grade après chevalier), c’est Gaudin qui régale ses fidèles. Son vieux complice André Malrait, architecte et 27e adjoint au patrimoine et aux monuments historiques, déjà fait chevalier en 2003, vient d’accéder très rapidement au grade d’officier (il faut au minimum 8 ans entre chevalier et officier, et il faut avoir fait quelque chose de nouveau pour le mériter, ça ne s’obtient pas à l’ancienneté…).

L’autre impétrant qui peut également remercier son ami de 40 ans Jean-Claude, est Philippe Girard, notaire à Marseille, ancien président de la chambre de ces officiers de justice. « Pour rien au monde je ne raterais le repas de l’Accueil de nuit de la rue Forbin », une « maison dirigée par les frères de Saint-Jean-de-Dieu que préside mon ami Philippe Girard » où il se rend chaque Noël, expliquait notre bon sénateur-maire au Point en 2007. Girard qui est aussi à la ville compagnon de Dominique Vlasto, adjointe à la ville, députée européenne et grande amie du maire. Pour les (nombreux) autres amis de JCG, il reste la prochaine promo. Pour celle de juillet, c’est évidemment plus incertain, élections présidentielles obligent…

Pieds-noirs, édile et business

Sans doute aussi à mettre dans le quota politique, mais cette fois dans la catégorie chevalier, il y a celle de Melchior Calandra, adjoint au maire de Carnoux et surtout représentant de la très importante et très influente communauté locale de pieds-noirs. Tendance nostalgérique même, comme il commence à y en avoir de plus en plus dans l’Ordre… Ça va en tout cas peut-être mettre en peu d’eau dans l’anisette. Car Gaudin en août dernier avait été largement bousculé lors d’une manifestation justement à Carnoux, par des rapatriés d’Algérie lui reprochant d’avoir donné quelques jours plus tôt l’accolade à une ancienne combattante du FLN, aujourd’hui parlementaire algérienne et dont le passé ne passe pas à Carnoux. Toujours dans la catégorie politique, Hervé Schiavetti maire communiste d’Arles va également recevoir un petit ruban de chevalier, rouge bien sur. Mais ce n’est sans doute pas grâce au maire de Marseille.

Pour le reste des nominations, deux très discrets chefs d’entreprises marseillais, dont Dominique Mouillot, qui dirige la filiale spécialisée dans le nucléaire d’Onet (250 millions d’euros de chiffre d’affaires et plus de 2000 salariés). Pour en savoir plus sur l’impressionnant CV d ‘Atomique Dominique, c’est sur sa très complète et parfaitement mise à jour wikibio.

Le second chef d’entreprise, lui aussi fait chevalier, est Jean-Pierre Dréau le PDG de la SNEF, société spécialisée dans l’installation électrique, crée en 1905 à Marseille. Rachetée il y a 20 ans par Dréau au groupe Suez grâce à un RES (rachat d’entreprise par les salariés) elle est aujourd’hui devenue un acteur international – avec plus de 850 millions d’euros de CA et près de 10 000 salariés dans le monde. Et son siège social est toujours ici. A la frontière de l’entreprise et du juridique, Alain Genot, un Commissaire aux Comptes a également été fait chevalier.

Médecine et justice

Catégorie justice justement, on trouve dans cette promo Dominique Moyal, pr
ocureur de la République à Aix-en-Provence, très médiatisée entre Noël et le jour de l’an quand les balles de kala sifflaient drues. Autre (rare) femme faite chevalier, Michèle Guidi, directrice interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse dans le Sud-Est, basée elle à Marseille. Et enfin l’avocat Jean-François Lecat, ancien bâtonnier au barreau d’Aix, que nous avions croisé lors de notre article sur les chasseurs.

Dernière catégorie, forcément vu le pôle de santé marseillais : celle des médecins, représentée toujours au grade d’officiers par le doyen de la fac de médecine Georges Leonetti, patron du service de médecine légale, un gros job ces derniers temps que d’être médecin légiste à Marseille. Et deux ophtalmologistes pour terminer cette belle liste, avec Jean Gambarelli, qui est le président de l’ONG Esculape Chirurgie – association liée au Lions’s club qui envoie bénévolement des médecins sur le continent africain – et François Devin, basé à Marseille.

On a en surement oublié un ou deux, n’hésitez donc pas à nous le faire savoir, et pour ceux qui souhaiteraient nous inscrire pour la prochaine tournée, ils peuvent écrire au Préfet de Région en utilisant ce formulaire d’initiative citoyenne, mais il va falloir trouver 50 autres signataires.

Pierre Boucaud, avec Erika Riberi