Étudiants, apprentis ou salariés : des émeutiers insérés socialement face à la justice

Reportage
le 5 Juil 2023
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Mardi, le tribunal correctionnel de Marseille jugeait une nouvelle série de dossiers liés aux émeutes du week-end. Après les sanctions très lourdes de la veille, la justice a pu sembler plus clémente face à des personnalités toujours très jeunes, mais avec des situations professionnelles plus avancées.

Des échauffourées et des pillages ont eu lieu plusieurs nuits d
Des échauffourées et des pillages ont eu lieu plusieurs nuits d'affilée dans le centre de Marseille, comme ici le 30 juin, rue Saint-Ferréol. (Photo : Emilio Guzman)

Des échauffourées et des pillages ont eu lieu plusieurs nuits d'affilée dans le centre de Marseille, comme ici le 30 juin, rue Saint-Ferréol. (Photo : Emilio Guzman)

Les avocats se pressent dans la salle numéro 2 du tribunal correctionnel. Ce mardi matin, elle doit recevoir les comparutions immédiates liées aux émeutes qui ont ébranlé le centre-ville de Marseille ce week-end. “Hier [lundi, ndlr], ça a tapé fort, glisse l’un des conseils présents. On a vu du ferme pour une paire de chaussures.” Une de ses consœurs ajoute : “Le proc’ a dit qu’il fallait envoyer un message. C’est ça le message qu’on veut envoyer ? Vraiment ?” En tout, 19 personnes doivent être jugées dans la journée. Une deuxième salle sera ouverte dans l’après-midi, faisant augmenter ce nombre.

Contrairement à la veille, la présidente, tout comme son successeur l’après-midi, ne fera pas de propos préliminaires au sujet de la fermeté à appliquer “pour l’exemplarité”. Les profils qui vont défiler, eux, sont variés. Mais nombre d’entre eux détonnent avec les faits reprochés. Ils sont salariés, en formation, sur le point d’obtenir un CAP, voire un diplôme d’ingénieur. Certains attendent même les résultats du bac, dont ils n’ont pas pu prendre connaissance après avoir passé les dernières 48 heures en détention provisoire.

“Les mortiers ? C’était pour l’anniversaire de ma mère”

Marteaux, brise vitre, cagoule, cran d’arrêt et mortiers d’artifices. Il avait dans sa voiture tout l’attirail du parfait émeutier. Yassine*, 19 ans, a été interpellé sur l’avenue du Prado aux alentours d’une heure du matin ce dimanche, accompagné de quatre copains. Il était au volant de sa voiture, avec le coffre bien rempli. La ville est alors en pleine ébullition et les émeutes se poursuivent dans le centre-ville. Pourtant, le jeune homme au visage d’ange le promet, il ne répondait ce soir-là à aucun appel, souhaitant seulement retrouver ses amis, pour “aller fumer une cigarette au bord de la mer”. À quelques mètres de là, un magasin de vêtements d’une marque italienne de sportswear a été pillé.

Yassine est en panique. Il a des réflexes d’enfants. La cagoule ? Pas à lui. Les marteaux ? Pour bricoler. Les mortiers ? “C’était pour l’anniversaire de ma mère”. De quoi sérieusement agacer la procureure. “Nous ne sommes pas dupes !”, lance-t-elle. Avant de réclamer une peine de huit mois de prison, dont trois ferme, avec maintien en détention. Yassine tente de garder la face, mais l’angoisse se lit sur son visage. Il prend conscience. Son avocat, Gaëtan Poitevin, enchaîne : “après ces trois nuits d’émeutes, il y a une réponse systématique qui est la comparution immédiate. Cela ne doit pas vous empêcher d’individualiser la peine.” Politique, opportunisme, pillages… Difficile de cocher une seule case pour définir les raisons qui ont animé les émeutiers. “C’est sûrement quelque chose entre les trois, exacerbé par les réseaux sociaux qui conduisent à se rendre sur place et à la surenchère, on est là face à des personnes influencées, un gâchis pour quelqu’un d’inséré”, poursuit l’avocat du jeune homme.

“Merci beaucoup”

Comme nombre des prévenus ce mardi, Yassine n’est ni décrocheur, ni multirécidiviste. Il est tout de même connu de la justice pour une histoire de rodéo urbain datant de mai. Actuellement en alternance, il est sur le point d’obtenir un CAP électricité, vit chez sa mère, boit de temps en temps mais de manière occasionnelle. “Il peut répondre à un aménagement de peine. Je ne sais pas ce qui amène ces jeunes à faire cela. Snap, l’appât du gain, je ne sais même pas si eux le savent”, conclut Gaëtan Poitevin. Yassine écopera de 12 mois d’emprisonnement, dont six avec sursis et les six autres avec possibilité d’aménagement, en l’occurrence, un bracelet électronique. “L’emprisonnement, c’est pour la gravité des faits et parce que l’on constate que vous êtes sur une pente descendante, lui explique le président Vincent Clairegerie. L’aménagement, parce que vous travaillez et que vous avez une famille qui vous héberge.” Yassine a les larmes aux yeux : “Merci beaucoup”, dit-il avant de quitter le box.

J’étais venu pour la manifestation pour Nahel, j’ai été attiré par la foule, je n’avais pas conscience de la gravité des choses. J’ai ramassé les sacs et j’ai couru, mais pas longtemps.

Nour, 22 ans

Nour* arrive tout recroquevillé dans ce même box. À 22 ans, le garçon a un casier vierge. Il vit dans le 14e mais ce week-end, c’est rue Grignan qu’il a été interpellé. “Je n’ai jamais participé aux émeutes, j’étais en marche”, dit-il, dans un lapsus. “Vous voulez dire, en marge”, le reprend le président. Ce grand jeune homme filiforme, désamianteur de métier, et sur le point d’entamer une formation pour devenir plombier avec le concours d’une association, a été interpellé alors qu’il courrait, avec deux sacs Lancel neufs. Alors Nour explique : “j’étais venu pour la manifestation pour Nahel, j’ai été attiré par la foule, je n’avais pas conscience de la gravité des choses. J’ai ramassé les sacs et j’ai couru, mais pas longtemps.” Le jeune homme a un problème à la jambe, et la police le reconnait facilement grâce à ses lunettes de vue. “C’est un opportuniste, mais pas un délinquant. S’il avait participé au chaos, à la destruction mais ce n’est pas le cas. Il se présente avec une grande humilité.” Tandis que son avocate parle, Nour ne peut retenir ses pleurs, baisse la tête pour se cacher. Il écopera finalement de 10 mois d’emprisonnement, dont quatre avec sursis, et six à domicile, chez sa mère, où il vit avec sa petite sœur. Selon ses dires, les sacs étaient pour elles.

Younes* non plus, n’est pas un habitué des tribunaux. À 22 ans, le jeune homme, originaire d’Algérie est en France depuis deux ans pour faire des études supérieurs. Il est en master 2 et sur le point d’être diplômé comme ingénieur. On lui reproche le recel de matériel de téléphonie. “Vos parents financent vos études, votre casier est néant”, rappelle la présidente Céline Pendaries. “Prometteur, bonnes notes, apprécié de son tuteur, avenir brillant”, son avocat qui ne tarit pas d’éloges pour “cet intellectuel” qu’il a retrouvé “en larmes dans les geôles”. La procureure, elle, le met plutôt dans la case des opportunistes. “Ce n’est pas un casseur, mais il a participé activement, a profité de la situation pour satisfaire son intérêt personnel au détriment de l’intérêt général, de celui des commerçants”, estime-t-elle. Il repartira avec six mois d’emprisonnement aménageables avec un bracelet “en l’absence d’antécédents”.

“Nous avons tout fait pour qu’il soit exemplaire”

Et puis il y a ceux qui sont allés plus loin. À qui l’on reproche d’avoir dépassé le vol ou le recel, pour atteindre la violence. Mehdi* a 18 ans à peine. Il vit avec ses parents dans le 14e. Il a été interpellé à côté d’un bus incendié, dimanche et doit répondre aujourd’hui de violences sur un fonctionnaire de police. Ce dernier a une plaie à la tête, avec des points de suture. Le très jeune adulte, lui, ne présente pas de blessure, mais semble sous le choc. Son histoire l’est tout autant. Ce dimanche, il vient de finir de travailler – Mehdi est livreur – quand il décide de retrouver ses collègues. Ensemble, ils rejoignent une foule autour d’un bus en feu. La police arrive et tente de maitriser la situation qui a complètement dégénéré.

C’est qui la police ? Elle incarne quoi pour vous ? Vous pensiez que la police allait vous écraser ? Vous pensez que la police n’est pas républicaine ?

Le juge assesseur

Mehdi ramasse une chaise et la jette sur le véhicule, puis prend la fuite en scooter. “Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête”, raconte le jeune homme aux traits poupins. La police suit et la course finit dans une impasse. Mehdi lâche le scooter, monte sur le toit de la voiture et tente d’escalader un grillage. “J’ai eu peur qu’ils m’écrasent”. Les policiers finiront par l’attraper, non sans mal, puisque l’un d’eux reçoit un coup de pied. “Dans l’histoire, c’est qui les délinquants ? C’est qui la police ? Elle incarne quoi pour vous ? Vous pensiez que la police allait vous écraser ? Vous pensez que la police n’est pas républicaine ?”, s’emporte un assesseur, lui-même ancien fonctionnaire de police. Mehdi fait oui, puis non de la tête.

La présidente lit une lettre du père du jeune homme. Celui-ci explique qu’il a lui-même grandi en foyer jusqu’à 16 ans, et avoir tout fait avec son épouse pour que ses enfants aient une enfance et un avenir respectables. “Nous avons tout mis en œuvre pour qu’il soit exemplaire”, écrit le père du jeune homme, qui suit actuellement un CAP mécanique et découvre ces mots en même temps que la salle. Bon élève, apprécié pour sa gentillesse, Mehdi a fait preuve “d’immaturité, de ce 30 juin jusqu’à votre barre, en essayant de changer de version, défend son avocate. Mais il s’est finalement fait rattraper par sa personnalité, qui détonne, dénote, contraste avec les éléments.” Il écopera de six mois de prison avec sursis, mais aussi de six mois ferme.

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Commentaires

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  1. Patafanari Patafanari

    Pourquoi mettre des prénoms (changés) arabes?

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    • Aurelie HENRY Aurelie HENRY

      Je ne vois pas où vous avez trouver l’information que ce sont des prénoms dit “arabes” ?

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    • polipola polipola

      Même question que vous Patafanari, ça m’a fait un effet bizarre.

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    • vékiya vékiya

      peut être que le vrai prénom est arabe ?
      si on change charles en amir, c’est mieux ? pour vous il faut changer amir en charles ? je ne comprends pas.

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    • Lisa Castelly Lisa Castelly

      Bonjour, l’usage veut que l’on remplace les prénoms modifiés par d’autres un minimum ressemblants aux originaux. Cela marche pour l’origine aussi bien que pour la génération, etc.

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  2. Malleus Maleficarum Malleus Maleficarum

    Toujours pareil. “Pas ma faute” “J’avais pas vu” “J’imaginais pas”. Sérieusement ?

    Assez avec cette complaisance dans la déresponsabilisation. Certains veulent l’anarchie dans la République (en gardant les iPhones, les pompes de chez Foot Locker et le maquillage de chez Sephora hein) ? Soit. Mais qu’ils assument les conséquences de leurs propos autant que de leurs actes.

    Sinon faut aller s’exiler au fin fond du Vercors ou du plateau de Langres pour vivre en autarcie car la vie en Société impose un minimum de règles.

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    • polipola polipola

      Et on en en parle de la complaisance à l’égard de la votre, de complaisance ?
      “un contexte ? Des raisons d’être en colère ? Ah non je vois pas, c’est vraiment que des petits branleurs qui n’ont rien dans le crâne”

      Ca n’excuse pas tout, mais ce serait quand même bien de reconnaître qu’il s’en passe des choses pour expliquer ça.

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    • Andre Andre

      Polipola, croyez vous qu’on règlera les problèmes de notre société en brûlant des bus et des écoles, en vandalisant des commerces? Le “Jack pot “pour le RN.
      Ces émeutes étaient bien loin de l’assassinat de Nanterre, du mal être et des problèmes sociaux.
      Vous essayez de relier les deux par pure posture idéologique mais votre effort est vain et irresponsable.

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    • Malleus Maleficarum Malleus Maleficarum

      Polipola, de quelle complaisance parlez-vous à mon égard ? Votre prosélytisme militant vous aveugle.

      La déresponsabilisation généralisée est une tumeur de nos Sociétés : personne ne se sent plus responsable de rien, pas même de ses actes. Et le tolérer est devenu inacceptable (sachant que cela n’aurait jamais dû être accepté à mon sens), ce qui est désormais exprimé avec une virulence qui ouvre la voie à tous les excès inverses en terme de rigorisme, d’autoritarisme et d’extrémisme.

      Donnez-vous bonne conscience en cautionnant quelque-chose que vous n’accepterez pas le jour où vous serez directement et personnellement concerné, si cela vous rassure. Permettez-moi néanmoins de ne pas partager votre avis.

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    • polipola polipola

      Cher André, non, nous ne réglerons pas les problèmes de société en brûlant des bus et des écoles, mais comme le dit très bien Alfred13, on ne les réglera pas non plus en prétendant que tout ça est juste issu d’une “folie soudaine des jeunes des “quartiers” ou que le simple fait de lier les deux est “une pure posture idéologique.” Et personnellement, j’aimerais bien savoir ce qui vous permet d’affirmer une telle chose avec autant de radicalité.

      Et pour mars, et yeah, je répondrai simplement que ce n’est pas déresponsabiliser que d’interroger, de voir plus large, de confronter. Une société qui ne prend même plus la peine de faire ça est bien mal barrée pour donner des leçons aux autres. Et pour ce qui est de “cautionner tant que cela ne nous arrive pas”, c’est bien une phrase qui ressemble à cette société-là.

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    • Andre Andre

      Polipola, “folie soudaine”, c’est vous et Alfred qui l’écrivez.
      Je n’ouvrirai pas le débat: “responsabilité individuelle ou déterminisme du milieu” ou alors je répondrais “les deux mon capitaine”.
      Quelles que soient les difficultés de certains milieux sociaux, des actes de vandalisme, parfois d’une extrême violence, ont été commis, et c’est inadmissible.
      La vraie question est maintenant : suite à cela, que faut il faire?
      Certainement, réinvestir dans ces quartiers , avec générosité mais sans complaisance ni angélisme. Commencer par casser les trafics, dissoudre les bandes et les sectes qui, sans doute, ne sont pas pour rien dans l’attaque de tout ce qui peut représenter la présence publique républicaine, comme les écoles.
      Engager une action éducative et d’intégration (je sais, pour certains, c’est un gros mot). Tout ce qui peut-être rattrapé doit l’être. Je pense aux jeunes enfants auxquels on doit offrir un autre horizon que le chouf ou le foot. Je n’invente rien, on en parle depuis 20 ans.
      Mais on n’évitera pas le fait de devoir sanctionner. Sévèrement mais pas n’importe comment. Pour des délinquants très jeunes ou occasionnels, la prison n’est pas la solution. Des centres éducatifs fermés s’ils sont vraiment éducatifs, pourquoi pas?
      Vastes chantiers qui demandent de trouver des solutions nouvelles et de dépasser les postures et les discours pré-formatés.

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  3. alfred13 alfred13

    La posture idéologique, c’est celle que vous prenez cher André en faisant comme si cette crise était née de je ne sais quelle folie soudaine des jeunes des “quartiers” comme ils disent. L’article montre bien que les causes sont largement plus profondes, à chercher du côté des ghettos sociaux qu’on a constitué ou qu’on a laissé se constituer. La police n’est pas leur police mais une police faite pour les mater eux, spécifiquement eux. Les emplois, les logements, les commerces, les quartiers de qualité leur sont largement inaccessibles et ils le disent comme ça. Certes, ça n’excuse rien mais tant qu’on n’aura pas la volonté de traiter les problèmes, des soulèvements de ce genre surviendront. Je ne crois pas que les politiques menées depuis 50 ans aient vraiment voulu s’attaquer au fond de la question. Encore moins celle que veut mettre en oeuvre le RFN.

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    • Andre Andre

      Cher Alfred, j’ai trop longtemps travaillé dans ce type de quartiers pour contester le caractère délétère de ces ghetto de fait qu’on a laissé se développer aux abords de nos villes. Un urbanisme concentrationnaires car il fallait “faire vite”, le chômage de masse, la tolérance des trafics en tout genre dont principalement la drogue, etc.
      On pourrait aussi parler du consumérisme de notre société qui soulève beaucoup d’envies et ne donne pas d’autre horizon qu’amasser des biens et ressembler aux modèles sponsorisés.
      Le phénomène est vaste et complexe.
      Par ailleurs, dans un autre commentaire, je faisais référence aux problèmes structurels de la police qui conduisent à des actes de violence de plus en plus nombreux de la part de ceux qu’on appelait jadis les “gardiens de la paix”. Je ne pense pas qu’ils soient particulièrement tournés vers les “quartiers” et leur jeunesse d’origine immigrée, on l’a vu pour les gilets jaunes. Ce gouvernement, gardien du néo libéralisme, a simplement fait le choix d’une police qui “fait peur”plutôt que d’une police qui protège.
      Mais si on doit essayer d’expliquer, faut il pour autant excuser ?
      Excuser les phénomènes de bandes qui permettent de laisser libre cours à la violence, excuser la destruction volontaire d’équipements publics et de transport en commun dont les plus modestes sont les premiers utilisateurs, nier les effets d’aubaine permettant le pillage?
      J’ai en moi la conviction que nous restons responsables de nos actes, même si la jeunesse et l’immaturité
      peuvent apporter des circonstances atténuantes.
      C’est pourquoi, pour ces délinquants occasionnels, je considère que les peines de prison sont non seulement injustes mais inopérantes. D’autres types de sanction qui garderaient un caractère éducatif (puisque l’école a failli) restent à trouver. La débat mériterait d’être ouvert plutôt que se draper dans des postures…

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    • Malleus Maleficarum Malleus Maleficarum

      alfred13, je travaille depuis plus de 15 ans dans les quartiers “sensibles” / QPV / cités (appelez cela comme vous voulez). Depuis plus de 25 ans des milliards y sont investis chaque année pour rénover, dédensifier, réhabiliter tant le bâti que les espaces publics.

      Je ne m’occupe que de ces derniers. Tout, tout, tout est toujours systématiquement dégradé par les gens de ces quartiers au fil de la livraison, parfois le jour même : stationnements et vidanges sur trottoirs, destruction du mobilier urbain, etc.

      Et personne ne s’en offusque, en réponse j’ai toujours droit à ces petits sourire qui disent “hé, c’est comme ça ici”. Alors que chacun sait qui fait quoi.

      Oui, il y a certainement des questions d’éducation à poser. Mais on parle bien d’éducation. Pas d’instruction. Arrêtons de confondre le rôle de l’Etat et celui des parents. Ils ne sont pas défavorisés, ils sont déshérités : leurs parents ne leur ont rien transmis. Le problème est bien plus familial que systémique.

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    • Andre Andre

      J’ai moi moi-même concouru aux actions dont parle Mars et Y. Les pouvoirs publics y ont mis beaucoup de moyens sans pour autant, il faut le reconnaître, s’attaquer aux vrais problèmes que sont le chômage et “l’inemployabilité” ainsi que le développement des trafics. C’est un fait. Mais la protestation légitime contre ces injustices ne saurait, pour un esprit conscient, résider dans ces destructions sauvages et ces pillages qui ne dérangent en rien le système mais dont les victimes sont de simples citoyens, parfois même leurs voisins.
      Comment expliquez vous, Alfred, qu’on puisse brûler l’école où vont ses petits frère et soeurs? Comment expliquez vous qu’on brûle le bus qu’utilisent les parents pour aller bosser? Comment expliquez vous qu’on détruise des commerces situés parfois au pied de son propre immeuble?
      Nous sommes bien loin d’une quelconque protestation contre l’assassinat de Nanterre.

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  4. Alceste. Alceste.

    André, votre terme d’architecture “concentrationnaire” est inadéquat. Vous auriez mieux dû employer le terme de ” brutaliste” qui couvre la conception pensée par Le Corbusier, ou bien ensuite celle d’ “utilitariste” sous l’ère Defferre.
    Je n’e vais pas rappeler le terme de concentration lié aux crimes nazis,la seule période architecturale que l’on peut à la limite qualifier de cet épithète est celle de l’ ex RDA. Marseille à cette epoque n’etait pas sous ce regime.Nous préchons la modération, pratiquons la. Je suis d’accord ,cette politique architecturale n’a pas été la panacée.
    Rappelez vous le contexte de l’époque dans les années concernées

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    • Andre Andre

      Alceste, à l’époque, sous le prétexte qu’il fallait construire vite, résorber les bidonvilles, répondre à l’essor démographique, on a concentré des gens dans des appartements empilés, même si ces appartements étaient en soi corrects. Des avatars appauvris du Corbu. Ce qui a été réalisé dans les pays de l’Est était guère different. Initialement habités par une population très mélangée, on a assisté ensuite à un regroupement de populations immigrées suivant des mécanismes qu’il serait trop long de détailler mais qui ne répondaient pas à une volonté de constituer des ghetto. C’est pour cela que je parle de ghetto de fait. Le résultat en est néanmoins le même.
      Ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est le risque de reproduire les mêmes phénomènes sous prétexte de rattraper le retard en logements sociaux.

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  5. Christian Christian

    Dans ce qui est reproché aux accusés, où est la protestation contre la bavure policière ??????????????? Il s’agit de vols dans un climat de grande violence, ni plus ni moins.

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