Et si Muselier perdait son siège de député ?

Et si Muselier perdait son siège de député ?

"C'est quoi ce bureau ? Les ciseaux ont dérapé !" Telle est en substance la réaction d'un dirigeant UMP dimanche soir rue Sainte-Cécile au moment de recevoir le résultat du bureau 505 de la rue Copello où Hollande et Mélenchon devancent dans cet ordre Sarkozy et Le Pen. Situé en bordure de la nouvelle cinquième circonscription, cet élu aurait bien aimé que son ami Alain Marleix les fasse glisser chez Patrick Mennucci. Mais bon, il ne va pas trop lui en vouloir. La circonscription 2007-2012 de Muselier a mis en tête François Hollande dimanche dernier quand celle qu'on étrennera en juin permet à Sarkozy de terminer avec un peu plus de deux points d'avance sur le socialiste (qui perd 0,4 point). Dans le même mouvement, Jean-Luc Mélenchon recule de 0,6 point et Le Pen de 1,2. Bien joué Alain.

Ce grand moment de géographie électorale ne suffit pas à faire réélire le sortant dans un fauteuil si l'on se fie aux chiffres du premier tour de la présidentielle. Avec notre hypothèse détaillée hier d'une abstention qui grandirait de quinze points, le risque de triangulaire avec le FN serait écarté de peu. Mais cette hypothèse reste mathématiquement possible en cas de forte mobilisation de l'électorat FN. Très fin connaisseur de la géographie électorale locale, Bruno Gilles, maire des 4e et 5e arrondissements et fidèle parmi les fidèles de Renaud Muselier, n'y croit pas.

Il faudrait une participation de 66 %. C'est quasiment irréalisable. Qui plus est, jamais le candidat du FN ne récupère l'ensemble des voix de Le Pen. C'était vrai avec le père, ça le sera avec la fille.

Dans un duel, l'affaire n'est pas non plus entendue. Dans les entourages de Gaudin et Teissier, on évoque déjà à mots couverts une défaite de Muselier qui l'écarterait de la vie politique. En face, la candidate socialiste Marie-Arlette Carlotti s'y voit déjà.

Écarter l'un des acteurs de l'UMP qui compte jouer un rôle important plus tard ? Si je pouvais faire ce cadeau à la gauche, ce serait formidable !

"Je crois que ma victoire se fera dans la victoire de François Hollande", estime "Mac". Le total de la gauche au premier tour (44,9 %) peut en effet lui permettre d'espérer. Bruno Gilles estime que les électeurs de Le Pen sont fondamentalement de droite et qu'ils ont usé dimanche dernier d'un vote "cartouche" qu'ils ne répéteront pas. De là à ce qu'ils se reportent tous sur Muselier ? Lui veut y croire en ajoutant d'emblée les voix FN (18,82 %) et, plus compréhensible, celles de Dupont-Aignan à celles de son camp pour estimer que "le bloc des droites devance le bloc des gauches de cinq points". Restent alors en suspens les six points et demi de Bayrou pour compléter une fresque qui ressemble à s'y méprendre à l'équation nationale du second tour présidentiel. Après le grand écart Sarko, assistera-t-on au grand écart Muso ? Bruno Gilles a commencé les séances d'étirement :

On peut essayer de récupérer les voix, c'est de bonne guerre. On restera dans la même lignée en accentuant les thématiques de l'immigration de la sécurité, mais aussi de la lutte contre le deficit public qui est un des points clés du discours de Bayrou.

"On essaiera d'ouvrir les yeux de tous ces gens, sans excès", complète-t-il confiant sans leur capacité commune à mobiliser sur ces terres. "On a battu les deux Guérini en 2008, pourquoi on ne gagnerait pas cette fois-ci ?", ajoute-t-il bravache. Les anciens adversaires de Carlotti connaissent pourtant sa pugnacité. Et visiblement, elle n'en a rien perdu quand elle répond en écho au sherpa de son opposant : "ils vont essayer de gagner en faisant des cadeaux. Mais leur clientélisme est dépassé." La bataille de juin s'annonce mordante.

Demain, promis, on vous emmène dans la première circonscription…