Dix bonnes raisons d'aller écouter du jazz à Longchamp (et quelques bémols)

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le 18 Juil 2014
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Dix bonnes raisons d'aller écouter du jazz à Longchamp (et quelques bémols)
Dix bonnes raisons d'aller écouter du jazz à Longchamp (et quelques bémols)

Dix bonnes raisons d'aller écouter du jazz à Longchamp (et quelques bémols)

Marseille n'est pas encore Marciac, ni Juan-les-Pins ou Montreux. Qu'importe, si le Festival de jazz des cinq continents n'amène pas son flot de touristes mélomaniaques. En près de 15 ans, il est devenu l'un des évènements majeurs de l'été marseillais. On connaît personnellement quelques cigales qui fourbissent leurs tympans pour cymbaliser en rythme au mois de juillet. Le cadre somptueux et la programmation alléchante suffisent à trouver dix bonnes raisons d'aller se rincer les oreilles au parc Longchamp. Parce qu'à Marsactu, nous ne sommes pas vraiment fan de l'uniforme, nous avons aussi pêcher quelques bémols pour faire bonne mesure.

1 Y a moins de cigales qu'à Juan-les-Pins

Pour ceux qui craignent que le chant des insectes ne prenne le pas sur les trilles des artistes, Marseille marque un point sur son concurrent azuréen. La variété des essences du parc Longchamp réduit le nombre de cigales en comparaison de la pinède Gould. Et puis, disons-le tout de go : la programmation de Jazz à Juan n'est pas à la hauteur de ce que propose le festival de Longchamp avec artistes déjà vus ailleurs notamment Chic, Georges Benson, The Family Stone… Cette petite introduction d'entomologiste aigri est une manière peu bébête de célébrer la beauté du site marseillais : avec escalier monumental, cascade, gazons lustrés et bonne mère en veilleuse.

Petit bémol : Avec une soirée Stevie Wonder, Jazz à Juan n'est pas totalement dénué d'intérêt. Surtout quand il est aligné avec Gregory Porter dont on aura l'occasion de reparler.

2 Le bon endroit pour aller voir des légendes (encore) vivantes

Chaque été, la vieille Europe se transforme en hospice à étapes pour les légendes du jazz encore vivantes. Venue des bas fonds, jouée par des amateurs de poudre(s) et whisky bien tassés, cette musique offre aux survivants des décennies dorées une rente reconductible chaque été. Dans la fournée estivale, le festival des continents a l'insigne honneur d'accueillir un géant du genre : Ahmad Jamal, vendredi 18 juillet. Comme le club des papis du jazz a plutôt tendance à se resserrer année après année, cet ardent du clavier n'est pas à sa première visite à Marseille puisqu'il est déjà venu à deux reprises. L'homme a 84 ans mais personne ne se risquera à dire que c'est là une des dernières chances de le voir sur scène : avec ce genre de vieux briscards, on ne tente pas un pari en viager. 

Petit bémol : En 2007, après son concert marseillais, Ahmad Jamal avait été pris de malaise alors qu'il avait rejoint Gap pour la suite de sa tournée. C'est le père du festival, élu UMP et cardiologue réputé, Roger Luccioni qui avait organisé son rapatriement sanitaire à Marseille pour s'occuper de lui. Une mésaventure aussi vécue par Al Jarreau en 2010. C'est bien beau le ciel bleu et les cigales mais ça cache souvent un petit pic d'ozone des familles. Faut pas tousser, papy…

Histoire de mettre l'eau à la bouche, un petit aperçu vidéo de sa dernière visite à Marseille en 2011.

3 Trombone Shorty, c'est de la balle

Pour tous ceux qui pensent avec raison que le trombone est un instrument qui n'est bon qu'à coulisser au fin fond d'un big band New orleans ou à coup de rares riffs façon ligne de cuivre funky, il y a un antidote vivant nommé Trombone Shorty. De son vrai nom, Troy Andrews, ce natif de la capitale de Louisiane a le double avantage d'avoir connu cette double formation. Il a fait ses classes au sein de la New Orleans Center for the Creative Arts où on apprend tout du big band et il a accompagné des grands noms de la pop comme U2, Lenny Kravitz ou Green Day. Surtout, en 2013, il avait enflammé (c'est une image) les frondaisons de la butte Longchamp avec un set anthologique.

Petit bémol : pour son dernier opus de Say that to say this sorti en 2013, l'homme en short (c'est une image, bis) avait réussi à réunir les musiciens du combo funky légentaire The Meters, dissous il y a 40 ans. Ils ne sont pas avec lui pour cette tournée européenne puisqu'on retrouvera autour de lui les comparses habituels de New Orleans avenue, samedi 19 juillet. En même temps, ce ne sont pas des manches non plus.

La preuve en 2011 à Longchamp :

5 Duo qui tue : Herbie Hancock/Wayne Shorter

Si vous les avez ratés à Marseille en 2011, les deux anciens musiciens de Miles Davis s'unissent à nouveau pour un duo seul en scène. Il n'y a pas de quoi bouder son plaisir. Les deux hommes sont somptueux séparément et leur hommage à Miles en 2011 en compagnie de Marcus Miller était étincelant. Leur prestation en duo (saxo/piano) le 22 juillet prochain promet donc d'être aussi brillant.

Petit bémol : Contrairement à ce qu'annonce le festival, la date marseillaise n'est pas l'un des deux seules au monde puisqu'ils étaient à Paris et qu'ils seront à Anvers et Marciac.

Un aperçu de l'hommage à Miles :

6 Le président Clinton

Les anciens aiment donner du bon son à manger aux pigeons depuis la scène de Longchamp, mais le grand-père putatif de la funk music, George Clinton est pour la première fois l'invité du festival le dimanche 20 juillet. Le fondateur de Parliament, de Funkadelic est aussi l'inventeur de la coiffure avec rajouts arc-en-ciel qu'il est le seul au monde à porter avec noblesse et sans ressembler à un balai espagnol. 

Petit bémol : Sur scène, le vétéran du funk est aussi fantasque que son style vestimentaire. Il peut donc tenir un concert entier avec de très rares interventions personnelles.

Pourquoi l'homme est une légende avec un concert de 1976.

7 Y a du bon son sous la casquette

Sa voix est une merveille : éthérée et délicate, décalée avec sa silhouette d'ours pataud. Gregory Porter excelle dans les envolées soul comme dans les phrasés jazz. Il est unique et sa venue à Marseille fait partie des soirées incontournables de cette 15e édition du festival. Acteur et chanteur, il signe ses propres titres en piochant dans la grande tradition des années 60 et 70. Son dernier album Liquid Spirit a été applaudi sur tous les continents. Bref, la soirée du 23 juillet risque d'être à faire dresser les poils sur les bras.

Petit bémol : C'est un peu ridicule cette casquette à rabats, non?

Un aperçu de l'esprit rétro du garçon avec le clip de Liquid Spirit.

8 Du jazz de tous les continents

Parce qu'il faut bien que le festival justifie son nom, les programmateurs arrivent à élargir l'éventail des invités bien au-delà des côtes Est et Ouest des USA. La mouture 2014 offre quelques belles perles intercontinentales avec le duo Roberto Fonseca/Fatoumata Diawara par exemple le 22 juillet, le pianiste brésilien Sergio Mendes le 20 juillet ou le trompettiste libanais Ibrahim Maalouf le 25 juillet. 

Petit bémol : Toujours rien du côté océanien, cela frise la xénophobie à la fin…

Un aperçu du duo cubano/africain :

9 Du jazz français monsieur !

Il y a du bon jazz sous nos contrées et le festival des cinq continents ne fait pas l'impasse sur cette vérité première. Outre Christophe Leloil pour la soirée d'ouverture, cette session permet de goûter à la trompette du toulonnais Stéphane Belmondo qui accompagne Jacky Terrasson le 24 juillet. On peut également découvrir la version french touch avec Electro Deluxe le 19 juillet. Enfin, Ibrahim Maalouf a offert sa carte blanche à quelques grands noms de par chez nous avec Thomas Dutronc, Vincent Ségal ou Frédéric Legnini, Michel Portal (si, si) et Asa…

Petit bémol : Ibrahim a trop d'amis. Ils n'auront jamais le temps de jouer.

Ibrahim Maalouf aux Victoires de la musique (s'il y avait quelque chose à sauver de cette soirée):

10 Paie ton selfie avec des stars

Une fois les grilles du parc refermées, la soirée ne s'arrête pas là. Sur la rive droite du Vieux-Port, l'hôtel Blue Radisson offre des afters avec quelques belles pointures du jazz local dont le pianiste Cyril Benhamou, Thierry Mauci ou Marion Rampal. Quel que soit leur âge, il n'est pas rares que ces jam sessions voient débarquer de grands noms tout juste descendus de scène pour des sets endiablés jusqu'à 3 heures et plus.

Dernier bémol en forme de conseil : Evitez les selfies. Savourez.

Un aperçu en 2012.

 

 

Ultime bémol : Pour ceux qui ont vraiment suivi et sont arrivés jusqu'ici, ce papier ne compte que neuf bonnes raisons d'aller à Longchamp. A vous de trouver la dernière.

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Commentaires

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  1. Santamanza Santamanza

    Peut-être tout simplement aller écouter du bon jazz dans un endroit splendide…pour moi la 10 eme raison, le bémol serait la pluie .
    Monsieur Benoît Gilles bonsoir

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  2. Jazzman Jazzman

    Le 10eme bemol : ça ne vaut pas le festival de juan les pins ! Pour info hier à juan c etait juste l enormissime STEVIE WONDER ! Et il y a quelques jours une soirée incroyable avec Manu Katche, Stefano Di Battista, Eric Legnini et Richard Bona ! Puis Chick Corea en duo avec Stanley clark !
    Et 11eme bemol : longchamp c est sympathique comme endroit ! Mais incomparable avec la pinde de juan située juste devant la mer et les iles de lerins comme toile de fond !! L’endroit préféré des artistes du jazz !

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  3. Anonyme Anonyme

    c’est gratuit pour les enfants jusqu’à 12 ou 16 ans, je ne sais plus… c’est une bonne 10e raison, non ?

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  4. ART TATUM ART TATUM

    Bémol : c’est pas le Festival qui a fait venir les Lounge Lizards à Marseille Proposition : il n’est pas trop tard pour se rattraper avec un petit concert d’Arto Lindsay par exemple… A ce soir les amis !

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  5. YOUZOO YOUZOO

    ET SI LA 10° RAISON ETAIT TOUT SIMPLEMENT JEFF BECK, MAIS CERTAINEMENT
    PAS UN BEMOL. CURIEUX PAS UN MOT SUR SA PARTICIPATION AU FESTIVAL.
    POURTANT SUR L’AFFICHE, SON NOM EST TOUT EN HAUT A GAUCHE. ALORS
    S’AGIT-IL D’UNE ERREUR D’IMPRIMERIE, D’UNE DEPROGRAMMATION DE
    DERNIERE MINUTE OU UN SIMPLE OUBLI DE MONSIEUR B.G. ( LE SIGNATAIRE
    DE L’ARTICLE ) ?????? JE SERAIS PERSONNELLEMENT TRES DEçU PAR SON
    ABSENCE. BON FESTOF A TOUS !!!!!!!!!

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  6. Citoyende L'Estaque Citoyende L'Estaque

    Un grand merci à Benoit Gilles pour ce petit bémol de bonheur cuivré en rappelant True sorry.
    Distillez-nous ce brin de culture qui échappe malheureusement à trop de citoyens…
    Bonsoir.

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  7. Allo Allo

    L’allusion au petit pic d’ozone, très drôle. Eh oui…

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  8. cinetika cinetika

    autre bémol pour changer…la rtm qui fait encore des siennes et qui ferme le métro 2 tous les soirs cette semaine à 21h….pratique

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  9. anonyme anonyme

    10eme bonne raison : Le personnel d’accueil est génial (oui, c’est très objectif puisque j’y travaille) !

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  10. Brigittedu13 Brigittedu13

    Quelle déception des concerts de hier soir (dimanche 20 juillet). Service minimum, voix trop fortes, morceaux pas tous cohérents. Partie avant la fin même si je peux écouter les concerts depuis mon appartement en face. Vendredi géniale Cécile Mc Lorin et samedi ossi. Mais hier, c’était l’arnaque.

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  11. lucide lucide

    Une grande partie du public potentiel a plus de 50 balais (de batterie) , le cul par terre à ce tarif ça le fait moyen.

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  12. 0658090782 0658090782

    Bonjour je cherche deux places pour samedi, mon numéro est mon pseudo! Pour ceux qui y sont déjà aller, pensez vous qu’il y ait un moyen de rentrer gratuit?? Lol on ait jamais…

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