Deux milliards d’euros, la vraie facture de la rénovation des écoles marseillaises

Décryptage
le 10 Fév 2023
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Des écoles en plus, des missions plus larges et une inflation hors normes : le contrat avec la société publique des écoles de Marseille, présenté au vote du conseil municipal ce vendredi, entérine une hausse du coût global de 50 %.

La cour de l
La cour de l'école élémentaire Jean-Fiolle (8e). (Photo : Violette Artaud)

La cour de l'école élémentaire Jean-Fiolle (8e). (Photo : Violette Artaud)

L’école, une priorité. La majorité municipale le clame sur tous les tons et tous les modes, depuis deux ans et demi. Ce vendredi, le conseil municipal aura l’occasion de graver ce cap dans le marbre, avec la signature d’un méga-contrat qui l’engage pour 1,57 milliard d’euros sur 35 ans. L’ambition est à la hauteur du budget consacré : la société publique des écoles marseillaises (SPDEM) aura pour mission, en l’espace de huit ans, de réhabiliter, reconstruire ou construire 188 écoles, sur 109 sites différents.

Après un long processus de recrutement de son directeur, elle devrait compter une trentaine de salariés dès cette année. Il y a peu, la Ville ne se disait encore capable de piloter qu’un à deux chantiers de construction par an… Désormais, la municipalité imagine mener en parallèle du premier volet, déjà connu, un “plan écoles 2”, avec 400 millions d’euros de rénovations plus légères sur ses 304 autres établissements.

Communication en sourdine

L’addition, deux milliards d’euros en une dizaine d’années après avoir retranché 400 millions d’euros de subventions de l’État, équivaut peu ou prou au budget global d’investissement de la Ville des dix dernières années. De ce point de vue, la communication municipale des derniers jours s’est révélée inversement proportionnelle à l’enjeu et à sa complexité. Ce mercredi, pour la traditionnelle conférence de presse d’avant-séance, le sujet n’a même pas été inclus dans les principaux points de l’ordre du jour. Avant les élus, appelés à valider le contrat ce vendredi, seuls les membres de la commission consultative des services publics locaux ont été destinataires du dossier complet, lors d’une réunion la semaine dernière. “Ça donne un peu le vertige de se dire qu’on engage 1,5 milliard sur la base d’une heure de discussions avec deux personnes qui posent des questions”, commente Pierre Robin, élu d’opposition LR.

Son groupe, celui de Martine Vassal, devrait cependant voter ces délibérations, mais avec des réserves. La principale porte sur l’envolée du coût pour la Ville par rapport à la première présentation du plan, en octobre 2021. Le chiffre martelé depuis cette époque est celui d’un plan à 1,2 milliard, sans que l’on sache toujours ce que cela incluait. Une chose est sûre, à la création de la société, en décembre 2021, il était question d’un contrat à 1,4 milliard, intérêts d’emprunt compris, dont un milliard à charge de la Ville. Un peu plus d’un an plus tard, “le coût a évolué, aussi parce que le plan écoles a évolué, et cela va continuer d’évoluer”, philosophe l’adjoint aux finances Joël Canicave (PS), qui confirme pour l’heure le point d’étape à 1,57 milliard à charge de la Ville, soit +50%.

Les redevances dues à la société publique des écoles marseillaises atteindront un pic de 72 millions d’euros TTC par an à partir de 2032, date de livraison des derniers chantiers. Source : étude de soutenabilité financière de la Ville de Marseille.

Du rab et de l’inflation

Entre temps, quatorze écoles sont venues épaissir le programme des gros travaux. L’autre écart majeur est lié à l’inflation hors normes de l’année écoulée. Les euros de 2021 sont devenus des euros de 2023, lourds de 114 millions supplémentaires. Sauf qu’en face, les 400 millions d’euros de subvention de l’État restent au même niveau. “On va leur demander de réévaluer cela, ils sont bien conscients que ce n’est pas tenable”, veut croire Joël Canicave.

Dernière ligne à l’addition, “on était partis avec des grosses rénovations et des créations, on a rajouté de la maintenance et de l’entretien”, complète l’élu. Sur ce dernier point, la communication est encore mouvante. Dans les documents remis aux conseillers municipaux, le transfert de la quasi-totalité des missions semble posé pour 26 ans. La SPDEM irait jusqu’à veiller au nettoyage des vitres, la Ville ne conservant que les contrats d’énergie, le nettoyage, le matériel pédagogique, l’informatique et les équipements de restauration scolaire. “C’est un maximum, car nous avons souhaité budgéter au plus cher dans l’étude financière. Cela sera déterminé dans chaque contrat [sept vagues sont prévues avec plusieurs dizaines d’écoles à chaque fois, ndlr], il y aura des durées classiques d’un an, de cinq ans comme avec les derniers marchés que nous venons de signer”, nuance Pierre-Marie Ganozzi, adjoint délégué au bâti scolaire.

Un PPP sans le privé

Reste que pour Pierre Robin, tous les éléments de ce scénario “rappellent furieusement” celui du partenariat public-privé (PPP) de l’ère Gaudin, combattu il y a quelques années par plusieurs cadres de la majorité actuelle, à commencer par Pierre-Marie Ganozzi. Le contrat étant, juridiquement parlant, le même. Les documents présentés au vote ce vendredi suivent d’ailleurs le même canevas que ceux de l’époque. Et ce jusqu’au modèle très mathématique de comparaison des risques qui avait été le grain de sable utilisé par les opposants pour obtenir l’annulation de la procédure par la justice. “Ceux qui font ce comparatif oublient que le dernier P ne veut pas dire la même chose. La société avec laquelle nous signons est publique, il n’y aura aucune rémunération d’actionnaires”, pose placidement Joël Canicave, président du groupe Printemps marseillais et adjoint aux finances.

Pour mener ce grand œuvre, la Ville a en effet convaincu l’État de monter une société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN). Cette présence de l’État est à l’origine de l’autre différence majeure avec le plan de l’époque : la garantie de l’État sur les emprunts, que la Banque européenne d’investissement pourrait porter en bonne partie, allègera des frais financiers déjà considérables (440 millions d’euros).

Sans “rien enlever” sur le reste

En contrepartie, la Ville ne contracte au fond qu’avec elle-même, et devra assumer les inévitables cahots du plan. Déjà, la redevance prévisionnelle qu’elle versera chaque année à la SPDEM s’élève à une cinquantaine de millions d’euros par an, “un quart de l’effort actuel d’investissement”, s’inquiète Pierre Robin. À plus long terme, la trajectoire, forcément hypothétique à cette échelle d’une trentaine d’années, table sur une stabilisation progressive de la dette à hauteur d’1,9 milliard d’euros d’ici dix ans, soit un tiers de plus qu’aujourd’hui.

En face, la collectivité s’appuie sur la validation par le ministère de l’Économie de son étude de soutenabilité budgétaire. “Et ce ne sont pas des tendres”, garantit Joël Canicave, qui assure que les scénarios présentés ne contiennent aucun renoncement sur le reste. Ils reposent pourtant sur un plafond de hausse de 2 à 3 % des dépenses de fonctionnement, dont le personnel.

“Ça passe par des efforts et de l’inventivité. La rigueur budgétaire, on la fait déjà depuis trois ans, on est proactifs pour aller chercher des moyens, la dotation de solidarité de la métropole va augmenter… On ne va absolument pas enlever quoi que ce soit au plan d’investissement”, atteste-t-il. Avec un investissement prévisionnel en hausse de 7 %, le budget 2023 de la Ville présenté lors de ce même séance confirme cette intention sur le papier.

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Commentaires

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  1. Citoyen-ne-s-de-marseille.fr Citoyen-ne-s-de-marseille.fr

    Ce ne sont pas des tendres … la bonne blague …M. Bensaid, le directeur de FIN INFRA, service du ministère des finances qui a validé le plan de soutenabilite budgétaire, est également membre du conseil d’administration de la SPEM, FIN INFRA promeut les marchés globaux, dire qu’ils ne sont pas tendres, c’est soit méconnaître le sujet, soit nous prendre pour des imbéciles…

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  2. Alceste. Alceste.

    Cela ne va pas faire baisser des impôts déjà exorbitants,pour ceux qui en payent du moins.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      C’est pas faux. Alors que laisser les écoles tomber en ruine définitivement, ce serait beaucoup moins cher.

      Pour ma part, je préfère être engagé sur 35 ans pour payer la rénovation des écoles qu’être engagé sur la même durée pour payer la rénovation d’un stade déjà rénové 15 ans plus tôt.

      Dans cette affaire, on paie surtout l’impéritie de Gaudin et de son gang, qui ont laissé un mur d’investissement se créer en ne faisant rien pendant un quart de siècle. Et on n’a pas fini de la payer, sur bien d’autres sujets.

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  3. Alceste. Alceste.

    Vous avez raison 1000 fois sur Gaudin, mais les suivants sont dans la lignée comme vendeurs de cravates à la Plaine, tous et je bien tous les chiffrages annoncées sont faux.Soit ils ne savent pas compter et ils n’ont rien à faire aux responsabilités ou bien cela est volontaire et cela est grave.
    Je vous laisse le choix.

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      C’est toujours comme cela . On annonce un montant “raisonnable” avec des chiffres derrière la virgule ce qui prouve bien qu’il y a eu une étude . Ensuite on affine, autrement dit on fait une estimation et là surprise le montant est plus élevé , dans ce cas l’inflation est une bonne explication . Mais le pire est à venir avec la facture finale des travaux, là aussi inflation, mauvaises surprises pendant les chantier …….
      L’exemple type est celui des centrales nucléaires

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  4. Alceste. Alceste.

    Et voilà Brasiliab vous venez en quelques mots de résumer le comportement des politiques.
    Le PM s’est présenté comme différent, différent en quoi dans la pratique ?.
    Comment voulez-vous ne pas être critique voire acide son égard? .Je ne parlerai pas de PM et de FO, il vaut mieux.

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  5. Christian Christian

    L’inflation n’est qu’un facteur aggravant de cette ardoise cauchemardesque spécifique à notre ville (aucune autre grande ville de France n’a un tel problème avec ses locaux scolaires).
    Le fond de notre problème marseillais, c’est l’héritage calamiteux du règne Gaudin, dont les derniers sbires ont le culot de venir faire des critiques lors des conseils municipaux.

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