Dégradation des statues de la gare Saint-Charles : les militants décoloniaux démentent
Mardi 30 juin, des militants ont organisé une action devant les statues au pied des escaliers de la gare Saint-Charles pour dénoncer l'héritage colonial et exotique dont elles sont l'allégorie. Ils revendiquent une action symbolique, alors qu'une militante a été placée en garde à vue pour dégradations.
Dégradation des statues de la gare Saint-Charles : les militants décoloniaux démentent
L'enjeu
Depuis la mort de George Floyd aux États-Unis, la question des statues de l'histoire coloniale et esclavagiste cristallise les tensions dans plusieurs villes dont Marseille.
Le contexte
À Marseille, les statues coloniales de la gare Saint-Charles ont été les cibles de la colère des militants antiracistes.
Elles accueillent les voyageurs au pied de l’escalier de la gare Saint-Charles depuis 1925. Ces deux statues représentent une femme asiatique et une femme africaine, en partie dévêtues, ainsi que leurs enfants et des animaux, avec pour mentions “les colonies d’Afrique” et “les colonies d’Asie”. Un symbole qui suscite des colères, ravivées depuis les mobilisations qui ont suivi la mort de Georges Floyd, aux États-Unis. La question des statues de l’histoire coloniale et esclavagiste cristallise les tensions dans plusieurs villes, dont Marseille. Mardi 30 juin au soir, une “cérémonie” était organisée par des militants décoloniaux devant les statues. Contrôlée par la police peu après le rassemblement, une femme d’une trentaine d’années a été placée en garde à vue pour dégradations.
Plusieurs articles de presse ont relaté ces dégradations, que les participants démentent. Ils évoquent une action symbolique “d’emballage” par du film plastique, pour interpeller l’opinion publique.
Des dégradations antérieures ?
“La cérémonie, ce n’était que de l’emballage. Ils ont essayé de prouver que la personne interpellée avait jeté de la peinture, ce qui n’est pas le cas“, assure une militante, en précisant que la peinture était déjà présente sur les statues. Selon elle, “une vingtaine de personnes de la société civile” se sont réunies mardi soir vers 19h devant les statues pour cette “action pacifique”. “Les statues ont été dégradées mardi soir”, soutient de son côté une source policière, affirmant que “des images de vidéo-surveillance sont analysées dans le cadre de l’enquête”, sans en préciser le contenu.
Ces statues avaient déjà été la cible de bombes de peinture noire et rouge lors de la manifestation du 13 juin, comme le révèle cette vidéo publiée sur Twitter.
https://twitter.com/BurnXam/status/1271871163317305344
“Nous avons ensuite été arrêtés sur le boulevard d’Athènes par des policiers qui ont contrôlé les identités d’une dizaine de personnes. Ils ont relâché tout le monde sauf une personne”, poursuit la militante. La femme placée en garde à vue a été libérée mercredi 1er juillet au soir, sans charges retenues contre elle pour l’heure. “L’enquête se poursuit en préliminaire pour identifier les autres personnes. La garde à vue a été levée en attente de la fin de l’enquête”, nous informe le parquet.
D’après la militante citée ci-dessus, le rassemblement aurait débuté par des prises de parole avant que certaines personnes n’emballent la statue d’un film noir. “C’était un geste artistique et symbolique”, affirme-t-elle. L’action a été filmée et les vidéos postées sur Instagram. On peut y distinguer des traces de peinture et un des tags cités dans les articles de presse : “les colonisés d’Afrique niquent la France”. Impossible de dire à partir de ces vidéos s’ils étaient là avant ou ont été tagués pour l’occasion, mais la militante assure que les participants n’en sont pas à l’origine.
https://www.instagram.com/p/CCGEnrHoVAQ/?utm_source=ig_web_copy_link
“Ces statues sont offensantes pour les descendants d’immigrés. Certains ont dit qu’elles devaient être détruites, d’autres qu’elles devaient être déplacées dans un musée, certains voulaient une recontextualisation par une plaque”, détaille-t-elle, évoquant une multiplicité de points de vue au sein des participants. Manière de souligner que si l’histoire ne s’efface pas, elle mérite un débat.
Commentaires
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Il faudrait accompagner les statues d’un commentaire concis pour qu’il soit lu, indiquant la date de leur érection et les noms des commanditaires (pour leur contexte). Leur arrogance illustre bien l’arrogance de la colonisation. Effacer l’histoire n’effacera pas les stigmates que la colonisation comme l’esclavage ont laissés chez leurs victimes et la justesse de leur demande de justice. Il est un passé honteux drapé dans “liberté, égalité, fraternité” qu’il faut hélas reconnaître pour être plus vigilant sur l’effectivité de ces valeurs.
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