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Le coup de soleil de Ségolène Royal sur la rocade L2

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le 22 Mar 2016
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La L2 recevait ce lundi la ministre de l'environnement pour la pose de la "première plaque de route solaire" de France. Ségolène Royal aimerait bien faire de la rocade un site test. Mais rien n'est encore financé et surtout, les embouteillages nuisent gravement à la production d'électricité des routes du futur.

Le coup de soleil de Ségolène Royal sur la rocade L2
Le coup de soleil de Ségolène Royal sur la rocade L2

Le coup de soleil de Ségolène Royal sur la rocade L2

De scandale d’Etat à projet d’avenir, il n’y a visiblement qu’un pas. Il y a trois ans, le ministre des Transports Frédéric Cuvillier s’offusquait de ce chantier de rocade qui n’en finissait jamais. Alors que les travaux ont repris, avec une livraison cet été pour la partie Est, c’est Ségolène Royal qui faisait le déplacement ce lundi, tout sourire, pour découvrir cette autoroute urbaine. Si la ministre avait inscrit à son agenda un petit saut dans le douzième arrondissement, avant un tour en bateau au Frioul et une exposition à la Villa Méditerranée, c’était pour poser la “première plaque de la route solaire” de France.

La technologie développée permet de “coller” sur une route classique des panneaux solaires recouverts d’une couche de protection. Un kilomètre de route pourrait alors alimenter en éclairage public une ville de 5000 habitants. Dix mètres carrés de ces panneaux ont été posés sur le parking du centre d’exploitation de la rocade L2. Un premier pas devant mener à un programme de 1000 kilomètres de panneaux solaires installés sur les routes pour produire de l’électricité. On imagine déjà la L2 couverte en mode science-fiction. L’affaire s’annonce un peu plus compliquée dès que l’on sort du parking.

5 kilomètres de panneaux, 0 euro

“Une première mondiale”, “joindre l’intelligence au bon sens”, la ministre n’a pas tari d’éloges sur ces petits panneaux recouverts de granulats de verre pour supporter le passage de véhicules et leur éviter les glissades. Une annonce s’est même glissée dans ce déplacement, avec “5 millions d’euros débloqués pour le programme dans le cadre du fonds de transition énergétique”. Mais cette somme concerne en réalité un programme national et, surtout, rien ne dit que la rocade marseillaise devrait en bénéficier.

La ministre avance pourtant l’hypothèse de “cinq kilomètres” recouverts sur la L2. Mais rien de tout cela n’a été évalué pour l’heure. “Pas encore”, corrige la ministre. Du côté du constructeur, on se fait plus prudent. “Il faut que l’on choisisse le site où cet équipement sera le plus performant, tempère Pierre Calvin, le directeur commercial et marketing de la société qui développe cette technique. Ces panneaux pourront permettre par exemple d’éclairer les tunnels. Il y a différents critères à prendre en compte, l’ensoleillement bien sûr, l’absence d’arbres, mais aussi le trafic. En cas d’embouteillage, la rentabilité n’est pas bonne”. Dans ses prévisions, la SRL2 imagine un trafic de “13 500 véhicules par heure en 2020 (L2 > A7 sud) et 10 250 véhicules par heure dans le sens inverse (A7 sud > L2), avec un pourcentage de poids-lourds d’environ 4%”. Quelques bouchons sont donc à craindre aux heures de pointe. Ainsi, plutôt que la route elle même, cela pourrait être sur la bande d’arrêt d’urgence ou sur les parkings que les panneaux seraient installés pour être les plus efficaces.

 

Une filiale de Bouygues

S’il y en a bien un que l’annonce de la ministre réjouit, c’est le constructeur de ces panneaux solaires encore au stade d’expérimentation : Colas, “leader mondial de la construction de routes” et filiale de Bouygues depuis 1985. Or, c’est cette société de BTP avec laquelle l’Etat a signé un partenariat public privé pour réaliser la rocade L2. L’opération de communication arrange donc les deux partenaires même si la technique révolutionnaire ne sortira peut-être jamais du parking.

Autre question : comment pourrait être posé ces 5 kilomètres de panneaux alors que la première tranche de la rocade doit être livrée cet été ? Ces panneaux, s’ils étaient financés, ne concerneraient alors probablement que la seconde tranche encore en travaux. Cette histoire de panneaux solaires est venue s’ajouter à la dernière minute à un chantier sans fin.“En venant ici, c’est le choix d’un territoire à l’avant-garde”, justifie Ségolène Royal. La ministre parle bien de la L2, un projet pensé il y a plus de 40 ans. Une manière de réécrire l’histoire de ce demi périphérique ou de la repeindre en vert.

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Commentaires

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  1. Jean Luc Jean Luc

    OUF ! tant que notre chère Ségolène ne nous propose pas de faire rouler ses très chères voitures électriques grace à ces plaques-bidules solaires, nous aurons évité le greenwashing 2 en 1….On a vraiment eu chaud en ce jour de mars…pas très sérieux quelques mois après la COP21.

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  2. CAN. CAN.

    Et pourtant l’innovation au services des riverains et des marseillais est à portée de main.
    Chaussée innovante ?
    Réduction du bruit à la source par l’emploi de l’enrobé de chaussée le plus performant commercialisé par COLAS, le Nanosoft (Une cagnotte de 10 millions d’euros est disponible pour en extraire les 500 000 € nécessaires et ce pour l’amélioration de la vie des riverains des 9 km de la L2 et au delà de tous les marseillais vivant en hauteur de la L2

    Traitement de l’air pollué ?
    Réduction de la pollution de l’air canalisée dans les tunnels (Plan de Protection de l’Atmosphère 13) par le développement de l’expérimentation Biotair présentée par l’ADEME

    Permettre de se déplacer autrement qu’en voiture ?
    Donner du sens au développement des Transports Collectifs avec une voie dédiée sur la L2 et une voie de déplacement Vélo et piétons continue (Projet de Loi de Finances 2016, Plan de Déplacement Urbain, Schéma Directeur …)

    Notre Ministre serait bien inspiré d’employer l’essentiel de son énergie à faire respecter les engagements pris par les multiples plans d’actions auprès des marseillais et puis cela fait, pourquoi pas agir pour la recherche.
    Il semblerait que Dalida ait été prise au pied de la lettre. “Parole, parole, parole …”

    Collectif Anti Nuisances L2

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  3. neomars neomars

    Ca me rappelle les annonces sur le round-up, le nutella, alteo, feissenheim … on communique fort et puis pschit !
    @richard: OUI pour une piste dédiée aux modes de déplacement actifs, sur la L2 et sur le jarret … qui ne serve pas de parking !

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  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Un beau coup de pub pour Colas, mais encore beaucoup de questions en suspens, ce qui ne semble pas trop gêner une ministre de la République.

    D’abord, précisons que ce n’est pas une “première mondiale”, même si le coq gaulois aime bien monter sur ses ergots : il y a un test déjà en cours aux Pays-Bas (http://m.levif.be/actualite/environnement/pays-bas-la-route-photovoltaique-une-reussite-totale-apres-six-mois/article-normal-395561.html). Ensuite, rappelons que certains experts se demandent si la “route solaire” n’est pas l’exemple type de la fausse bonne idée, qui pourrait consommer plus d’énergie qu’elle n’en produit (https://sites.google.com/site/olivierdanielo/wattway) !

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  5. JL41 JL41

    En l’absence d’un minimum de réserves, qui peut croire que la pose de ce tapis de cellules photovoltaïques n’est pas un évènement purement publicitaire ? Et si c’était l’invention du siècle ? Colas et Bouygues qui prospèrent au niveau des marchés mondiaux se lanceraient-ils sans avoir fait de solides calculs ? D’après Colas, équiper 10 % des autoroutes mondiales suffirait à couvrir les besoins en électricité de la planète. Séduisant pour mettre au point un produit et des standards. Ségolène Royal est séduite, mais a-t-elle une compétence économique suffisante pour jouir d’un flair éclairé ? Le sauvetage coûteux et raté d’Heuliez dans sa région ne plaide pas en sa faveur.

    Un produit moins coûteux existe déjà et a imposé ses standards pour couvrir les toits. Manquerait-on de toits pour le diffuser ? La production d’électricité, complètement décentralisée, se ferait chez l’utilisateur. Avec une interconnexion légère et souterraine, avec peut-être à terme la fin des lignes aériennes et à haute tension ? Avec Bouygues et EDF, ce ne serait pas l’autogestion, mais la continuation d’un système centralisé avec ses énormes coûts de structure.

    Ces tapis de cellules devront être plus solides que les panneaux de toit ou des champs photovoltaïques. Leur revêtement de protection, ainsi que les particules de gomme et de goudrons d’échappement, obscurciront le support, qu’il faudra nettoyer. Il ne suffira pas de coller ces tapis mais il faudra noyer la connectique dans le bitume à l’abri de la pluie. Comment se comportera cette couche ajoutée aux routes entre les fortes chaleurs qui font parfois fondre le bitume et les périodes de gel ? Quels surcoûts lors de l’entretien des autoroutes et de la réparation de ces tapis ?

    D’autres sources d’énergie sont maintenant au point, comme l’éolien marin flottant. Reste l’hydraulique et pour un temps encore le nucléaire par fission, dont il faudra financer le coûteux démantèlement. On commence à croire aussi au nucléaire par fusion (Iter), dont la concurrence entre les grands pays développés hâtera l’émergence, sans doute à partir de 2020.

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    • JL41 JL41

      D’après cette vidéo et les démonstrations sur lesquelles elle s’appuie, le projet Colas-Royal est complètement déconnant : https://www.youtube.com/watch?v=obS6TUVSZds
      La production d’électricité est moitié moindre, à surface égale, qu’avec les panneaux de toit, quatre fois moindre qu’avec une installation professionnelle de type champ de panneaux solaires, et si l’on tient compte du prix, c’est six fois moins intéressant.

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  6. Trésorier Trésorier

    J’aiimerais deja qu’on couvre au maximum la L2, avec jardins, aures de jeux, filtes pour l’air pollue, PISTE CYCLABLE continue et coherente.

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