Conseil général des Bouches-du-Rhône : l'insurrection qui vient ? Ah bon, où ça ?

François Hollande a levé les yeux au ciel, incrédule, et les autres se sont mis subitement à fixer avec beaucoup d’attention les pieds de leur chaise, quand Martine Aubry a balayé d’un revers de la main la énième charge d’Arnaud Montebourg demandant la non candidature de son meilleur ennemi Guérini à la présidence du conseil général. C’était hier en fin d’après midi à Paris, au bureau national du PS, rue de Solférino. Montebourg est aussitôt reparti, sabre au clair, vers les studios du grand journal de Canal+, dire tout le bien qu’il pensait du nouveau livre « Martine et Jean-Noël », après avoir fait la Une, le matin même de La Provence. Suite à cet exploit, nos amis de l’avenue Roger Salengro vont surement décrocher de beaux et nouveaux budgets publicitaires auprès du CG13.

Tandis que, toujours à Paris, le « bn » du PS annonçait que c’était l’ancien ministre de la défense Alain Richard – pas un marrant, marrant parait-il – qui allait prendre la présidence de la commission d’enquête promise par Martine, et qui doit auditer d’ici juin la si vertueuse fédé des bouches-du rhône.

De leur côté, quelques socialistes continuaient à se démarquer de la ligne aubryste, et notamment Dominique Le Guen, porte-parole officieux de DSK, lundi matin au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 : « Il y a un malaise. Je pense que Guérini, dans l’intérêt de la gauche et dans son intérêt, doit en tirer les conséquences et doit se mettre momentanément sur le côté. » Et pour terminer la journée en beauté, on apprenait que Martine Aubry avait reçu une belle lettre signée de Daniel Lebégue, président de la branche française de l’ONG anti-corruption « Transparency International ». Daniel Lebégue, ancien patron de la Caisse des Dépôts, ancien conseiller à Matignon de Pierre Mauroy : encore un sans doute un zozo à qui Jean-Noël a dû couper une subvention….

Démocratie interne

Pendant ce temps, à Marseille, le rouleau compresseur à faire élire Guérini continuait à se mettre en place sans fléchir. Hier soir, les militants PS bucco-rodhaniens, devaient désigner leur candidat à la candidature pour la présidence du conseil général. Comme JNG était le seul candidat, forcément ça n’a pas été trop compliqué pour lui de l’emporter, avec bien naturellement un score à la nord-coréenne, avec 84,46% , selon le communiqué officiel du PS 13. Avec une participation de 60 %, qui  » témoigne de leur intérêt (des militants, ndlr) pour ce nouveau moment fort de la démocratie interne ». Ben voyons.

Et pour ceux qui n’auraient pas saisi les éléments de langage du communiqué, quelques lignes plus loin « la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône se félicite de ce nouvel exercice de démocratie interne ». Ce qui a bien fait rigoler tous les fins connaisseurs de « la démocratie interne » du PS 13 , qui savaient bien que la participation devait être sans doute largement inférieure. Dans de nombreux bureaux marseillais, par exemple, on était plutôt à moitié moins de participation. Quand à Aix, sur  95 votes, il y eu 69 blancs, et 25 pour JNG, et un pour … Staline.

Au moins ils n’ont pas perdu le sens de l’humour, les socialistes aixois. Ni la manière de s’exprimer avec tact dans le cadre de leur démocratie interne : « nous regrettons que malgré tous les talents de nos conseillers généraux, une seule candidature nous soit proposée ce soir », indique la motion d’une ligne votée à la majorité par la section. Bon, on attend avec impatience le détail des votes, bureau par bureau, que le PS va surement nous communiquer dans la journée, pour faire taire toutes ces bien malveillantes rumeurs.

Coups lisses

Enfin parti comme c’est parti, la réelection de JNG jeudi matin ressemble de plus en plus à un parcours de santé. En coulisse, tout le monde s’agite. Mais sur scène, plus personne. Seule Marie-Arlette Carlotti a osé un bien timide mais néanmoins plutôt courageux « je ne donnerai pas un blanc-seing à Jean-Noël Guérini » dans une interview donnée au JT de France 3 Provence- Alpes. Ca a dû lui faire très, très peur à JNG. Les Verts, qui n’ont aucun représentant au CG, demandant de leur côté officiellement aux communistes, qui eux en ont plusieurs, de ne pas voter pour JNG. Ca les a bien fait rire aussi.

Et puis un groupe de militants socialistes locaux « Renouveau 13« , jusqu’à présent clandestins, faisait également dans l’après-midi son outing. Là-aussi, sans doute quelques courageux militants, mais comme n’y figurent, au moins officiellement, aucun élu, et encore moins de conseillers généraux socialistes, ce n’est pas eux non plus qui vont empêcher de dormir Jean-Noël.

Et, last but not least, le putschiste présumé Michel Pezet donnait ce matin une interview incompréhensible dans La Provence, où l’on comprenait surtout que Guérini « il n’était ni pour, ni contre, bien au contraire » comme disait Coluche.

Une interview qui finissait de doucher les espoirs de ceux qui espéraient une alternative à la candidature de JNG, et qui voyaient en Pezet un éventuel recours. »Un quarteron de généraux en retraite « , comme disait De Gaulle en 1961 lors du putsch d’Alger ? Ou du billard à 8 bandes ? Réponse demain matin lors de la première plénière du CG13.