CMA CGM : Jacques Saadé à nouveau seul maître à bord

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le 28 Jan 2011
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Comme convenu, Jacques Saadé reprend le pouvoir. Il vient de laver l’affront qui lui avait été fait fin 2009 quand, à la demande de ses banques créancières, il avait dû abandonner la direction générale de son groupe au polytechnicien Philippe Soulié. Saadé n’était resté que président du conseil d’administration, laissant à Soulié la direction opérationnelle du groupe, que les banquiers avaient même fait nommer administrateur, pour tenter de lui donner un peu plus de poids. Peine perdue. Encadré par 3 directeurs généraux délégués, dont Rodolphe Saadé, fils et dauphin de Jacques, et Farid Salem, son beau-frère, le pauvre Soulié avait eu autant de facilité pour manoeuvrer que le commandant du nouveau ferry-boat dans le Vieux-Port par mistral. Pour l’occuper on l’envoya, loin du quai d’Arenc, au pays du matin calme, renégocier les livraisons et les conditions de paiement avec les chantiers navals coréeens à qui Saadé avait commandé de nombreux porte-containers géants, quelques mois avant la crise de 2008/2009, qui manqua de couler son groupe.

Pendant ce temps, et avec une pugnacité incroyable, Saadé réussit à bouter toutes les tentatives d’OPA sur son groupe. Pourtant les complots étaient partout. A Bercy, au sein même de son conseil d’administration, chez ses banquiers. Jacques Saadé était à terre. La vieille bourgeoisie marseillaise, enfin ce qu’il en reste, souriait, et son ami Jean-Claude Gaudin avait soudainement perdu son numéro de téléphone. Jean-Noël Guérini en revanche, lui apporta un gros coup de main en lui achetant cash pour quelques dizaines de millions d’euros son immeuble actuel, que la CMA loua ensuite au conseil général le temps qu’il puisse terminer de financer et de construire la tour Zaha Hadid. Quant à Muselier et Christian Frémont, ancien préfet de Paca et dir cab du président de la République, ils furent ses avocats à l’Elysée. Saadé peut aujourd’hui compter ses amis, il n’en a pas eu beaucoup à l’époque.

Et puis, après avoir beaucoup lutté, après avoir eu la chance que le commerce mondial, notamment en Asie se retourne, Macgyver Saadé s’est remis à flot, et a réussi à faire investir chez lui son partenaire dans les ports en Turquie, le groupe Yildirim, qui vient d’apporter 500 millions de dollars à l’armateur marseillais, tout en restant minoritaire au capital, et sans aucune prétention sur la gouvernance de l’entreprise.
Comme prévu, un conseil d’administration s’est réuni cet après-midi pour valider cette opération, et Jacques Saadé en a profité pour reprendre son fauteuil de directeur général, et relégué Philippe Soulié au poste de « simple » directeur général délégué, toujours au côté de son fils et de son beau-frère. Soulié perdant au passage son poste d’administrateur « o tempora o mores » (Les pirates, Astérix en Corse)

Le marseillais Pierre Bellon, grande figure du patronat national, vice-président du Medef, président fondateur de la Sodexo quitte également le board de la Cma. Poussé dehors par avoir tenté un 18 brumaire avec ses copains de l’establishment des affaires ? « o fortunatos nimium, sua si bona norint agricolas » (Les pirates, Astérix chez les bretons). A la place de Bellon et Soulié, Saadé fait rentrer l’actionnaire Robert Yildirim, et 2 autres membres indépendants, au nom des nouvelles règles de transparence des conseils d’administration, mais néanmoins très proches de Yildirim puisqu’il s’agit de ses avocats. La maison sera bien tenue.

Il reste à souhaiter à Jacques Saadé que le business mondial du trafic maritime de containers continue à bien se porter, malgré des clignotants qui commencent à s’allumer du côté de la Chine, qui se doit de freiner sa croissance afin de soigner son inflation. Et donc qui risque de devoir ralentir un peu ses exportations. Malgré l’apport de 500 millions de dollars, la dette de 4 à 5 milliards est toujours bien là, et à la prochaine tempête pas sûr que le groupe stambouliote, dix fois plus petit que l’armateur marseillais, soit de taille à le sauver une nouvelle fois.

D’autant plus que la guerre de tranchée de Jacques Saadé pour garder vaille que vaille le contrôle de son groupe a laissé des traces, notamment chez les inspecteurs des finances de Bercy. On n’entend d’ailleurs plus du tout parler de l’entrée éventuelle du fonds souverain de l’Etat français, le FSI, au capital du 3e armateur mondial. « Monsieur Saadé n’a apparemment plus besoin, de nous, on ne va pas le supplier non plus« , murmure-t-on dans les couloirs feutrés de l’institution financière. Mais en attendant, c’est jour de fête ce soir pour les Saadé qui peuvent largement savourer leur victoire. « Sic transit gloria mundi » (Les pirates, Astérix chez Rahazade)

Un lien Yildirim boucle son investissement de 500 millions USD dans Cma Cgm la dépêche Reuters

Un lien le communiqué sur le site officiel Cma Cgm

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Commentaires

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  1. ZiZoO ZiZoO

    Je trouve que M. Saadé a eu un comportement digne d’un capitaine de navire.
    En pleine tempete il a réussi a rester sur le pont et a garder la barre.
    Maintenant je lui souhaite, et ça fera du bien à toute l’économie marseillaise, de naviguer en eaux plus calmes.

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  2. jb jb

    je suis néophyte et je lis ceci:
    Jean-Noël Guérini en revanche, lui apporta un gros coup de main en lui achetant cash pour quelques dizaines de millions d’euros son immeuble actuel, que la CMA loua ensuite au conseil général le temps qu’il puisse terminer de financer et de construire la tour Zaha Hadid.

    ma question est : normale comme opération?
    le paquebot a comme vocation d’aider les capitaines d’industrie,?

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  3. DOUDOU 58 DOUDOU 58

    UN VRAI CAPITAINE QUI LAISSE SE DETRUIRE LE VRAI……… CELUI QUI TIENT LA BARRE !!!!!

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  4. tibout tibout

    au final la cma finira dans le mur ! taux de fret en baisse , la
    surcapacité, aura vite faire de plombé des compte deja dans le rouge , pas de miracle;a ‘heure de la crise mondiale , faut arreter de se prendre pour les maitres du monde et vite revenire a la reahalite economique !!!!

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