[Mon bungalow sur la Côte Bleue] Les habitués
Ils sont l'âme, l'ambiance et la mémoire d'un camping. Rencontre des estivants bien enracinés depuis plusieurs années.
Le Pascalounet. Photo Emilio Guzman.
La série
En juillet, Michel Samson a passé une semaine au camping Pascalounet, juste avant l'incendie qui a ravagé les alentours. Objectif : prendre le pouls post-confinement de cette saison touristique.
Au Pascalounet, les 120 emplacements de 70 mètres carrés “tous délimités par des haies végétales abondantes”, ont accès à l’électricité et la plupart des lieux disposent du gaz et d’une liaison Internet pour une semaine. Chalets de qualité installés sur la colline et mobil-home O’Hara voisinent avec des installations plus anciennes. Venus simplement de Marseille ou de plus loin, beaucoup d’estivants s’établissent au camping chaque année, depuis longtemps.
Irène, 83 ans, habite une caravane modeste munie d’un auvent et lit Version Femina sur son transat. Avec son mari qui était piqueur de sel à Marseille, ils passaient leurs vacances au Brusc (83) et voulaient acheter le cabanon qu’ils louaient. Las, le propriétaire n’a pas voulu leur vendre. Après quelques séjours dans le Var avec ses enfants, deux filles secrétaires et un fils sapeur-pompier – tous à la retraite – ils ont trouvé le terrain “dans ce camping des pauvres”. Son expression la fait rire ! Ils y ont installé ce logement estival pour Irène, devenue veuve. “Depuis 20 ans, je suis trois mois ici, juillet, août, septembre”, précise-t-elle. Ses enfants viennent la voir de temps en temps. Ils font les courses pour elle, qui ne sort plus jamais du camping.
“Avant je montais la colline vers la Couronne, j’adore marcher. Et un jour j’ai entendu comme un craquement, j’ai pas compris ce que c’était, depuis je ne peux plus y aller. Une fois, il y a longtemps, j’ai été au magasin du camping Mas”. Elle mange “ce qu’il y a dans le frigo” et prend de temps en temps un repas au resto du camping. “Et je termine toujours par – devinez… – par une glace à la vanille ! Toujours !” Irène écoute un peu les informations régionales sur France 3.
Du 1er avril au 30 septembre, on habitait ici, je faisais l’aller-retour tous les jours, ça nous sortait du HLM où on habitait.
Francis, retraité marseillais.
Presque en face dans l’allée, les retraités marseillais Francis et Brigitte se reposent dans le coin depuis 1992. Avant ils allaient au camping des Pins, “là en face”. Mais ils n’ont pas pu acheter une parcelle, ils se sont donc installés ici. “On paye 3000 euros par an, mais on ne peut venir que du 1er avril au 30 octobre. C’est notre cabanon”, poursuit Francis en montrant la vieille caravane et les auvents qui l’entourent : “En 2003 au camping, ils ont tout réaménagé, avant c’était sauvage”.
Quand il travaillait à Storione, le moulin industriel à l’entrée nord de Marseille, “du 1er avril au 30 septembre, on habitait ici, je faisais l’aller-retour tous les jours, ça nous sortait du HLM où on habitait.” Désormais, ils ne sortent pas beaucoup, “oui pour les courses, on va à Auchan, Lidl ou Carrefour, à Martigues ou Sausset, ça dépend.” Et Francis, le matin, va pêcher, “quand il n’y a personne”.
Une famille de militaire bavaroise
Camping des pauvres ou pas, le Pascalounet accueille aussi des étrangers. Devant une immense tente bleue, trônent cinq étranges lits métalliques, longs et verts, équipés de moustiquaires constituées d’un fin grillage vert. Arrivée de Bavière, cette famille de militaire allemand aime “dormir en plein air” m’explique madame qui parle un bon français et vient faire sa vaisselle dans les sanitaires collectifs pendant que les enfants restent à table. Cela fait cinq ans qu’ils viennent ici dans ce camp “très famille”. Ils avaient essayé près de Fréjus, “mais nous préférons ici, parce que c’est plus famille justement”. Et puis c’est moins cher : “pour deux parents et trois enfants et un oncle, mon frère qui est avec nous.” D’ailleurs ils ont fait connaissance avec “eux, là-bas, dans la tente, vous voyez ?”. “Non, non ils ne sont pas allemands…”, tiennent-il à préciser.
Sur un autre emplacement, un couple avec trois petits enfants occupent un O’Hara. Monsieur est couché avec une bronchite. Sa femme Stéphania me dit qu’elle est arménienne et qu’elle est arrivée en France après son mari qui était venu en 1973. Ils vivent à Grenoble où monsieur “travaille dans le bricolage” et viennent passer une semaine au Pascalounet chaque année : “Le 25 juillet c’est l’anniversaire de mon mari, alors on vient ici.” D’autant que “les gens du camping sont très gentils.” Et qu’ils peuvent s’offrir le resto de temps en temps.
Les précédents épisodes de cette série sont à retrouver ici.
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