La bible libérale (et bidon) de Marion Maréchal-Le Pen
“Regardez l’étude de l’Ifrap, ils disent qu’on peut faire 25% d’économie”, a lâché la candidate du Front national aux régionales hier soir en marge de son grand oral à la chambre de commerce et d’industrie. Marion Maréchal-Le Pen fait ici référence à une étude du think tank libéral d’Agnès Verdier-Molinié. Celle-ci affirme que la région PACA est en mesure d’économiser 204 millions d’euros en dépenses d’investissement et 294 millions en dépenses de fonctionnement.
Le chiffre avancé par la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques résulte pourtant d’un calcul à l’emporte-pièces. “La méthodologie que nous avons employée est simple : pour chaque indicateur, […] nous avons pris le chiffre de la région la plus performante (chiffre exprimé en euros/habitant). Puis nous avons appliqué ce chiffre à la population de chaque région pour analyser les économies potentielles et sommé ces chiffres dans le cadre des régions fusionnées”, explique l’auteur de l’étude. En clair, celui-ci ne prend en compte ni les réalités locales ni les priorités politiques qui ont pu conduire à mettre l’accent dans chaque région sur l’une ou l’autre des lignes budgétaires.
Commentaires
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Un point de vue intéressant pour en savoir un peu plus sur l’Ifrap et sa patronne : http://blogs.mediapart.fr/blog/yves-faucoup/160415/agnes-verdier-molinie-une-ultra-liberale-de-choc
Pour ma part, j’apporterais bien deux petites nuances de vocabulaire dans l’article de Jean-Marie Leforestier : la méthodologie utilisée pour cette “étude” de l’Ifrap me paraît plus simpliste que “simple” ; mais c’est la marque de fabrique de ce “think tank”, ce qui m’amène à discuter le mot “think”, cette officine me paraissant plus douée pour la propagande que pour la réflexion…
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Nous marinons chacun dans un ensemble de croyances que nous ne mettons pas facilement à jour. Marsactu devrait en principe nous en offrir la possibilité grâce au pluralisme des opinions exprimées par ses lecteurs.
Regardons autour de nous et nous verrons que nos positionnements s’accommodent assez souvent de références que nous n’avons pas beaucoup approfondies, comme si nous rangions sur la commode de nos idées les trophées que nous appelons à la rescousse. Qui se recommande de Piketty ? Du monde. Qui l’a lu ? La commode a également l’étagère des références jugées horribles, comme l’Ifrap ou le Figaro, qu’on m’a déjà reproché de citer à Marsactu.
Voilà le décor planté et chacun balance ses accusations ou sa bouteille à la mer. Dans la façon de fonctionner assez molle intellectuellement que je viens de décrire, je pense qu’il est salutaire pour comprendre, de diversifier ses sources, puis de réfléchir pour sortir de nos automatismes.
L’Ifrap qui a été fondée et financée par un chef d’entreprises français qui a réussi aux Etats-Unis, relaye des analyses d’entreprises. Parler d’économie ultralibérale est un peu court. Et Mélenchon, c’est ultra quoi ?
Ce qu’on trouve à l’Ifrap, c’est aussi ce qu’il a fallu attendre longtemps avant de l’entendre. Et ça nous permet aussi de nous demander pourquoi la moitié de la population vote pour le FN. Evidemment, toute la droite va puiser à l’Ifrap. La gauche au gouvernement aussi, plus discrètement.
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De même que dans un pâté d’alouette on trouve un peu d’alouette et beaucoup de cheval, on peut aussi trouver dans les “études” de l’Ifrap quelques observations justifiées au milieu de beaucoup de caricatures.
La “méthodologie” utilisée pour chiffrer les “économies potentielles” de la Région fait partie de ces caricatures. Se revendiquer “économistes” mais publier de telles “études” révèle manque de rigueur scientifique ou aveuglement idéologique, au choix. “Qui veut trop prouver ne prouve rien.”
Si on applique la même méthode à la France, en allant chercher le pays le moins-disant pour chacune des politiques publiques, on pourra même démontrer que la démocratie, ça coûte cher : autant laisser les clés du pays à l’Ifrap, il sait ce qu’il faut faire.
Bon, je l’admets, je fais un peu dans la mauvaise foi, là…
Mais pour continuer à creuser sur l’Ifrap et ses obsessions, on peut aussi lire ceci : http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/68-reconnue-d-inutilite-publique.
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L’ifrap s’était déjà fait effectivement remarqué, notamment par ses évasives évaluations, sur le dossier SNCM si j’ai bonne mémoire. A l’époque, je ne vérifie pas aujourd’hui, l’accueil de son site indiquait ses trophées, son tableau de chasse, parmi lesquels le fait très probant d’avoir réussi à faire prévaloir l’actuel mode de gestion des hôpitaux publics (dont on connait les très mirobolants résultats pour les finances des ceusses et la santé de tout un chacun) et notamment le recrutement de directeurs venus du privé… Ici en l’espèce, si l’on pousse un peu le bouchon de leur méthodologie, choisie et assumée avec toujours le même culot, on en déduira que hollande/Valls/et débranchue ont eu vraiment tort de faire leur réforme des régions (ce dont je ne doute pas) et qu’il convenait au contraire, plutôt que de transformer les 22 régions en 13, de passer de passer de 22 régions à 1 seule, histoire de mieux coller à leurs élucubrations.
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Pour en venir au calcul de l’Ifrap, auquel Jean-Marie Leforestier a correctement réglé son compte, on ne peut évidemment valider cela. Mais ce type de déduction est plus fréquent qu’on le croie et ce n’est pas l’Ifrap qui l’a inventé. Lorsqu’on est devant un objet complexe, il permet une première approximation. Ensuite on bâtit une méthodologie et on fait un travail de fond.
Comment évaluer les économies qui pourraient être faites ? C’est trois mois de travail pour un bon bureau d’études. A ma connaissance, ce travail indépendant n’a jamais été fait en PACA. Il y a des évaluations partielles, dans lesquelles on a été juge et partie. Mais la raison principale de ce manque pour nous citoyens, c’est que l’opposition ne joue pas son rôle. C’est elle qui serait fondée à le faire, au moins pour ses électeurs, mais elle ne le fait pas. L’opposition n’est oubliée ni dans les subventions, ni dans les services rendus à ses membres, alors on ne va pas se faire la guerre. Au conseil général, ça se passait de la même façon. Et nous électeurs, nous n’avons pas en mains ce qui nous permettrait d’avoir un avis fondé, une idée des alternatives offertes à une politique régionale.
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Bonjour à tous,
Je n’imaginais pas que cette brève susciterait un tel débat mais je m’en réjouis bien entendu. Ce petit message simplement pour vous dire qu’il ne s’agissait pas là de discréditer l’Ifrap dans sa totalité. Je connais simplement le risque de voir cette étude brandie par les candidats et reprise sans distance dans les médias dans les semaines de campagne qui viennent.
L’évaluation des politiques publiques comme le dit JL41 est effectivement un exercice délicat et il convient de dire que la région fait partie des collectivités qui ont essayé d’avancer dans ce domaine . Pour ce faire, Marsactu défend une mise en ligne accrue des données publiques. Ce serait là un premier pas nécessaire. Des citoyens, journalistes, associations partis politiques… pourraient alors plus simplement s’emparer de ces données et permettre un débat démocratique plus riche.
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