Conflit d’intérêts et doutes scientifiques sur le “vaccin” contre le sida marseillais

Le professeur Erwann Loret présentait déjà ses travaux à Marsactu en 2013, mais de manière prudente. En mars 2016, ce chercheur associé au CNRS et travaillant pour Biosantech, annonce devant les micros et caméras réunis à l’hôpital La Conception qu’il est sur le point de finaliser un vaccin contre le sida. “Avec ce vaccin, on fait gagner 70 ans de trithérapie aux patients !”, lance-t-il, selon un article de StreetPress. Mais le magazine en ligne dégonfle ce qui ne semble demeurer aujourd’hui encore, qu’un effet d’annonce.

« Je ne partage pas du tout l’analyse des données présentées à Marseille. Il n’existe pas de données qui permettent de dire quoi que ce soit à ce stade, réagissait alors Jean-François Delfraissy, directeur de l’ Agence de recherche nationale contre le sida. Il regrette “des effets d’annonce extrêmement délétères qui créent de faux espoirs chez les malades.” Au-delà de la controverse des résultats par une bonne partie de la communauté scientifique, leur publication dans une revue scientifique est censée leur conférer une légitimité. Mais l’article explique que l’unique publication sur les travaux du Professeur Loret a été faite dans une revue de faible crédibilité. De plus, l’article met le doigt sur une étrange proximité entre son directeur et Biosantech, l’entreprise qui espère commercialiser le vaccin.

Si son potentiel vaccin est donc largement critiqué, Erwann Loret reste persuadé de la pertinence de ses recherches et riposte : “La communauté scientifique, l’Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale], le CNRS, l’AP-HM [Assistance Publique Hôpitaux de Marseille, dont la Conception dépend], Aides : ils sont tous tenus par les laboratoires pharmaceutiques et ceux qui ont des intérêts dans la trithérapie, ils ne veulent pas que notre vaccin voit le jour.