Aubagne : champ libre à droite pour Gazay après le désistement de Barthélémy
Contrairement à sa déclaration au soir du premier tour, la centriste Sylvia Barthélémy se retire de la course à la mairie sans donner de consigne de vote. Elle laisse le champ libre au maire sortant Gérard Gazay qui affronte une gauche unie.
Gérard Gazay, au moment des élections municipales en 2020. Photo : Margaïd Quioc
L'enjeu
L'élection se jouera entre le maire sortant LR, Gérard Gazay et une gauche rassemblée derrière la communiste Magali Giovannangeli, qui espère regagner la mairie perdue en 2014
Le contexte
Après avoir d'abord annoncé qu'elle maintenait sa candidature, Sylvia Barthélémy (UDI) arrivée troisième au premier tour, décide finalement de se retirer de la course à la mairie.
“Le moment est important et je veux peser mes mots.” Visiblement émue, Sylvia Barthélémy tient entre ses mains les six pages du discours qui met un terme à sa campagne pour devenir maire d’Aubagne. “En accord avec la majorité de mes colistiers, je retire notre liste et nous ne serons pas présents au second tour.”
La scène est étrange. Car l’ex-candidate n’est pas debout derrière un pupitre, comme ce genre de déclaration solennelle l’impose souvent, mais assise au bout d’une table. Et pour tout public, elle n’a que deux journalistes, dont Marsactu, convoquées dans son bureau de présidente du conseil de territoire du pays d’Aubagne et de l’Étoile. Nécessité imposée par la pandémie de Covid-19 ? “Nous souhaitions que les choses soient claires avant mardi, date de dépôt des listes”, explique Sylvia Barthélémy.
Au soir du premier tour, le 15 mars dernier, la candidate UDI, soutenue par LREM est arrivée en troisième position avec 11,76% des voix, très en dessous des 17,41% obtenus en 2014. Elle est largement distancée par la liste de gauche menée par Magali Giovannangeli (24,11%) et surtout par son ancien co-listier et maire sortant LR Gérard Gazay, sorti des urnes en tête avec 35,25% des suffrages. Le RN de Joëlle Melin obtenait 10,45%.
Contrairement à 2014 où l’union Gazay/Barthélémy au second tour avait permis de mettre fin à 49 ans de communisme municipal, Sylvia Barthélémy annonce dans la foulée de ce premier tour sa volonté de se maintenir malgré son score décevant. Le scénario d’une quadrangulaire avec une droite divisée laisse alors entrevoir la possibilité d’une victoire pour la gauche, après le ralliement à Magali Giovannangeli de la liste Europe-Ecologie-les-Verts (8,74%).
Le retour du clivage gauche/droite
En retirant sa candidature, à l’issue d’un confinement qui a été pour Sylvia Barthélémy “une période de réflexion qui amène à plus de maturité”, l’ex-candidate UDI redonne de l’espoir au maire sortant. Les réserves de voix du RN étant faibles, la bataille se jouera donc finalement sur un classique clivage gauche/droite.
“LREM ne s’associe pas au retrait de la liste”, a réagi dans un communiqué le colistier de Barthélémy Patrice Galvan, faisant part de sa “grande consternation”. “« Pour Aubagne » constituait la seule proposition contre les populismes de droite ou de gauche qui sont proposés à nos citoyens”, ajoute-t-il.
La tête de liste de Rassemblé·e·s pour Aubagne, Magali Giovannangeli, prend acte avec “étonnement” de la décision de la cheffe de file UDI, et croit toujours à ses chances. “Bien sûr, une triangulaire, si on regarde les chiffres, peut être pénalisante pour nous. Mais est-ce que l’image du soir du premier tour, après deux mois de confinement est toujours valide?”, s’interroge-t-elle, rappelant un taux d’abstention record de 61,73%.
La candidate de la gauche veut croire que les électeurs de Sylvia Barthélémy préféreront sa liste à celle de Gérard Gazay. “Nous avons des points communs dans nos programmes, comme la restauration scolaire ou la réhabilitation de la piscine du Bras d’Or. Pendant le confinement nous avons porté ensemble, en tant que membres de l’opposition, des propositions pour faire face à la crise du coronavirus.”
Mais ce qui unissait avant tout les deux candidates, c’est l’opposition au maire sortant, et sa gestion de la ville qualifiée de “monarchique” par Giovannangeli, et d‘”autoritaire” par Barthélémy. “Si Gérard Gazay a volontiers partagé la victoire, il n’a jamais supporté de partager le pouvoir, assure l’ex-candidate UDI. Il a entretenu avec moi des liens délibérément conflictuels, comme avec beaucoup d’autres d’ailleurs.” Sylvia Barthélémy fait pourtant mine de renvoyer les deux candidats dos à dos et ne donne pas de consigne de vote. “Je ne veux pas servir de variable d’ajustement pour la victoire de l’un ou de l’autre.”
Alors que les règles de distanciation physique obligent les candidats à trouver de nouveaux moyens de faire campagne, Gérard Gazay, lui, n’a plus actualisé sa page Facebook de candidat depuis le 6 avril dernier se concentrant sur sa communication en tant que maire.
Quelques heures après l’annonce du retrait de Sylvia Barthélémy, il publiait sur les réseaux une photo en compagnie de Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille et à sa propre succession à la présidence de la Métropole. Également conseillère départementale, Sylvia Barthélémy croise régulièrement Martine Vassal dans les couloirs du bateau bleu. “Nous n’avons jamais parlé de mon éventuel retrait, assure-t-elle, elle m’a laissée totalement libre”. Sylvia Barthélémy dément également toute pression de la part de Gérard Gazay. Aubagne fournissant cinq potentiels électeurs à la présidence de la métropole, la droite métropolitaine n’avait en tout cas aucun intérêt à voir la ville rebasculer à gauche à cause d’une division locale.
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