Au tribunal, les voisins du stand de tir des Trois-Lucs dénoncent un vacarme quotidien
Des riverains de ce quartier de l'Est marseillais demandent à la justice la suspension de l'activité du stand de tir, à l'origine de nombreuses nuisances. En plus du bruit qui va croissant, plusieurs d'entre eux ont retrouvé des balles dans leurs jardins. Leur cas était audiencé ce lundi 17 juin.
Le stand des tirs des Trois-lucs, à ciel ouvert depuis 1976. (Photo : RM)
Après quatre renvois étalés sur plus de deux mois, l’audience qui opposait les riverains du stand de tir des Trois-Lucs (12e arrondissement) contre la Ligue de tir de Provence se tenait ce lundi 17 juin. Réunis en collectif, les riverains demandent depuis des mois la suspension de l’activité du stand de tir, du fait de la configuration de l’équipement à ciel ouvert. Ils multiplient les procédures sur tous les fronts, alertent la presse et dénoncent “une omerta” des pouvoirs publics. C’est ce qui motive leur recours qui arrive enfin à l’audience après plusieurs reports. “Les riverains sont opposés aux conditions actuelles de fonctionnement du stand de tir qui mettent leur sécurité en jeu, pose leur avocate Isabelle Vergnoux. Il faut une décision”.
“Quand on est dans notre maison, on entend des tirs, soudains, brutaux, sept jours sur sept, sans répit”, témoigne Hélène Carruelle. “On reçoit des balles dans nos jardins”, ajoute Jocelyne Bufi, présidente du comité de défense des riverains du stand de tir des Trois-Lucs. Sept habitants ont déjà déposé plainte auprès du parquet et de la police nationale. Parmi eux, Robert Vassal, qui en février 2024, a constaté l’impact d’une balle pile entre les deux fenêtres de sa maison. Cédric Balestrieri, qui vit à moins de 350 mètres du club de tir, a pour sa part trouvé “une balle écrasée”, sur le sol en jardinant, samedi 15 juin dernier. Excédés, en permanence sur le qui-vive, ils disent vivre confinés, fenêtres et volets fermés. L’audience de ce 17 juin était donc très attendue.
Une homologation qui date des années 70
Peu après 15 heures, dans une salle presque vide et en présence des dix habitants et adhérents du comité de défense des riverains du stand des Trois-Lucs, l’audience démarre. “Il faut être sage”, chuchote Isabelle Vergnoux aux habitants remontés. Confiante, elle fait face à une partie adverse composée de trois avocats, dont Éric Villain, représentant de la Ligue de tir de Provence et Cyril de Cazalet, représentant de la Fédération française de tir. Les débats portent sur les analyses acoustiques et balistiques de l’équipement. “Depuis sa création, dans les années 70, le quartier des Trois-Lucs s’est urbanisé, souligne Louis Ribière le troisième avocat. Or, l’homologation du stand de tir date de l’époque et n’a pas été réévaluée depuis“. À cela, l’avocate des plaignants rétorque que le site aurait dû être “sanctuarisé” en laissant des terrains libres de toute occupation autour du site.
Mais, tous ces aménagements, arguent les défenseurs du stand de tir, ne relèvent pas de la responsabilité de l’association, mais du propriétaire : la Ville de Marseille. “La Ligue de tir est victime de l’inertie de la ville”, assène Louis Ribière. Le 20 décembre dernier, la collectivité a renouvelé sa convention avec la Ligue régionale de tir de Provence pour un an. Lors de ce vote, il n’est fait nulle mention de travaux de mise aux normes réclamés par les riverains.
Si l’avocate des riverains partage le même constat d’un manque de “courage politique de la mairie de Marseille, elle voit dans la défense de l’association une stratégie d’évitement. Tout en maintenant : la Ville doit “arrêter l’activité du stand de tir” le temps que la question des nuisances soit réglée.
La théorie des pies voleuses de balles
En défense, les avocats des tireurs utilisent tous les arguments possibles. Ainsi, à propos des balles perdues, ils mettent en avant la piste inattendue des oiseaux. “Les balles pourraient avoir été déposées par des pies. La cartouche est composée d’une partie métallique qui attise la curiosité de ces volatiles, collectionneurs d’objets brillants”. Dans le public, un riverain laisse échapper un rire franc.
“C’est n’importe quoi !”, peste l’un de ses voisins au cours de la plaidoirie de la défense. “Ils se trompent de balle et de maison !”, ajoute un autre, sous le regard sourcilleux de la magistrate. Isabelle Vergnoux rappelle néanmoins, en conclusion, que les riverains n’ont pas pour volonté de faire cesser l’activité du club de tir, mais simplement le souhait “d’une activité en cohérence avec la vie locale.”. Au sein même d’un environnement urbanisé, avec des dizaines d’habitations tout autour, l’avocate fait le constat que “dans la 2ᵉ plus grande ville de France, on ne peut pas avoir de stand de tir ouvert” aux quatre vents.
En sortant du tribunal, les riverains se réunissent autour de leur avocate, Isabelle Vergnoux, dans l’attente de ses commentaires. “Les avocats de la partie adverse n’ont pas grand-chose à dire. C’est une décision courageuse à prendre pour un magistrat unique”, espère-t-elle en réponse à leurs questions. Le délibéré est prévu pour le 22 juillet 2024.
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