Au collectif des quartiers populaires, "on assume notre rôle de contre-pouvoir"
Au collectif des quartiers populaires, "on assume notre rôle de contre-pouvoir"
Il ne fait pas partie des invités, mais il s'incrustera volontiers dans un article qui doit rendre compte de la conférence de presse du collectif des quartiers populaires de Marseille organisé le 3 décembre, pour exposer leurs 101 propositions pour ces mêmes quartiers. Il est apparemment jeune, coiffé d'une capuche et le visage couvert par une écharpe. Le froid ? Les caméras ? On ne saura pas. Un peu nerveux de voir tant de monde défiler pour rejoindre le local de l'association Schebba, cité des Flamants (14e), ce jeune homme est guetteur pour le réseau de drogue local. Cela ne l'empêche pas d'indiquer poliment où se trouve la conférence de presse.
A quelques mètres à droite au-dessus de cette image d'Epinal, il est justement question de réseau dans la salle pleine à craquer. Les nombreux reporters présents ne peuvent pas faire le détail des propositions qui concernent tous les secteurs, de l'emploi à la santé, en passant par les transports, la démocratie, la culture… "Vous n'auriez pas un ou deux points prioritaires ?", tente une journaliste radio. Habitant des Flamants et membre du collectif, Mohamed Bensaada prend la parole. "Pour nous, la première des urgences est le relogement des mamans qui ont été touchées par les morts violentes. Et quand je parle des mères, il s'agit souvent de toute la famille". Ces propos, il les tiendra à nouveau sur le plateau de Marsactu.
"Nous sommes en relation directe avec la préfecture pour faire avancer les dossiers de relogement d'urgence de familles qui sont menacées. Au-delà de tout ce qui est écrit, il faut le régler avant toute discussion sur le reste". Cette préoccupation est la même qui anime l'association du 1er juin, menée par Yamina Benchenni. Entre autres points de dissension, c'était d'ailleurs cette question du "compassionnel" repris par toute la presse qui avait amené une scission et la création du collectif des quartiers populaires. "Nous sommes une mutation du mouvement qui a amené la grande manifestation du 1er juin, précise Karima Berriche. D'emblée, il était prévu que le mouvement se transforme en collectif notamment via la création de comités locaux. C'est ce que nous avons décidé de faire". Cette dimension de construction collective n'intéresse pas tous les médias présents. Certains reporters tentent d'obtenir des témoignages de mères de famille menacées. Mais elles sont plus que rétives à l'idée d'être une nouvelle fois mises en avant dans la presse.
Dans un joyeux charivari, chaque membre défend sa priorité. Une jeune femme de la cité Félix Pyat défend l'emploi des jeunes. Une autre insiste sur le logement. Membre de la commission santé, Yazid Attalah défend le travail déjà fait sur ce secteur. "Il y a une vraie discrimination dans l'accès aux soins, dans la prévention et le dépistage. Nous sommes déjà en train de discuter avec l'Agence régionale de santé. Il y a un projet de nouveaux scanners à disposition de la population à la fois à l'hôpital Nord et du côté de l'hôpital européen".
"Une révolution mentale dans la tête des décideurs"
Cette démarche pragmatique est au coeur de la démarche du collectif. Ainsi le document distribué présente des propositions qui peuvent être mises en oeuvre à court, moyen et long terme. "Ce que nous voulons engager c'est une révolution mentale dans la tête des décideurs, insiste Mohamed Bensaada sur notre plateau. "Nos propositions constituent un instrument de dialogue, une interface de négociation". En cela, leur travail entre en résonance avec l'étude réalisée par Mohammed Mechmache et Marie-Hélène Bacqué, remise au ministre de la ville pendant l'été qui veut renouveler les relations avec les habitants dans l'élaboration des projets urbains. "Nous, on assume notre rôle de contre-pouvoir. On ne peut plus choisir pour les gens leur vie jusque dans les détails les plus intimes".
Cette revendication commence à être entendue puisque les quartiers du grand Saint-Barthélémy et de Saint-Mauront ont été choisis comme lieu d'expérimentation des "tables de quartier" inspirées du modèle québécois et repris par le rapport remis à François Lamy.
Ci-dessous les 101 propositions :
Commentaires
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Beau travail pour la démocratie,la citoyenneté et pour l’égalité des droits.
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Enfin une initiative positive .Bravo à tous il y a un vrai réservoir de talent et de personnes responsables dans nos quartiers .Que nos politiques puissent s en inspirer de cette démarche eux qui sont si mauvais
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