Au centre de rétention du Canet, 2 étrangers sur 3 retenus pour rien
Au centre de rétention du Canet, 2 étrangers sur 3 retenus pour rien
C’est une petite bombe qu’a lâchée la Cimade dans son dernier rapport sur le centre de rétention administrative du Canet. A Marseille, deux étrangers sur trois sont retenus mais ne sont jamais expulsés. Ce qui représente 1696 personnes enfermées, pour une durée pouvant aller jusqu’à 32 jours… pour rien.
Sophie Bru a participé au volet marseillais de l’enquête 2009. Selon elle, un taux d’expulsions aussi bas n’avait jamais été enregistré en 25 ans de rapports. Elle essaie d’expliquer ces « ratés » de l’administration. « Ils tentent absolument de les reconduire mais ils n’y arrivent pas. Dans certains cas, ils n’obtiennent pas les laisser-passer. Dans d’autres, les juges ordonnent des remises en liberté soit au vu des conditions d’interpellations soit pour d’autres motifs comme les atteintes à la vie privée et familiale. » La militante de la Cimade y voit le symbole d’un gouvernement qui, s’il multiplie les déclarations, reste « inefficace ».
Les centaines d’étrangers sont retenus en moyenne pendant 12 jours. Mais de plus en plus, 763 en tout en 2009, restent au Canet jusqu’à la limite légale de 32 jours. « L’État justifie l’allongement ces rétentions par la lenteur des demandes de laisser-passer. Mais c’est une aberration quand on sait que 89 % des autorisations sont obtenues au bout de 17 jours ! »
La conclusion de l’enquête de la Cimade est sans appel. Pour l’association, « il y a un détournement illégitime de ce système vers une fin punitive : priver les étrangers le plus longtemps possible de leur liberté. »
Vers un durcissement avec la loi Besson
Le projet de loi Besson sur l’immigration, dont l’examen se terminait mercredi soir, conforte les inquiétudes de la Cimade. Celui-ci prévoit la prolongation à 45 jours de la durée maximale de rétention. Il fait par ailleurs passer de 2 à 5 jours le délai avant qu’un retenu ne comparaisse devant le juge des libertés et de la détention, « contre 4 pour les terroristes », ironisent les militants.
Il faudra attendre la fin 2011 pour qu’une étude puisse mesurer la portée de cette réforme. Enfin, si cette étude voit le jour. Depuis janvier, la Cimade n’est plus la seule à assurer une aide juridique dans les centres de rétention de l’Hexagone : elle doit partager les interventions avec quatre autres associations. Ce qui pourrait compliquer l’élaboration d’un rapport global. A Marseille, l’équipe de Forum réfugiés, qui prend le relais, s’est engagé à poursuivre ce travail de compte-rendu.
Pour les courageux, l’intégralité du rapport national établi par la Cimade
La Cimade édite aussi un recueil de témoignages d’intervenants en prison
Panorama de la rétention en Méditerranée sur Med’in Marseille
Les principaux points du projet de loi Besson sur Lemonde.fr
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