Après le crash des législatives, le groupe de Petel éclate au conseil municipal d’Aix

Actualité
le 17 Juil 2024
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Deux élus municipaux annoncent quitter le groupe d'opposition "Aix au coeur" sur fond de "divergences politiques". Leur départ laisse apparaître des fissures béantes entre macronistes locaux, aggravées depuis qu'Anne-Laurence Petel a choisi de se maintenir en triangulaire face au RN.

Anne-Laurence-Petel, lors de sa défaite au second tour des législatives anticipées, le juillet 2024. (Photo : M.L.)
Anne-Laurence-Petel, lors de sa défaite au second tour des législatives anticipées, le juillet 2024. (Photo : M.L.)

Anne-Laurence-Petel, lors de sa défaite au second tour des législatives anticipées, le juillet 2024. (Photo : M.L.)

“On était mal dans nos bottes. Là, moi, je me sens mieux.” Au téléphone, Béatrice Bendele et Alain Parra laissent percer leur “soulagement”. Ces colistiers d’Anne-Laurence Petel décident de quitter Aix au cœur, le groupe d’opposition, composé de neuf élus et mené depuis 2020 par l’ex-députée Renaissance au sein du conseil municipal aixois. Ils en feront l’annonce officielle en préambule de la séance, ce vendredi matin.

“Cette décision mûrit depuis plus d’un an. Jusqu’à l’année dernière, nous étions en phase, politiquement”, explique Béatrice Bendele. Mais, complète Alain Parra, “il y a eu un glissement vers la droite”. Voire une “radicalisation d’Anne-Laurence Petel” notamment “dans ses prises de positions sur Israël” qui n’ont pas été “forcément approuvées par l’ensemble du groupe”, regrettent les deux élus qui appartiennent à Territoires de progrès, l’aile gauche de la Macronie. Jointe par Marsactu, Anne-Laurence Petel, qui préside le groupe, “prend acte” de cette décision : “C’est la leur, pas celle du groupe et pas la mienne”, cadre-t-elle. “Quant à mes prises de positions, elles sont personnelles. Ce sont les miennes en tant que député avant les législatives puis d’ancienne députée après, et elles concernent la politique nationale. J’essaie de ne pas mêler les politiques nationale et locale.”

Déni

Ces deux marcheurs “de la première heure”, assurent qu’il n’y a là “aucune attaque personnelle” à l’égard de l’ancienne députée de la 14ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône, mais font état de “divergences politiques croissantes”. Surtout, appuie Béatrice Bendele, le second tour des élections législatives anticipées “a fini de [les] convaincre.” Le choix, très contesté, d’Anne-Laurence Petel de se maintenir en triangulaire, alors qu’elle était arrivée troisième au soir du premier tour, a offert sa circonscription au Rassemblement national.

“J’ai fait campagne pour elle au deuxième tour par loyauté plus que par conviction”, prolonge Alain Parra qui dit le regretter : “Je me disais : elle va se désister, elle ne va pas y aller… Je fais mon mea culpa aujourd’hui.” Tous deux jugent désormais ce choix “impardonnable”. D’autant plus, disent-ils, que “sa réaction après coup [les] a un peu déstabilisés : elle reste dans le déni, il n’y a pas de prise de conscience”. À l’inverse, la députée battue, réaffirme qu’elle a agi “en conscience”, en prenant “[ses] responsabilités” et que ce choix “ne concerne en rien les élus d’Aix au cœur”. Philippe Klein, deuxième sur la liste derrière elle aux municipales et membre du parti Horizons, siège toujours à ses côtés. Il déplore toutefois “les conséquences de cette décision”

Trois élus pour faire un groupe

À compter de vendredi, Béatrice Bendele et Alain Parra siègeront donc tous deux de manière indépendante au conseil municipal. “Nous souhaitions créer un groupe, mais il faut être trois”, rappelle Béatrice Bendele. “Il n’est pas question de rejoindre un autre groupe”, précisent ces sociaux démocrates, un temps proches du Parti socialiste. “Nous ne voulons pas remettre en question le travail et les compétences du reste du groupe”, précise encore Alain Parra. Les deux élus assurent qu’ils vont continuer à œuvrer “à la défense des intérêts des Aixois”.

De fait, dans sa structuration, le groupe vient d’éclater.

Philippe Klein (Horizons)

Reste que ces opposants à la maire d’Aix-en-Provence, Sophie Joissains (UDI), n’auront pas voix au chapitre durant les débats municipaux, sauf à attirer une troisième personne dans leurs rangs. Bien sûr, disent-ils, ils ont contacté des élus du groupe Aix au cœur pour les inviter à les rejoindre. Au risque de fragiliser un peu plus l’opposition macroniste aixoise. “Mais, de fait, dans sa structuration, le groupe vient d’éclater”, pose de son côté Philippe Klein. Anne-Laurence Petel n’est pas du même avis. Le groupe n’est pas menacé d’émiettement à ses yeux : “Notre groupe, créé dans la dynamique d’En marche en 2017, est transpartisan. Sa porte reste ouverte.” L’ex-parlementaire ne l’ignore pas, si elle veut continuer à exister sur l’échiquier politique local, elle va devoir se montrer capable de conserver ses troupes autour d’elle.

Les raisons de l’échec

Mais rien n’est moins sûr. Cette crise “attriste” Philippe Klein et il cherche à en sonder les motifs, quitte à remuer le couteau dans la plaie : “Il faut trouver les raisons de cet échec, car échec il y a. C’est l’échec du groupe et de son fonctionnement”. Comme Béatrice Bendele et Alain Parra, Philippe Klein s’interroge sur la verticalité et le manque de collégialité interne d’Aix au cœur. “À partir du moment où l’on prend des positions clivantes, elles peuvent créer des oppositions. On ne peut pas avoir des choix et des avis tranchés et attendre que tout le monde suive” pique-t-il.

Et l’air de rien, Philippe Klein se pose, lui, en “rassembleur”, en “fédérateur”, tandis que la majorité Joissains connaît, elle aussi, des turbulences. “Les Aixois sont multiples et il faut savoir rassembler leurs sensibilités, sauf aux extrêmes”, affirme l’élu Horizons qui veut voir plus loin. A contrario, l’évocation des échéances municipales de 2026 fait grincer les dents d’Anne-Laurence Petel. “Là clairement, on n’est pas en train de se poser cette question ! Je ne fais pas de politique fiction, moi”, évacue-t-elle vertement.

S’il n’envisage pas “à ce stade” de quitter le groupe Aix au cœur, Philippe Klein s’émancipe néanmoins de la tutelle de la présidente de son groupe. “Le moment n’est pas bien choisi” pour se projeter vers 2026, assure-t-il. Mais cela ne l’empêche pas d’y penser : “Je souhaite continuer à jouer un rôle, mais il est prématuré de dire lequel. Ce sera avec un parti qui me convient. J’imposerai les valeurs qui sont les miennes et j’essaierai de trouver les moyens de les faire passer.” À Aix comme ailleurs, ces désastreuses législatives anticipées n’en finissent plus de fissurer ce qu’il reste de l’ancienne majorité présidentielle.

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Commentaires

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  1. mrmiolito mrmiolito

    Pathétique guerre picrocholine… a quand un Printemps Aixois ?

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    • Alceste. Alceste.

      Que la Bonne Mère les en préserve.

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    • RML RML

      @Alceste : heureusement la bonne mère ne se déplace pas jusqu’à Aix! Ils ont une chance.

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  2. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    Un pétard dans un pot de chambre ?

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  3. BRASILIA8 BRASILIA8

    Les rats quittent le navire en essayant de se refaire une virginité

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    • Alceste. Alceste.

      Tout petit niveau,mais alors tout petit niveau

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  4. Alceste. Alceste.

    RML , la “Bonne Mère ” à quand même une correspondante et une bonne copine à Aix ,il s’agit de Sainte Rita, la patronne des causes perdues .Et là cité du Roi René en aurait bien besoin avec un éventuel Printemps Aixois.

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  5. Nordine Bensedira Nordine Bensedira

    Leurs retraits les honores mieux vaut tard que jamais… Quand ALP s’en est fini pour elle… Elle a servi sur un plateau la législative au rn et apparemment elle n’a aucune remise en question… cela va lui coller aux baskets comme un chewing-gum

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