Voyage en Alcazarie : Bac à la bib

Billet de blog
le 9 Déc 2017
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Illustration : Ben8.
Illustration : Ben8.

Illustration : Ben8.

José Rose est sociologue et écrivain. C’est aussi un usager de l’Alcazar. Des mois durant, il s’est rendu dans la grande bibliothèque de Belsunce comme on se rend dans un pays lointain soudain si familier. Cette exploration est devenue un livre qui vient de paraître. Sur l’Agora de Marsactu, il publie en feuilleton les premiers épisodes de ce voyage.

Le compte à rebours a commencé. Comme chaque année à la même époque, voici venu le temps du bac, ce rite national annuel qui mobilise la société et fait fleurir les marronniers dans les médias. Si l’on veut franchir l’obstacle, dont d’aucuns disent qu’il n’en est plus un en oubliant tout de même au passage le tiers de chaque génération, il convient de s’y préparer. Apprendre à résister à la pression, dont celle des parents n’est pas la moindre, apprendre à savoir s’y prendre, apprendre tout simplement : cela ne s’improvise pas. On peut travailler régulièrement en faisant des plannings ou attendre le dernier moment, s’isoler ou réviser en groupe. On peut gaver les boîtes à bachot en payant à grands frais des conseils de pacotille sur la façon de faire des fiches et d’utiliser le surligneur, de gérer son temps, de manier les impasses et doser ses efforts. On peut même faire appel à un exorciste et ingurgiter je ne sais quelle potion magique à base de miel, d’amandes, de grains d’anis, de pistaches et de raisins secs, ce qui vaut bien l’huile de foie de morue de nos anciens.

Et l’on peut aussi se rendre à la médiathèque qui propose un service dédié aux lycéens de terminale, mettant à disposition des ouvrages parascolaires et des annales, organisant des ateliers de soutien, des espaces de travail spécifiques, des conférences et un accès à des sites spécialisés. L’Alcaz, c’est un endroit privilégié pour réviser, on est entourés de gens qui bossent, il n’y a pas de tentations et les vigiles sont prêts à intervenir si l’on téléphone, témoigne l’une des utilisatrices assidues.

Aujourd’hui, les voici réunis autour des longues tables de travail où gisent des piles d’AnnaBac, d’ABC du BAC et autre Objectif Bac. Classeurs, pile d’Annales, petits et gros Roberts, casque sur l’oreille, pieds nus sur la moquette, explications sur un coin de table, chuchotements, copie et recopie, regards dans le vague, petits gâteaux, feuilles volantes, éclats de rire retenus : on imagine aisément. L’un consulte l’Index des mots-clés du bac – tu sais ce que c’est une analepse ? … C’est au programme ? – l’autre La bible du bac ES, tous les outils, toutes les matières pour être prêt au jour J, un autre encore le Dictionnaire des difficultés du français (676 pages tout de même). On peut aussi cliquer sur la rubrique Sites de révision et faire le point sur les « conseils pour réussir sa composition » : bien gérer un temps limité (certes), « choisir sans hésiter le sujet en fonction de vos goûts et de vos connaissances » (ah bon !), prévoir introduction, développement et conclusion (ça alors !), se relire pour corriger les fautes dortaugraff (mince !).

La citation du jour sera empruntée à Pierre Desproges dans Fonds de tiroir : “L’évolution de la pensée pré-situationniste entre l’école hégélienne et le négativisme de l’infrastructure néo-nietzschéenne a-t-elle, consciemment ou non, influencé la carrière de Raymond Poulidor ? (sujet de baccalauréat)”».

Ce nouvel épisode du Voyage en Alcazarie est tiré de l’ouvrage Scènes de vie en bibliothèque – Voyage en Alcazarie, paru aux éditions de l’Harmattan et disponible en librairie et sur le site des éditions.

 © Editions l’Harmattan.

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