VŒUX POUR MARSEILLE
Une nouvelle année
VŒUX POUR MARSEILLE
Les vœux pour la nouvelle année ne sont pas seulement un rituel. Comme toutes les habitudes sociales, il s’agit aussi d’une façon d’exprimer un engagement, de mettre en scène une identité dans l’espace public – et, aujourd’hui, en formulant des vœux pour Marseille, de dire comment on imagine, cette année, l’avenir de la ville.
Une politique de l’environnement, de la construction et du logement
Bien sûr, on ne peut pas imaginer des vœux pour Marseille en ignorant les événements de la rue d’Aubagne. Sans doute est-ce la raison pour laquelle les premiers vœux que je formulerai pour notre ville sont pour qu’elle se dote, enfin, d’une véritable politique de l’environnement et du paysage urbain, de la construction et de l’immobilier, du logement et des quartiers. La ville a été trop longtemps soumise au marché de l’immobilier, l’environnement urbain, à Marseille, a été trop longtemps méconnu, ignoré, négligé, la construction a été trop longtemps mise en œuvre sans politique, sans approche globale de l’espace urbain. Il devient urgent que cela cesse. Pour que les drames comme celui de la rue d’Aubagne ne recommencent pas, pour qu’il n’y ait plus de morts liées à un urbanisme défaillant, il faut que la ville s’engage dans un urbanisme à la fois exigeant, ambitieux et démocratique. Pour cela, un des vœux que je formulerai ici aujourd’hui est que l’approche de l’élection municipale soit l’occasion que s’engage un véritable débat sur l’urbanisme à Marseille associant tous les acteurs concernés – et, pour commencer, les habitants de la ville. J’ajouterai, pour ma part, que les médias comme Marsactuont un rôle majeur à jouer dans l’engagement de ce débat qui pourrait être le lieu où émergeraient des idées et des projets nouveaux pour la ville et pour la métropole.
Des identités politiques renouvelées
Mais un tel débat ne peut avoir lieu de façon satisfaisante dans le paysage politique que nous connaissons aujourd’hui à Marseille. Si la politique urbaine est tellement déficiente, c’est, en grande partie, parce qu’elle est entrée dans une période de décadence des identités politiques appelées à la formuler et à la mettre en œuvre. Ce sera un autre vœu que je formulerai ici : la politique de la ville de Marseille se joue entre des acteurs et des identités politiques qui n’ont pas changé depuis les années cinquante. C’est en 1953 que G. Defferre devient maire pour plus de trente ans, et ses successeurs, R. Vigouroux, de 1986 à 1995, et Jean-Claude Gaudin depuis 1995, ne sont, finalement, que les héritiers de la politique urbaine qu’il a engagée, et qui était destinée à répondre à des exigences qui ne sont plus celles que nous connaissons aujourd’hui – à supposer, d’ailleurs, que cette politique ait même répondu à ces exigences. Il est temps que, dans la perspective des élections municipales de 2020, de nouveaux acteurs, porteurs de nouveaux projets et de nouvelles identités, s’engagent à élaborer des projets urbains pour notre temps, à imaginer un nouveau futur pour Marseille. À cet égard, sans doute le mouvement des Gilets jaunes constitue-t-il une des formes de ce renouvellement des identités politiques françaises, tant dans les logiques de leur structuration et de leur organisation que dans leurs modes de discours et de visibilité : il est présent et actif à Marseille comme dans le reste du pays.
Une ville retrouvée
C’est, finalement, l’urgence : il faut retrouver la ville que nous avons fini par perdre. Retrouver la ville, c’est faire en sorte que la politique qui la construit soit exprimée et élaborée par ses habitants mêmes. C’est aux habitants de la ville qu’il revient de formuler un véritable projet urbain pour Marseille. Une ville retrouvée, c’est une ville propre, dont les constructions soient en bon état, bien entretenues, ne s’effondrent plus et soient belles à regarder. Une ville retrouvée, c’est aussi une ville dans laquelle on puisse se déplacer sans être sans cesse agressé par des voitures qui encombrent la ville et qui la polluent. Une ville retrouvée, c’est une ville qui retrouve son histoire, son patrimoine et sa culture. Une ville retrouvée, c’est une ville qui prenne plaisir à se regarder elle-même sans avoir honte ni peur de ce qu’elle voit. Une ville retrouvée, c’est une ville d’où des habitants ne soient pas exclus, une ville qui s’engage à mettre en œuvre une véritable politique de la ville, afin que ses habitants retrouvent, enfin, une ville qui leur soit rendue. L’enjeu de l’élection municipale de 2020 est là : il faut que Marseille redevienne la cité qu’elle a été, un espace pleinement politique rendu à ses habitants qui doivent redevenir des citoyens. C’est tout l’enjeu d’un débat sur l’avenir de la ville qui fasse retrouver à ceux qui y vivent le sens de cette identité marseillaise. Un débat politique est le lieu et le moment au cours duquel les habitants de la ville, en se retrouvant eux-mêmes, en redeviennent les citoyens et les acteurs. « Marseille, debout, soulève-toi », disaient les manifestants, samedi après-midi, le 12 janvier, dans les rues de la ville : sans doute est-ce en exprimant sa protestation contre les mesures iniques prises par ceux qui nous gouvernent que Marseille va retrouver son identité politique, en exprimant, une fois de plus, son engagement. Sans doute est-ce le plus beau des vœux que nous pouvons formuler pour la ville.
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