UN NOUVEL ESPACE URBAIN

Billet de blog
le 19 Avr 2020
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Les élections municipales ont lieu demain

UN NOUVEL ESPACE URBAIN

Si, à Marseille comme partout en France et dans le monde, l’actualité est toute entière dominée par l’événement tragique de la pandémie du coronavirus, cela ne doit pas nous faire oublier que des élections municipales ont lieu cette année. Sans doute faut-il ne pas négliger de penser à cette échéance et au renouvellement de la municipalité.

 

L’élection municipale : imaginer un nouvel espace de la ville

L’élection municipale est le moment où, tous les six ans, il faut réfléchir à un nouvel espace urbain. Peut-être, cette année, en raison même du retard des élections dû à la survenue de la pandémie du coronavirus, pouvons-nous profiter de ce report pour prendre un peu de temps afin de réfléchir davantage au projet. C’est ce que nous souhaitons faire aujourd’hui et la semaine prochaine. Il ne s’agit pas de dénier l’importance de la pandémie et de la souffrance qu’elle induit, mais il s’agit seulement de ne pas perdre de vue l’échéance et de ne pas négliger le débat sur l’avenir de la ville lié à l’élection d’une nouvelle municipalité.

C’est que le rôle de la municipalité est double : il s’agit, d’une part, de diriger la ville, d’exercer un pouvoir – et, d’ailleurs, en ce sens, ce pouvoir porte aussi sur les institutions sanitaires, sur les hôpitaux et sur la politique de la santé publique – et, d’autre part, de concevoir un renouvellement de l’espace de la ville, d’imaginer ce que devrait être l’espace de la ville pour le présent et pour l’avenir.

Concevoir, ainsi, un projet pour un nouvel espace urbain, c’est articuler le bilan du passé dont l’échéance électorale annonce la sortie et le projet du futur.

 

Le temps d’un bilan : ce avec quoi la prochaine municipalité devra rompre

Il faut, d’abord, rompre avec un certain nombre de logiques qui ont dominé la politique urbaine, à Marseille, et qui ont montré leur échec. Nous retiendrons ici trois de ces orientations avec lesquelles la prochaine municipalité devra maquer une rupture.

La première est la coupure de l’espace urbain en deux aires, en deux espaces, presque en deux villes : il y a la Marseille du Nord et la Marseille du Sud. Cette coupure entre deux ensembles de quartiers qui se distinguent les uns des autres à la fois par leur économie, par les revenus de ceux qui les habitent et par les activités qui s’y déroulent contribue à la fois à la violence qui peut survenir dans l’espace de la ville, en particulier par l’émergence de véritables mafias et par des trafics obscurs qui tiennent lieu d’économie et au ralentissement de l’activité qui devrait fonder l’économie légitime de la ville et contribuer au réveil de sa prospérité mise en sommeil. Dans ces conditions, le premier impératif de la prochaine politique urbaine sera de tout faire pour en finir avec cette coupure, avec ce véritable affrontement, entre le Nord et le Sud de la ville.

La deuxième rupture qu’il faudra que la municipalité mette en œuvre est la dégradation du paysage urbain. Il s’agit, pour la prochaine municipalité, de retrouver une véritable politique de l’environnement, qui permette à la ville à la fois de retrouver une véritable propreté de l’espace, de faire retrouver à l’espace de la ville l’hygiène, la qualité de l’air et, tout simplement, la propreté par une véritable politique du nettoiement et de l’entretien des rues. Mais ce retour à une véritable qualité du paysage urbain devra aussi passer par la mise en œuvre d’une véritable politique du patrimoine architectural de la ville, à la fois par une politique de l’entretien des façades et par une politique de l’aménagement des paysages dans l’ensemble des quartiers.

Enfin, la prochaine municipalité devra engager une rupture avec une politique du logement et de l’immobilier dominée par le marché. Il faut que ce ne soit plus le marché qui gouverne la politique du logement, mais que cette politique soit désormais pleinement orientée vers la recherche d’une véritable qualité de vie pour celles et ceux qui habitent Marseille.

 

Imaginer de nouveaux usages de l’espace urbain et associer les habitants aux choix qui engagent l’espace

Pour en finir avec la dictature du marché sur l’espace de la ville, il faut permettre à l’espace urbain de fonder désormais sa valeur sur ce que Marx appelait la valeur d’usage. Cela porte, notamment, sur trois aspects de la politique de l’espace urbain. Le premier est l’engagement d’une politique des transports et des déplacements. Contrairement à ce que se figure le président de la République ou à ce qu’il veut nous faire croire, la voiture n’est pas l’avenir de la ville, elle est plutôt ce qui risque de précipiter sa dégradation. Il importe d’élaborer une véritable politique des transports en commun, car c’est dans les transports en commun que se déplacer contribue à signifier son appartenance à la ville en exerçant sa citoyenneté et en réduisant la pollution liée aux transports. Le second aspect de la politique urbaine à imaginer est une politique qui libère le logement et l’habitation de l’emprise du marché. Enfin, la prochaine municipalité devrait permettre à Marseille de retrouver de véritables espaces publics de rencontre et d’échanges qui soient, eux aussi, libérés de l’emprise du commerce et du marché, pour permettre à celles et à ceux qui vivent à Marseille d’habiter pleinement la ville avec les autres.

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