Jeudi 22 juillet 2021
Toc Toc Tokyo
Comme c’est devenu la coutume, les Jeux de la XXXIIe Olympiade ont commencé à Tokyo avant la cérémonie d’ouverture, sans crier gare...
Toc Toc Tokyo ?
Observateur chenu des Jeux olympiques (premières lueurs aperçues en 1960…), nous reprenons la chronique de nos étonnements et de nos émerveillements, commencée il y a cinq ans pour les JO de Rio et accueillie avec bienveillance par Marsactu. Si on en avait éprouvé la tentation, il va être compliqué de ramener sa science devant cette nouvelle édition, qui a toutes les mauvaises fées perchées sur les bords du berceau et ne ressemblera à rien de déjà connu.
Les Jeux ont commencé, ah bon ? Ils toquent à la porte de l’actualité, et vont tenter de se frayer un chemin en tête du cortège des informations. La pandémie, le dérèglement climatique, catastrophes, guerres et drames de tous ordres ne vont pas laisser leurs places de bonne grâce et continueront bruyamment de sévir pendant la quinzaine. C’est le rôle historique des Jeux de proposer un instant un dérivatif à la contemplation désolée des désordres du monde, mais ils semblent avoir pris du retard, même après une année supplémentaire pour préparer la trêve.
Les Japonais ne veulent plus de ces Jeux qu’ils avaient pourtant ardemment désirés, et chèrement payés. Il semble qu’il n’y aura pas grand monde dans les tribunes des stades, qu’ils soient ouverts ou fermés. Les sponsors s’en moquent un peu, surtout préoccupés par le nombre d’être humains qui jetteront un œil sur un de leurs écrans, quelle qu’en soit la taille.
Il paraît qu’il y aura quelques athlètes. On ne doute pas que la foule des arbitres sera bien là aussi, que le public absent n’enverra donc pas faire un tour aux toilettes, remarquables dans ce pays, dit-on.
Le football a eu le privilège immérité d’inaugurer les compétitions, ce qui donne déjà la nausée aux téléspectateurs gavés tout au long de l’année. Les footeux semblent d’ailleurs du même avis, puisqu’il a été extraordinairement difficile de réunir une équipe chez les Français, et que les féminines ont trouvé le moyen de ne pas se qualifier.
Réunie de bric et de broc, la sélection tricolore a reçu du Mexique la fessée que méritaient ses dirigeants, peu soucieux de l’image de leur sport et de leur pays. Par flemme, cupidité et incompétence, ils sont en train de saccager le fragile redressement obtenu après les désastres des Coupes du monde 2002 et 2010. Les présidents de clubs cherchent obstinément à « dégraisser » des effectifs achetés à crédit. Ils avaient l’occasion de faire la réclame de leurs meilleurs produits, ils l’ont laissé passer, piétinant d’entrée les chances de faire bonne impression avant les prochains JO qui se tiendront en France, faut-il le rappeler, dans trois années seulement. N’accablons pas les joueurs qui ont cru vivre une belle histoire exotique et qui vont ramasser le fiel produit par l’échec inévitable.
Le score de cette débâcle (1-4) rappelle étrangement celle que l’équipe de France olympique avait infligée au Mexique, hôte des JO de 1968. Dans un stade Azteca plein à ras bord (100 000 places), les Bleus d’alors étaient pourtant tous joueurs amateurs. Ils avaient marqué trois buts par Marc Kanyan et « Charles » Teamboueon, talentueux joueurs venus en éclaireurs de Nouvelle-Calédonie pour installer une filière dans le football tricolore. Un autre joyau de cette équipe était le Normand Daniel Horlaville, le seul amateur jamais sélectionné après-guerre dans la « vraie » équipe de France.
On rappellera aux stars dédaigneuses que Guardiola, Eto’o, Messi, Marquinhos et Neymar y ont obtenu une médaille d’or aux JO et qu’ils en sont fiers. Mais pour ça, faut-il encore y participer.
Pour profiter des avantages de l’avant-première, il y a aussi le softball, version féminine du baseball, sport chéri des Nippons bien qu’importé après guerre par leur occupant américain. Il n’est pas du tout certain que la quinzaine olympique suffise à nous en expliquer les règles. En effet, le Japon, qui a écrasé (8-1) l’Australie, est classé derrière les Etats-Unis qui n’ont battu l’Italie que 2-0. On ne sait pas comment on obtient les points au softball, mais il est apparemment plus dommageable d’en concéder que d’en marquer. Il faut essayer de voir au moins un bout de match, car le softball, quelle pitié, ne figure pas au programme des JO de Paris 2024.
Rien n’est imposé, mais vous pourriez vous relaxer un moment devant les premières épreuves d’aviron. Cette activité éternelle, venue de l’Antiquité sans arme ni agressivité, offre à notre admiration des athlètes magnifiques et silencieux. Ils s’engagent à des efforts paroxystiques dans le chuintement imperceptible de leurs esquifs fendant l’eau du bassin et le clapotis régulier des gouttes soulevées par la danse des rames. Ce sont généralement des inconnus, ils s’entraînent comme des forcenés pour le simple espoir d’effleurer une breloque. Certes, elles et ils sont souvent les enfants des beaux quartiers, promis à un avenir confortable dans leur deuxième vie d’après l’effort. On attendra encore longtemps un huit « black, blanc, beur ».
Mais les rameurs sont parmi ceux qui se sont le moins éloignés de l’idée originelle d’une compétition loyale, désintéressée et poétique. Ils nous rafraichissent.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Commentaires
0 commentaire(s)
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.